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Murmure-moi tout à l'oreille, j'écouterai encore et encore...

Je souris doucement pour moi-même... et pour lui, aussi... et pour tous ces gens qui me rendent heureuse...

Est-ce que, est-ce que vous croyez que c'est lorsqu'on s'aperçoit qu'il nous manque, de plus en plus, que l'on est tout triste parce que le dernier coup de fil était étrange, presque distant, que l'on est complètement euphorique parce qu'il nous rappelle une heure après "pour souhaiter bonne nuit", et qu' il s'explique en disant qu'on l'a agacé, mais qu'après tout il s'en fout, qu'il est bien avec nous, donc que ce n'est pas grave, qu'on lui manque terriblement,
eh bien, est-ce que vous croyez que lorsqu'il y a tout ça, et plein d'autres choses, c'est qu'on tombe amoureux peu à peu?...

Lorsque l'on a peur lorsqu'il nous dit, pour rire ou pas (on ne sait toujours pas) qu'il va se raser la tête parce qu'il en a marre de ses cheveux pétard,
Lorsqu'on a comme un vide à l'idée de passer encore cinq jours sans le voir,
Lorsque l'on se fout complètement du film génial qu'on est en train de voir, et qu'on a qu'une envie, c'est l'appeler,
Lorsqu'en voyant sa photo, on se sent toute heureuse,
Lorsqu'en jouant avec la bague qu'il nous a offerte, on se met à penser à lui longtemps, longtemps,
Lorsqu'en frissonnant de joie profonde, à l'idée qu'il nous effleure, la prochaine fois que l'on se reverra,

est-ce que c'est ça?...

Oui, je sais que la nuit délie les langues, exacerbe les sentiments, donne l'impression que le corps est rempli de fibrilles de sensations, qu'il se ramifie tout entier pour tendre vers l'intensité, vers le tréfond de soi-même...
Je sais.

Mais tout de même, la journée aussi, je ressens ça... Pas tout le temps, pas toutes les heures, toutes les minutes.
Je sais que cela fait une semaine et deux jours que nous ne nous sommes pas vus, et que l'attente exaspère le désir. Je sais que nos derniers coups de fils étaient étranges, tronqués, en raison de nos emplois du temps chargés et très différents, lui avec ses cousins, ses amis, sa grande famille, moi avec mes amis, ma grand-mère, mes sorties...

Il me manque.

J'aime quand sa voix se fait plus sérieuse, et que je le sens posé, à l'écoute.
J'aime lorsqu'il me prend par la main, et se met à courir et riant.

J'aime les moments où il m'embrasse dans le noir de sa cage d'escalier, alors qu'il vient de fermer la porte de son appartement.

J'aime lorsqu'il me téléphone, et que son prénom s'affiche sur mon écran.

Je n'aime pas lorsque je le sens ailleurs, aigri, et qu'il est distant. Je n'aime pas la téléphone pour cela, parce que cela ne lui arrive jamais lorsque nous sommes en face l'un de l'autre.

J'aime ses cheveux en désordre, sa tête qui repose sur l'oreiller.
J'aime ses yeux qui me regardent de façon si intense que j'ai l'impression qu'il ne se rassasiera jamais de les avoir tournés vers moi, à cet instant précis.
J'aime lorsqu'il me déshabille peu à peu, tout frémissant de désir.

J'aime lorsqu'au milieu de la nuit, je me réveille un peu, car je le sens, à moitié endormi, qui entoure ma taille de son bras et se serre contre moi.

J'aime lorsqu'il me dit que je l'ai énervé et qu'il me rappelle une heure après.
J'aime lorsqu'il me dit qu'il m'aime.

Je n'aime pas lorsque je sens que "je t'embrasse" devient un automatisme, comme il a failli l'être une fois, après un étrange coup de fil.
Je n'aime pas lorsqu'il dit "tchaôtchaô" sans aucune tendresse, parce qu'il est déçu que je ne puisse lui accorder qu'une minute, parce que je suis déçue qu'il ne puisse m'accorder qu'une minute.

J'aime penser à ses petites intonations, sa voix que j'adore, et pas seulement parce que c'est la sienne.
J'aime le fixer dans les yeux.
J'aime lorsque nous sommes tous deux dans le noir, et que je sens ma peau contre la sienne ; nous deux, juste nous deux et personne d'autre, le monde n'existe plus.

Et en même temps, je n'ai pas cette passion dévorante, cet amour profond et serein, ni l'un, ni l'autre, que j'ai ressenti pour d'autres. La première, pour particulièrement, ainsi que d'autres, et la deuxième, pour .
C'est peut-être autre chose.
Peut-être que justement, le sentiment profond et intense que j'aurais un jour pour
, sera plus vrai, plus authentique, parce que je le connaîtrai vraiment. Je saurai qui il est, j'aurai appris lentement, peu à peu, brique par brique, son corps, ses sentiments, son caractère, ses passions, ses dégoûts, ses envies, ses désirs, ses motivations, ses pleurs, ses tendresses.
Peut-être.

Peut-être qu'un jour, la tendresse mêlé d'envies soudaines de le voir, l'attachement singulier pour lui, sera remplacé, sans que je m'en aperçoive vraiment, par de l'amour.
Je ne sais pas si je m'en apercevrai, il n'y a pas de nom réel pour l'amour. Un mot pour désigner toutes les formes d'amour, d'attachement, c'est trop peu. Chacun a le sien, c'est à chacun de créer sa propre forme, et sa propre désignation personnelle de ce lien si beau.
Je ne sais pas si quelque chose en moi me dira : "ça y est, maintenant tu es amoureuse".

Non, je ne crois pas. Ca naîtra, tout simplement. Je suis bien avec lui, je n'ai pas envie d'aller voir ailleurs, même si je regarde toujours les autres, ailleurs.
Peut-être qu'un jour, j'aurai des oeillères, mais de belles oeillères, je ne regarderai même plus les autres garçons, je m'en ficherai. Il n'y aura que lui.

Un jour, je sentirai qu'une immense part de moi-même vit à travers lui. Vit grâce à lui. Ou plutôt, vit avec lui. C'est plus juste, avec lui.

Il y en a déjà une certaine part. Si il me quittait, si je le quittais, si quelque chose nous séparait, j'aurais mal.

Et justement, c'est d'autant plus beau, lorsqu'il m'a raconté toute les filles qu'il a ramassées à la pelle avant moi, cette fille avec laquelle il est resté pendant deux ans, mais qu'il a trompé, avec laquelle il s'engueulait pour la moindre chose,
donc, c'est d'autant plus beau, lorsqu'il me dit : "Tu m'as énervé... Oui, tu m'énerves, tout à l'heure, enfin, c'est pas grave, je m'en fiche, je suis bien avec toi, et c'est tout... Ca explique tout et ça me suffit tellement... Je m'en fous... Je suis bien avec toi et c'est tout." Et qu'il ajoute, avant de raccrocher, en chuchotant, tout bas : "Tu me manques..."

Alors, je souris.

Ecrit par Feu, le Mercredi 29 Décembre 2004, 00:36 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

Viva
Viva
30-12-04 à 14:36

Qu'est-ce qu'il est joli, cet article...
J'aime la façon dont tu décris le trouble, que l'on ressent peu à peu, en pensant à l'autre... Cette émotion particulière qui affleure l'esprit, lorsque son image nous vient devant les yeux.

Il me semble que tu n'es pas encore sûre de ce que tu ressens... Surtout, ne presse pas les choses, laisse venir à ton rythme tout cela, l'amour, le sentiment intense est trop précieux pour le brusquer.

Je ne laisse pas souvent de commentaire, mais je voulais juste te dire que je suis une fervente lectrice!

A bientôt!
Bizz à toi!