Incapable de lui dire de ne pas avoir peur pour nous deux, parce que moi-même je ne sais pas.
Comment dire, comment faire, lorsque l’on sent que l’autre n’est pas si désirable que cela, qu’un autre nous attire et nous émeut bien plus soudain ; un autre que l’on a découvert par quelques chansons, cet esprit tragi-comique… Oui, cette situation est d’un esprit tragi-comique…
Envie de pleurer dans le métro, envie de voler un baiser à Chuck, envie qu’il me regarde encore, envie de l’écouter encore jouer ses chansons aux paroles si subtiles, « des pochettes surprises miniatures », envie de lui dire, encore et encore, qu’il m’a émue.
Ecouter sur le message de Raphaël sur mon portable, entendre sa voix, et pleurer soudain, ces larmes que l’on essaye de faire sortir depuis tout à l’heure. Non, il ne mérite pas ?... Je ne sais pas si je suis en mesure de lui donner ce qu’il attend de moi, il m’aime, et moi je ne l’aime pas.
Démesure du possible, ces mots me viennent à l’esprit, je ne sais plus qui les a dit.
On rêve toujours un peu trop.
Nous sommes peut-être allés un peu trop vite, avec Raphaël. Il me semble que mon cœur se réveille, en ce moment. Pas toujours auprès de lui. Chuck était si beau, si simple et droit, tout à l’heure, au piano, nous trois dans l’amphi, ses paroles ironiques et poignantes, mille fois mieux que du Bénabar, que du Sanseverino, du Têtes Raides ou du Mickey 3D, elles seraient passées à la radio que ça ne m’aurait pas étonnée. Lui dire que j’aime beaucoup, beaucoup, tout simplement. Et lui, merci, simplement. Il sourit. Ses yeux dans les miens.
Raphaël ne m’a pas tant plu, tout à l’heure, je jouais plus avec lui qu’autre chose, il était comme un appui, un tremplin vers d’autres possibles, vers d’autres gens, qui s’appellent Chuck, Chuck, Chuck, Raphaël a été un contrepoids à la séduction que Pierre, étudiant en philo, a exercée sur moi, ou du moins a voulu, mais à laquelle je n’ai répondu qu’en jouant.
Jouer, toujours jouer. Comme dit Jude, quand poseras-tu tes valises ?... Je me découvre séductrice, terriblement, et je ne sais pas, je ne maîtrise pas. Je ne veux pas faire mal, mais je ne fais pas exprès. Peut-être le plaisir de la domination, du pouvoir, oui, il dépend de moi, moi. Le contentement égoïste, parce que je cherche, un peu, beaucoup.
Je ne sais pas si Raphaël me plaît tant que cela, tant qu’au
début, je le compare, je ne sais plus rien.
Cette tristesse, cette tristesse, oh cette tristesse que je ressens quand je pense à lui, Chuck.
Tout serait tellement plus simple, plus évident, plus heureux, si je n’étais pas avec Raphaël. Et en même temps, il m’apporte tellement, il m’aime tant, j’ai, j’avais de la tendresse profonde pour lui, un plaisir à être avec lui, plaisir de le connaître.
Mais je ne sais pas si je mérite tout ce qu’il ressent pour moi… Il m’étouffe presque avec. Il aime tant me savoir près de lui, m’avoir à lui, il a peur, pour la première fois de sa vie. Il a peur « pour nous deux », peur de me perdre.
Parfois, je le regarde, je le trouve soudain moins beau, moins… j’ai moins de désir pour lui, moins de ce désir qu’il aimerait faire naître en moi.
Putain.
Je pense à Raphaël, et je ne sens rien.
Je pense à Chuck, et j’ai comme l’impression que tout mon esprit tend vers lui, que quelque chose en moi se tord, à l’intérieur, et fait mal, et en même temps me remplit de plénitude. Triste plénitude, mélancolie douce, c’est ça.
J’ai envie de le voir.
<>Il était si beau, tout à l’heure, si beau, si beau, juste nous trois, lui, Jude, et moi. J’avais envie de lire tellement de choses dans ses yeux.Il m’a touchée.
Il s’est révélé.
Et Raphaël qui m’envoie un texto… J’ai le pouvoir de le faire changer d’humeur, dit-il, et il ne faut pas que j’oublie qu’il m’aime…
Non, je n’oublie pas.
Mais justement, c’est presque trop.
Le fait qu’il se donne entièrement à moi, corps et âme,
vraiment, me… comment dire ? Je n’ai plus la sensation de devoir le
conquérir, il est acquis, je n’ai plus rien à faire pour qu’il soit à moi. Cela
me prive presque de l’envie de le découvrir. Je sais qui il est.
Il est plein d’une multitude de choses qui me sont inconnues, encore invisibles à mes yeux. Délicieux mystère, j’aime tant cette « quête » de l’autre.
Où suis-je ?...
J’ai tenté de dire à Raphaël que Chuck m’avait bouleversée. Je ne savais pas comment lui parler, et je me suis retrouvée à… être triste auprès de l’un, par la cause de l’autre, qui m’avait émue, touchée. Par des mots masqués, à demi-mot, je révélais à Raphaël le bonheur, la tristesse qu’avaient provoqué en moi les chansons de Chuck, et surtout Chuck lui-même. Mais ça, je ne pouvais le dire. Je m’en suis cantonnée aux chansons, qui ont été l’explication de mon « coup de blues » soudain.
Je suis investie de presque trop de pouvoir auprès de Raphaël, et j’aimerais tant en avoir un tant soit peu sur Chuck. Non, pas du pouvoir… plutôt le pouvoir de le faire changer d’humeur, juste un peu, comme je le peux sur Raphaël.
Entre les deux. Entre les deux amis.
Et vendredi soir, je passe la nuit chez Raphaël.
Jusqu’à ce matin, je l’attendais assez impatiemment.
Et à présent, j’attends samedi. Jude, Raphaël, Chuck et moi avons proposé de nous voir, pour prendre un verre ensemble. J’attends.
Je vais en aveugle, guidée, onde sismographe qui s’affole.
Inspirations soudaines :
Re:
Enfin... il faut attendre, agir.
Pas facile cette situation... Ne pas savoir de qui, ni de quoi on a envie...
Ne pas vouloir faire de mal, et en même temps vouloir être "heureuse"...
Etre avec quelqu'un, et avoir envie d'être autre part... Parce que tout change, et rien n'est immobile, les envies se transforment. Et l'on se retrouve perdue, entre deux personnes, deux choix. Un peu de chemins qui méneront vers un avenir différent. C'est bizarre, un si petit choix, qui peut tenir en quelques mots, mais qui pourtant changera tellement de choses.
Oui, c'est pas facile l'avenir. Au moment où on a l'impression d'avoir trouvé ce que l'on cherchait depuis longtemps, une brindille vient se poser, l'air de rien, et vient tout chambouler. Les "plans", les semaines à venir... On hésite tout d'un coup entre deux envies, alors que tout semblait si limpide il y a quelques jours...
Raphaël, Chuck... Le passé qui s'entrechoque au présent, et peut-être même une idée du futur...
Demain, le futur... C'est parfois si clair, ou parfois tellement confus, qu'on aimerait pouvoir dire pause, stop, laissez-moi réfléchir, me poser... Faire stoper ces secondes qui défilent, et pouvoir prendre les décisions les meilleurs, en sachant vraiment ce que l'on veut...
Je suis loin d'être une spécialiste des histoires de coeur comme celle-ci, mais elle a tout de même une histoire de déjà vu... Quand on sent que les gens s'attachent, on besoin de vous plus que l'on a besoin de lui; quand les envies, et les sentiments sont si différents, alors on veut prendre de la distance, parce que l'on sent la peur monter... Peur de ne pas être à la hauteur, de faire naître des sentiments faussés...
Alors vois, vis, et essaye de prendre la bonne décision.. Parle, explique, et ne fais rien à contre coeur...
Courage, courage...
Re:
Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu autant l'impression qu'un de mes articles avait été à ce point-là compris. Ton commentaire est tellement... tellement juste. Tu as tout compris.
Mine de rien, ça me réconforte. C'est vraiment un des commentaires les plus "pensés" que j'ai eu jusqu'ici. Il y en eu d'autres, oui, mais celui-ci, je ne sais pas pourquoi, me marque particulièrement. Peut-être parce que je suis en situation assez... instable, dirai-je, même si ça va mieux, un peu.
Donc, je me répète, une fois de plus : merci.
kailiana