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Un parfum d'ailleurs

Un week-end de Pâques... Chez ma marraine, dans sa maison de la proche campagne parisienne. Une trentaine dans la maison si chaleureuse, si agréable, avec le goût de mon enfance... J'y vais tous les deux ans, actuellement ; auparavant, c'était pour tous les Pâques. Pâques, c'est ma marraine. Forcément. Toujours.

Avec des "znoeufs", comme dirait ma petite cousine (pour faire simple ; car, dans la version "officielle", c'est la fille de la fille de la cousine de ma mère, cousine qui est aussi ma marraine, bien que je ne sois pas baptisée et ne croie en aucun Dieu, enfin, bref). Avec du neuf.

Et puis ce léger trouble... Est-ce qu'on a le droit d'être attiré par le mari de la fille de la cousine de sa mère? Non, je n'aime pas cette désignation à rallonge, ça casse un peu la semi-émotion qui est en moi, le trouble amusé qui m'envahit rien qu'en l'évoquant.

Je vais l'appeler Samuel. Son nom n'apparaîtra sans doute que dans cet article, ou peut-être dans un autre, mais dans plus longtemps. Je ne le vois pas souvent, du moins par le biais de ma marraine. Je le connais depuis que je suis toute petite, puisqu'il est avec la fille de ma marraine depuis dix ans. Ils ont environ 35 ans. Jeunes, oui, jeunes et singuliers. Beaux à leur façon.

Leurs deux enfants, qui sont mes petits cousins à leur façon, Paul et Lili, 9 et 4 ans... Imaginer des scènes incroyables avec Lili, faire semblant d'être des martiennes, pour lesquelles "le monde est si bizarre, hein, Feu?", dessiner avec Paul, leur lire une histoire.


J'ai envie de raconter ces moments...

Comment ?


Dimanche matin, lorsque j'arrive par le train sans mes parents, restés à Paris pour travailler, il y a du monde dans la maison, les petits, les grands. Sourires partout, on s'embrasse, on se serre, on rit, "Tu as grandi, c'est fou" "Ah oui, mais c'est vrai que la dernière fois qu'on s'est vu, tu avais 15 ans" "Oh la petite Lili, comme elle chou!" "Paul, viens nous montrer ton bonhomme-JI-Joe-Pokémonotrucjesaisplusquoi", on parle, chaleur humaine, je suis bien.

J'embrasse ma marraine, le mari de ma marraine (qui pour moi, est comme mon parrain, enfin, je n'ai pas de parrain), les trois filles de ma marraine (38, 34 et 29 ans, commes des grandes soeurs un peu adultes, pour moi), leurs maris (enfin, mari... elles ne sont pas mariées, je n'aime pas ce terme), les tantes, les oncles, tout ça mêlé, dans une joyeuse foule de Pâques. 
J'embrasse Samuel, et c'est étrange, je n'avais pas remarqué cette allure qu'il avait. Ce côté un peu "derrière son mur", un peu froid en apparence, avec ce je-ne-sais-quoi d’un peu mystérieux. Il s'est coupé les cheveux. Auparavant, il avait des boucles un peu dans tous les sens, qui tombaient à mi-joues, maintenant, sa coupe courte lui va (très) bien.
La petite Lili me saute dans les bras, elle m’a reconnue et ça me fait tout chaud au cœur. On s’exclame sur mon 1m75, on me demande ce que je fais, alors, la fac ; les questions se mêlent aux discussions avoisinantes, brouhaha chaleureux, j’ai envie de sourire.

Et j'évolue dans le tourbillon des gens, ma marraine, ce soleil, monte mes affaires au grenier, où je dors, on zigzague entre les chambres et les enfants, du bruit, j'aime tant cela...
Il fait un peu gris mais qu’est-ce que je m’en fiche, la lucarne et tout le fatras qui envahit le grenier, j’aime ce parfum qui m’environne. Je suis ici, pour un week-end, et j’ai envie d’en profiter.



Ah, les cloches vont bientôt passer, alors on cache les œufs dans le jardin pour les enfants. Certains sont peints à la dernière minute, on rit comme des fous en imaginant des cachettes formidables, vite, vite, ils vont bientôt revenir de la promenade, aaaaah, les voilà, et hop, je fourre une poule en chocolat dans l’arrosoir, ouf, on a fini juste à temps.

 

Samuel qui nous regarde par la fenêtre du premier étage, avec cet air toujours un peu ailleurs. Ce regard toujours baissé, mais qui écoute, aux aguets à sa façon.
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Les petits déboulent dans le jardin, panier à la main, et ce sont les cris de joie qui fusent, chacun s’en donnant à cœur joie, et hurlant à qui mieux-mieux pour chaque découverte d’œuf, dur ou en chocolat.
Lili m’agrippe par la manche :

- J’ai un secret à te dire...
Je tends l’oreille, elle hésite un peu. Je lui assure qu’elle peut avoir confiance absolue en moi, et que je n’irai le répéter à personne. Alors, elle me regarde avec ses grands yeux, et elle me murmure, d’un air très sérieux :
- J’ai trouvé un lapin en chocolat, mais tu sais, je ne vais pas le manger, parce que je crois que je vais le ramener à mon amoureux.
- Tu as un amoureux ?
- Ben voui…
Elle me fait un immense sourire où manque une incisive de lait, tout juste tombée, et agite sa petite tête châtain dans tous les sens, soudain toute timide.
- Mais c’est drôlement chouette, Lili, et il s’appelle comment ?
- Il s’appelle… Il s’appelle…
Elle prend une toute petite voix et s’approche encore plus près de moi :
Il s’appelle Victor…
Et elle s’enfuit en courant avec son panier, pour aller rejoindre les autres enfants qui cherchent les œufs. Au milieu d’eux, elle se redresse un peu, me fait un clin d’œil, et met son doigt sur sa bouche : Ca reste un secret, hein ?
Oui petite Lili.


Enfin, tous les trophées sont ramenés sur la table du jardin, glorieusement, par les enfants tout joyeux ; c’est la liesse, le butin est énorme, les poules voisinent avec les cloches, les canards avec les lapins, « Mais c’est une vraie ‘manègerie’ ! » comme le dit Paul, qui me fait exploser de rire…


Alors, tout le monde passe à table, autour des trois tables mises bout à bout les unes à côté des autres ; je ne sais pas comment on fait pour tenir à plus de trente dans cette petite cuisine-salle à manger, mais peu importe, j’aime cette ambiance si familiale.
Je me retrouve entre Lili et une tante, en face de Samuel.
Il a toujours les yeux baissés, avec des gestes posés et sûrs. Parfois, il relève le regard, le posant ça et là. Il parle peu, écoute beaucoup.
Ma marraine préside, elle est rayonnante, comme à son habitude, tout le monde mange, les plats passent ici et là, on bavarde, dans un remue-ménage chaleureux, qui me fait un bien fou. Je me sens si bien.

Une petite éclaircie de soleil, derrière la fenêtre ; je lève les yeux, et sens mon esprit se perdre au-dehors, près des cyprès du jardin, puis derrière, là où je sais qu’il y a quelques petites rues pavées, le village, puis des collines. Je reste ainsi quelques instants, ailleurs. C’est un autre monde que celui de la maison de campagne de ma marraine. Je m’évade.

Lorsque je retourne au monde qui m’environne et détourne mes yeux de la fenêtre, je crois ceux de Samuel, posés sur moi. Il m’a vue regarder par la fenêtre, je le sens. Il ne sourit pas, ne parle pas. Je le regarde aussi, et puis baisse les yeux vers la petite Lili qui me tire la manche : « Tu me passes du pain, s’il-te-plaît ? »  Lorsque je jette un coup d’œil vers lui, me demandant simplement pourquoi il me regardait, il est déjà ailleurs, échangeant deux mots avec un cousin.

Je retourne vite à l’animation de la grande tablée.

 

 

Après le déjeuner, je vais la vaisselle avec des cousins lointains, que je n’avais pas vus depuis longtemps. L’un d’eux a mon âge, on rigole bien, j’apprends qu’il est homo assumé, et heureux dans son appart avec son copain, je suis contente de voir que ça se passe bien pour lui. Je me souviens que la dernière fois que je l’avais vu, il était troublé par la naissance de sentiments en lui pour un autre garçon, sentiments qui l’inquiétaient. Il avait peur d’annoncer cela à ses parents. Il avait peur de se déclarer au garçon, garçon qui est aujourd’hui son copain.


Lili me demande de lui lire une histoire, alors nous nous installons dans un canapé du salon. Les autres sont dans le jardin, profitant du soleil qui fait une courte apparition. Je lutte contre mon envie de m’affaler tranquillement dans une chaise longue du jardin pour ne rien faire, en voyant tout le désir qu’elle a de se faire lire une histoire, dans ses yeux. Elle grimpe à côté de moi, et pose sa tête sur mon bras ; je fonds complètement, et pourrais lui lire mille histoires si elle le voulait...
Elle est si mignonne, si craquante.

Nous choisissons l’histoire d’un petit raton laveur, amoureux d’une jolie hermine, et qui essaie par tous les moyens de lui plaire, mais sans succès. A chaque tentative, il rate son coup, indéniablement. Lili hurle de rire à chaque fois que j’imite la voix désolée du raton, son petit rire envahit la pièce.
Paul vient nous rejoindre, et les voilà tous la tête sur mes genoux, allongés sur la canapé, au milieu des coussins.

Le mari de la meilleure amie de ma marraine passe, et nous regarde. Il ne semble pas me reconnaître toute de suite, et puis s’exclame : « Ah, mais c’est Feu ! Ca fait longtemps ! Qu’est-ce que tu as grandi, la dernière fois, tu avais dix ans… ! » Je lui souris, je l’ai reconnu. On parle un peu, et puis il s’en retourne au jardin. Avant de partir, il ajoute, en souriant : « Ah, tu es une drôle de jolie jeune fille… Si j’étais jeune… » Je dois rougir sans doute, ça me fait plaisir, tout en rigolant intérieurement, qu’un homme de soixante ans me dise cela.

Il part, et je laisse errer un instant mon regard sur le salon, les gens derrière la porte vitrée.
Samuel est justement dans l’embrasure de la porte, et nous regarde. Il a entendu ce qu’a dit l’homme, je le sais à son regard.
Lili lui fait des grands signes de main : « Papaaaaa ! Tu viens écouter l’histoire avec nous ? Feu, elle raconte trop bien ! » Il nous regarde à nouveau. Semble hésiter. Puis il vient nous rejoindre.
- Alors, je vais voir si elle est si bonne conteuse que ça.
Il ne sourit toujours pas. Il est là, simplement, et écoute, regarde.
Je suis à la fois un peu gênée de le sentir comme froid extérieurement, et à la fois à l’aise. Parce qu’il me fait penser à mon prof de français de 1ère. Un glaçon en apparence, mais parfois, soudain, comme des éclaircies au milieu des nuages, et une chaleur soudaine. Reste à voir si ces éclaircies vont avoir lieu d’être.

Je recommence donc à lire l’histoire ; j’ai un peu de mal à reprendre le rythme, je me sens intimidée, comme si j’étais jugée. Alors, je ne peux pas m’en empêcher, je lève les yeux vers lui, rapidement. Il ne nous regarde pas, il a les yeux à terre. C’est presque comme un soulagement pour moi.
Je continue, de plus en plus à l’aise. Lili rit, Paul est attentif, me demande de décrire les images ; je me mets à inventer des voix, des répliques supplémentaires, j’ajoute des détails aux descriptions. Je m’amuse vraiment, et j’oublie complètement Samuel, à côté de nous.

Arrive la fin de l’histoire ; mon dernier mot est accompagné d’un soupir de déception de Lili : « Déjà ? Oh, c’était trop bien… ». Je ris, enchanté du succès de mon récit. Puis, je prends soudain conscience de la présence de Samuel dans le fauteuil à côté. Il me regarde. Et puis, un léger sourire vient sur ses lèvres. Il va dire quelque chose, je le sens.

Soudain, c’est tous les gens du jardin qui rentrent : il pleut. C’est comme une déferlante de monde qui envahit le salon, bruyante et riante. Ce bruit est étourdissant, après le calme qui régnait lors de mon histoire.
Mon parrain surgit à nos côtés, et s’exclame :
- Vous êtes adorables, tous les trois ! Mais qu’est-ce que vous faisiez ? Oh, une histoire !
Il est rejoint par deux de mes tantes, qui elles aussi, se mettent en adoration devant le tableau sans doute attendrissant que nous formons. Le temps de leur dire deux mots sur le sujet de l’histoire, j’entrevois Samuel qui s’est levé de son siège, et monte à l’étage, comme s’il fuyait le bruit.

C’est étrange, j’ai comme une petite déception en moi ; j’attendais qu’il dise quelque chose, il avait l’air détendu, ouvert. Il avait perdu momentanément ce masque qu’il semblait porter tout à l’heure. Oui, j’ai une certaine déception.


Mais la gaîté qui m’entoure me fait vite oublier cela ; ma marraine est un véritable soleil, et elle m’enrôle pour faire la cuisine ; ce soir, c’est pot-au-feu.


Les ustensiles dans tous les sens, la viande qu’on découpe, les légumes à faire cuire, j’aime ces moments de grande cuisine familiale. D’autant plus que mes parents ne sont pas là, c’est liberté totale, je suis là pour moi.
Après la séance cuisine, un moment de répit ; c’est sieste. Le pot-au-feu marine jusqu’à ce soir dans son jus, chacun des cousins est fier d’y avoir participé ; Lili la première, puisqu’elle a appris à faire un fagot d’herbes provençales, sur mes conseils.


J’ai envie de me mettre un peu à part, seule, dans un coin, pour profiter. Je monte au grenier.
Je retrouve avec plaisir les piles de Picsou, qui ont baigné mes nuits d’enfance ici, les peluches toutes fanées, la télévision qui ne capte que la une, la deux, la six, et une drôle de chaîne internationale, les posters des années 80, les photos de ma marraine jeune, tout ça…

La lucarne ouverte sur la forêt voisine.

Je dois rester longtemps à regarder, comme ça.

 


Je redescends d’un étage, encore un peu rêveuse, et sens un truc me foncer dans les jambes. C’est la petite Lili qui hurle, poursuivie par Paul et Fred, un autre cousin de huit ans. Elle chercher à se cacher derrière moi, et me supplie de lui trouver une cachette. Autour de nous, plein de portes ; on court un peu, puis j’en pousse une au hasard, ne me souvenant plus exactement quelle est la chambre derrière. Ouf, sauvées ! Il ne nous trouverons sûrement pas là. On rit toutes les deux, complices et essoufflées, pendant quelques secondes.
Puis je regarde un peu autour de moi. Samuel est juste là, devant la fenêtre ; il lit. Enfin, plus maintenant ; il est tourné vers nous, et nous regarde.

Tandis que Lili fonce vers son père, je reste debout, contre la porte, et bafouille une excuse :
- Euh, on s’est cachées ici… Je suis désolée, on t’a dérangé dans ta lecture, viens Lili, on s’en va.
Il me regarde. Un petit instant de silence.
- Mais non.
Je n’arrive plus vraiment à me souvenir ce que j’ai dit dans ma phrase précédente, j’ai la sensation qu’il nous juge et je n’aime pas ça, je me sens un peu mal à l’aise, surgie brusquement dans cette pièce à la quiétude apaisante, dans cette bulle d’intimité que Samuel avait, je me sens gauche et maladroite. Je répète :
- Allez, Lili, on s’en va.
A son tour, il dit :
- Mais non. Sinon, les méchants vont vous capturer. Il vaut peut-être mieux rester ici, pour ne pas être dévorées toutes crues. Hein ma Lili ? ajoute-t-il en caressant la joue de celle-ci.
Il me jette un regard complice, et sourit un peu.
Il me fait vraiment penser à mon prof de français ; c’est troublant.
- Venez vous asseoir, toutes les deux.
Je m’approche, je suis mieux. Il est curieux, Samuel. Et il est beau, en fait. Il a de l’allure. Penser cela me trouble. Il a l’air jeune, le plus souvent. J’aime sa façon de s’habiller. Ce côté trentenaire séduisant, parce que jeune, détendu, presque vingtenaire, en fait. Je me demande ce qui me prend de penser ça. Mais peu importe. Je suis bien, j’ai le droit, après tout, ça n’engage rien, c’est juste une pensée dans une tête de jeune fille, et puis qu’est-ce que ça change ?

Je m’assieds sur le siège à côté. Lili est allongée sur le lit, elle suce son pouce.
- Feu, hein qu’ils nous trouveront pas ici ?
- Je ne crois pas, non.
- On est les plus fortes, tu crois pas ?
- Hm… Ca, c’est à voir. Le plus fort, c’est si on réussit à sortir d’ici sans êtres vues.
- Ohlala, ça va être dur, ils font des patrouilles devant…
Je ris doucement, mon regard croise celui de Samuel, qui se met à rire aussi.
Petit instant de silence, nous regardons tous les deux Lili qui se roule sur le lit.

Puis, je l’entends dire :
- Elle était bien, ton histoire.
- Merci.

Le silence nous entoure. Juste, en-dessous, la lointaine rumeur des voix qui emplissent le rez-de-chaussée.

- On est bien, ici, je lance.
- Oui, j’aime me retrouver un peu au calme. Ca fait du bien.
- J’imagine qu’on a du troubler la quiétude… On peut s’en aller, si tu veux.
- Non, restez.

Ces simples mots.
A nouveau le silence. Mais un silence plein, bien. Je suis bien, en fait.

Soudain, j’entends un grand : « Feuuuuuuuuu ! Liliiiiiiiiiiiiiiiiii ! Il faut mettre la taaaaaaaable ! »
Je n’arrive pas à raccroche à la réalité ; j’avais presque oublié l’heure qui passe. Un coup d’œil à ma montre ; il est sept heures, déjà.
Mes mots ont dû franchir ma bouche sans que je m’en aperçoive, puisque j’entends Samuel qui me réponds :
- Oui, déjà.
- Bon, eh bien… Merci de nous avoir sauvées des griffes de pirates…
- Vous avez échappé à un funeste sort.
Il sourit à demi, complice.

Je prends la main de Lili qui rechigne un peu à quitter son papa, et pousse la porte.
En refermant la porte, je vois qu’il a déjà repris son masque.

C’est fou comme Samuel m’intrigue. Il m’intrigue, voilà. Peut-être m’attire-t-il un peu. Pourtant, je sais très bien qu’il aime ses enfants, sa femme. Mais il m’intrigue. J’ai envie de capter son regard. J’aurais voulu rester longtemps encore dans cette chambre, coupés du monde. Ce petit quelque chose un peu ambigu… Je me surprends à penser cela, et m’en veux un peu. Mais importe, une fois de plus. Lundi, ce sera fini. Alors, je profite.

 


Le grand dîner, si agréable, avec toute cette famille, cette smala. Mes petites cousines me font un exposé sur la mode vestimentaire des Barbies, je discute avec mon cousin homo sur la difficulté d’être admis en tant que sexuellement différent, mon parrain, ancien ingénieur, invente la cuillère-œuf de Pâques qui font quand on la trempe dans son café. La joie à l’intérieur de moi, j’en avais besoin, de ce week-end au goût d’enfance, au parfum hors du temps.


Puis, tout le monde va se coucher, après un jeu de carte, un visionnage pour les grands du Seigneur des Anneaux Un, où trois de mes cousins, et moi nous amusons à faire quelques remarques laconiques sur les répliques typiquement hollywoodiennes de certains passages du film…

 



Je monte au grenier, et m’endors rapidement. Je dors mal, et me réveille au milieu de la nuit. Ca ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Je n’arrive pas à lire, pas à dormir. Envie de boire du lait, ça m’aidera peut-être à trouver le sommeil. Je me sens absolument idiote, la seule éveillée au milieu d’une trentaine de personnes qui dorment, je trouve cela absurde.
Et en même temps, magique. Rien, autour. Le silence. Qui tranche soudain avec le remue-ménage de la journée. Par la lucarne, je vois le ciel étoilé. Bien mieux qu’à Paris.
Je savoure cet instant immobile.

Et je descends l’escalier, tout doucement. Le silence qui glisse sur ma peau. J’ai pris mon pyjama favori, un petit débardeur souple avec un pantalon de toile ample. Mes pieds nus sur le parquet du premier, puis sur le carrelage des marches menant à la cuisine.
La
lumière est allumée.

 

J’entre, et me trouve face à Samuel. Assis, avec un verre de lait devant lui.
Je vis dans un monde complètement dingue, je pense. J’ai l’impression d’avoir une vision. C’est assez ahurissant. Je me lève, au beau milieu de la nuit, parce que, chose extrêmement rare, je n’arrive pas à dormir, je décide de descendre à la cuisine, et, évidemment, je croise quelqu’un, et évidemment, ce quelqu’un est Samuel. Il y a des jours –des nuits- où je me demande si le hasard n’est pas dû à des forces supérieures ancrées dans notre esprit.

Il lève la tête du journal qu’il est en train de feuilleter, et me regarde.
- Tiens. Feu.
- Je n’arrive pas à dormir.
Un temps. Il me regarde toujours. Je reprends :
- Toi non plus ?
- Non. J’ai le sommeil léger, comme tu vois. Tu veux du lait ?
Je tends mon verre, il m’en verse. Le liquide blanc remonte le long des parois transparentes. Je bois silencieusement.

- C’est drôle, je pensais à toi, justement.
Je sens mon cœur battre soudain à toute vitesse. C’est absurde, c’est absurde, me répète-je dans la tête. Pourquoi tant d’émotion, juste pour ces simples mots ? L’image de Chuck, puis de David, me vient devant les yeux. Pour eux, mon cœur aurait raison de battre. Et encore. Chuck, c’est si différent. Mais pour Samuel… Qu’est-ce que c’est ? Une attraction due à son charme ? Sa froideur qui m’obsède ? L’attrait de l’interdit ? C’est stupide, absolument stupide. Il me dit qu’il pensait à moi, et voilà le résultat. Je me sens terriblement idiote, avec mon verre de lait à la main, en train de sentir quelque chose dans poitrine qui bat à grands coup, juste à cause de ces simples mots. Mais pourquoi pensait-il à moi ?

Il marque un temps. Il faut que je dise quelque chose.
- Ah bon ?
Je me sens vraiment stupide.
- Oui. Je pensais à toi et Lili, tout à l’heure, dans la chambre. Vous m’avez fait rire.
Il fait encore une petite pause.
- En fait, je me remémorais la journée.
Il
lève les yeux vers moi, me regarde. Mes yeux ne quittent pas les siens, et pourtant, c’est comme s’ils détaillent son visage trait par trait, le nez un peu busqué, la bouche fermée, les pommettes, les joues un peu creuses, les cheveux, c’est comme si tout était passé en revue, intérieurement.

Et puis, soudain, c’est plus calme en moi.
Je le regarde et lui souris.
- Désolée de t’avoir interrompu dans ta lecture, tout à l’heure. On a dû surgir un peu brutalement.
- Non, parfois, il faut que je sorte un peu de ma bulle.
- Alors, on a peut-être bien fait de débarquer comme ça.

Le silence retombe à nouveau. Ses yeux posés sur la table. Ses cils qui cachent ses prunelles.
J’aime ce moment ; je peux regarder son visage sans gêne, curieusement. Oui, toute gêne est partie, je suis à l’aise, c’est comme une confiance qui m’habite.


J’ai envie d’aller dans le jardin. De m’enivrer de l’air de la nuit.
Je
pose mon verre.
- Je sors un peu.
- Je t’accompagne.
Il se lève et me regarde.
- Ca va me faire du bien de respirer un peu.
- Sommeil agité ?
- Je dors assez mal, en ce moment. Sensation d’être étouffé, parfois.

Nous sortons.

Pieds nus dans l’herbe, j’avance dans le jardin.
Le manteau de la nuit sur mes épaules, les étoiles dans le ciel. Et ce silence. Autour de nous, l’obscurité. Juste une fenêtre éclairée, au loin, très loin, petit point dans le noir.

Je respire profondément. L’air qui entre dans mes poumons, petit à petit, je le sens qui remplit mon thorax, je ferme les yeux.

Je frissonne.

- Tu as froid ?
- Un peu.

Il regarde autour de lui, et sa main vient rencontrer des chaises de jardin. Un pull oublié sur l’une d’entre elles. Il l’attrape, et me le pose sur les épaules. Je murmure un ‘merci’.
La chaleur du pull s’appose sur ma peau. Je souris dans la nuit, et l’entends chuchoter : « De rien. »

Nous regardons le ciel. J’aime tant ces instants où le temps semble s’étirer jusqu’à l’infini, pour devenir quelque chose d’absolu, qui semble ne s’arrêter jamais. J’ai envie de traduire cela par des mots, mais tout ce qui sort n’est que :
- J’aime beaucoup la nuit.
Il marque un temps avant de répondre. Je crois qu’il a senti ce que je voulais dire.
- Lorsque j’étais ado, je sortais souvent dans mon jardin, la nuit. Pour respirer. Pour sentir. J’imagine que ça doit te paraître un peu passé, un peu usé, comme un cliché…
Je m’indigne, et lui jure que non, pas du tout, j’aime aussi beaucoup faire ça, ça n’est pas cliché, au contraire. Je l’entends sourire dans la nuit.
- J’aimerais bien être encore très jeune, et avoir des convictions aussi fortes. Encore rêver toujours.
- Il faut savoir rester jeune d’esprit.

Ensuite, je ne me souviens plus exactement. Nous parlons quelque instants de la jeunesse, de la vie, de la famille, lui de sa femme, de ses enfants, moi de mes ex, on évoque les désirs et les envies, les frustrations, les contentements, les victoires et les défaites. Des rêves qui passent, qui s’effacent, des souvenirs qui hantent, de l’avenir qui fait peur et du passé qui enchante, ou ronge, c’est selon. Il semble comprendre ce que je dis. Comme une complicité qui passe. Quelque chose qui fait que nous sommes émus, un peu, tous les deux, de parler de tout ça.

Et puis, il dit :
- En fait, parfois j’aimerais bien redevenir adolescent, juste pour voir. Avoir ton âge. Rencontrer des gens, encore, et encore, sans me soucier de savoir s’ils font tel ou tel métier pour travailler avec moi. Faire la guitare jusqu’à des heures pas possibles. Parler avec des filles, juste pour le plaisir. Refaire le monde au café. Juste pour sentir que j’ai encore ce quelque chose qu’on a que lorsque l’on a vingt ans, cette sorte d’assurance, de je ne sais quoi… Ce charme, ce charisme peut-être.
J’ai répondu, je ne sais ce qui m’a pris, mais toujours est-il que je l’ai fait :
- Mais tu en as encore beaucoup, on ne perd pas tout dès qu’on passe le cap des trente ans.

Il m’a regardée dans la nuit. Je l’ai vu sourire.
- Tu es une drôle de fille, toi.
Je me suis demandée ce qu’il voulait dire par là. Tout en me demandant en moi-même ce qui m’avait pris de dire cela.
Il a repris la parole.
- Tu
réfléchis beaucoup, on dirait, mais tu peux être très spontanée. Au fait, merci.
- Merci quoi ?
- Eh bien, de trouver que je ne suis pas un vieux, déjà.
- Mais, c’est normal, tu as trente-cinq ans, c’est très jeune. Comme dirait l’autre, tout n’est pas perdu ! ajoutai-je en riant un peu.
- Mmmh. Les jours où l’on est fatigué, qu’on a des cernes et plein de boulot, on ne se dit pas toujours ça.
On rit silencieusement, tous les deux.

J’ai envie de lui demander ce que ‘drôle de fille’ voulait dire. Ca me démange.
- Ca veut dire quoi, ‘drôle de fille’ ? Parce que le mari de l’amie de ma marraine, il m’a dit la même chose, ce matin.
Je savais qu’il l’avait entendu, je voulais savoir.
Il a marqué un temps.
- Eh bien, ça veut sans doute dire qu’il te trouvait très jolie, et que c’était la seule manière de te dire que s’il avait eu quelques années de moins, il aurait sans doute essayé de te connaître un peu plus.

Je n’ai rien dit. Je suis restée regard vissé au sol, et j’ai souri. Pour ces mots qu’il venait de me dire par l’intermédiaire des mots de l’autre. Je l’ai entendu sourire aussi.
Et puis, il a murmuré :
- La vie est curieuse, parfois, n’est-ce pas ?
- Oui, j’ai soufflé.

On souriait tous les deux, conscients que l’âge était une barrière évidente, que bien sûr, aucun de nous deux n’aurait rien tenté du tout, qu’aucun de nous deux n’en avait non plus envie. Juste, le sentiment délicieux de savoir qu’on plaît, juste un soupçon à l’autre, juste comme ça, parce que la complicité, parce que les regards, et c’est juste ça, ça s’arrête là. Que la fraternité se mêle à l’attraction, et que bien comme ça. Que c’est ‘se plaire’, pas forcément dans le sens sentimental, dans le sens ‘relation possible’, non. Juste, se plaire mutuellement, comme il y a des gens qui peuvent nous plaire, dans la rue, dans un lieu, à la fac, au détour d’une conversation, comme ça. Plaisir de parler, de plaire, à peine un jeu, tout juste du non-dit, du suggéré. La caresse de la non-promesse. Heure exquise qui nous grise lentement, sans dénouement à la clef.

Nous sommes restés un certain temps, comme ça, debout l’un à côté de l’autre, à regarder la nuit.
Et puis, j’ai eu froid.
- Je vais rentrer.
Il m’a regardée.
- Dors bien, alors.
- Merci. Bon courage pour trouver le sommeil.
- Ca devrait aller. Le lait, ça fait du bien.
On sourit tous les deux, un peu complices du moment partagé.

 

Je remonte au grenier, et me glisse sous les couvertures.
Je reste longtemps les yeux ouverts dans le noir, à me repasser ces instants dans ma tête, comme il le faisait avant que j’arrive dans la cuisine, avec la journée passée.


Se réveiller le matin avec la lumière qui entre à flots dans la pièce.
Il
est huit heures, nous partons à midi, j’ai envie de profiter. Je descends jusqu’à la cuisine, et ma marraine est là. Une odeur de pain grillé provient du grille-pain, et me met en appétit. La table est mise, avec une bonne quinzaine de bols, et une autre quinzaine empilée sur un coin du buffet. Toute la maison dort. Ma marraine m’accueille comme d’habitude, avec ce sourire qui me remplit tout de suite de joie de l’intérieur. Elle me tend une tranche de panettone, me conseille de goûter à la confiture abricot-amandes, s’affaire autour de la table, sortant du jus d’orange, finissant de préparer le café, dont la senteur embaume l’atmosphère. C’est un vrai soleil, ma marraine. Je tiens tellement à elle ; elle rayonne dans une pièce, si chaleureuse, une maman, une femme, une active.

 

Puis, petit à petit, c’est toute la maisonnée qui descend peu à peu. Ma tante « z », mon oncle « x », le petit Paul, mon cousin homo (pour tenter de le distinguer de la masse de mes cousins ; bien entendu, je ne le réduis pas à cela), la deuxième fille de ma marraine, le copain de la plus jeune des trois, mon parrain, encore un cousin, puis une grande cousine, et encore d’autres…
Tous attablés dans la cuisine, buvant qui du café, qui du lait cru, qui du « chocolat-qui-fait-des-moustaches », selon la petite Lili qui vient de descendre. Doux brouhaha du matin, de la famille et des amis, dégustant les tartines au parfum allèchant.


Samuel arrive, les cernes légères. Il embrasse sa femme, prend la petite Lili dans ses bras, esquisse quelques sourires. Je croise son regard, il me sourit à demi, complice.
Je me sens bien. Rien n’a changé. Mine de rien, en moi-même, peut-être y avait-il une angoisse que les mots de cette nuit, même s’ils n’avaient aucun impact direct, aient changé quelque chose entre nous, entre je ne sais qui exactement… Du moins, qu’il y ait un changement, même infime.
Mais non. Juste, la complicité, simple. Rien d’important, juste, nous savons, nous prenons plaisir à partager cette entente agréable, puisque nous savons. Et rien n’a changé. Il aime toujours sa femme, et je désire toujours autant voir David. Et Chuck. Et… je papillonne, et j’aime ça.

 


Je savoure encore ces derniers instants passés ici, dans cette maison. Je joue avec Lili, je discute avec mes cousins lointains, regarde Paul faire du vélo, joue un peu de flûte dans le grenier. Je goûte au canard en chocolat, je le sens fondre dans ma bouche. Mes yeux qui se perdent par la fenêtre, le vent dans les cyprès. Lili me demande de lui jouer Au clair de la lune, ma tante éternue, les petite cousines font les marionnettes avec leur mains derrière le canapé, je range mes affaires.

Une dernière promenade au cimetière pour visiter les parents de ma marraine, je joue un prélude de Hotterre devant leur tombe, à sa demande. Instant magique. La petite Lili et les petits cousins mangent des gressins, nous sommes juste là, quelques uns, ma marraine, mon parrain, sa première fille, Lili, Paul, et les cousins, et moi. Et je joue, dans le silence du cimetière, après avoir eu un peu peur que la musique de dérange… qui ?


Arrive l’heure du départ. J’ai croisé Samuel quelques fois, dont une dans la cave.
Allée chercher des bouteilles d’eau, je le vois arriver pour le vin. Surpris tous les deux, puis il m’aide à monter les bouteilles. Son allure posée, calme. Apaisant, en fait.

 

Nous voilà tous devant les voitures, la maison presque fermée, on se dépêche de charger les coffres. Chacun se dit au revoir, à la prochaine, on ne sait pas trop quand, mais peu importe, c’était bien. Lili m’offre un bouquet constitué d’une grosse fleur de pissenlit jaune, d’un petit myosotis, et d’une pâquerette : « T’as vu, j’tai fait un groos bouquet. » Je la serre dans mes bras.
J’embrasse cousins, cousines, à l’année prochaine peut-être, peut-être avant, allez, au revoir, au revoir.
Et puis j’arrive à Samuel. On se regarde, il me sourit : « Au revoir, Feu. » Et il m’embrasse sur la joue. Moi de même. « A la prochaine. » Il me sourit, toujours, et puis s’éloigne dans un dernier clin d’œil.

Encore tantes et oncles à embrasser, j’aime cette chaleur, je m’y abreuve une dernière fois avant la prochaine. Un petit goût de départ, mais c’était si bien qu’il n’y a pas de regret à avoir.


Dans la voiture de ma marraine, je tiens un petit sac rempli d’œufs, qu’elle ma donné, comme à chacun des enfants, plus ou moins jeunes, chacun le sien, il faut bien finir tout ça, à Pâques, il y a toujours trop, et c’est ça qui est bien.

Pendant que le paysage défile derrière ma vitre, je casse un petit morceau de chocolat, et le laisse fondre dans ma bouche.


C’est peut-être ça, juste, parfois, la vie, un morceau de chocolat qui fond dans la bouche, qu’on savoure.

Ecrit par Feu, le Mardi 29 Mars 2005, 07:44 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

Cabotine
Cabotine
29-03-05 à 08:58

Ah, les théories sur la vie et le chocolat...

"La Vie c'est comme une boite de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber..." Forest Gump

 
Feu
Feu
29-03-05 à 19:21

Re: Ah, les théories sur la vie et le chocolat...

Elle est très, très jolie, cette phrase. Merci de me l'avoir rappelée, en faisant allusion à ce si beau film... :)

 
alberto
alberto
29-03-05 à 10:00

De la graine de Christophe Colomb

Ça promet une telle plume !
Tu es une exploratrice. Un jour tu vas découvrir un pays (plus beau que l'Amérique !)
Parce qu’il y a plus à savourer de la vie qu’un simple petit morceau de chocolat qui fond dans la bouche. C’est déjà pas mal ! Mais il y a le miel aussi... Une certaine abondance de vie...

 
Feu
Feu
29-03-05 à 19:22

Re: De la graine de Christophe Colomb

Merci Alberto, d'apprécier ma plume!
La taille du morceau de chocolat varie selon les moments de la vie, le tout, c'est de savoir profiter pleinement de ce qui nous est accordé... Alors, je vis, j'explore, comme tu le dis.

 
neowitch
neowitch
29-03-05 à 11:36

C'est ton premier article que je li de cette façon...Comme un roman, ou on se sent bien, et on ne veut pas que ça se termine, PARFAIT...Cet article l'est ;)  Il n'ya rien d'exagerer il est leger et en même temps " consistant" Enfin vàlà vàlà BRAVO...Continue ainsi tit feu*

 
Feu
Feu
29-03-05 à 19:23

Re:

Merci, merci, merci beaucoup pour ton enthousiasme qui me fair drôlement chaud au coeur, Néo!
J'avoue que moi non plus, j'aurais voulu que cela ne trouve pas de fin... Que continuent encore et encore ces instants si parfaits que j'ai vécu ce week-end, pour pouvoir encore me perdre dans son regard si fascinant... Mais justement, c'est court, et c'est ça qui est bien : ça n'a pas de suite, et ça n'est pas plus mal comme cela.
:) Mirchi!

 
BetaDine
BetaDine
29-03-05 à 12:51

Fouuuh....cet article est vraiment magique.

Sensation irréelle de lire une histoire créée de toute pièce tant on se dit que tous les passages, tous les mots sont tels qu'on les attendait. Les lignes défilent sous nos yeux, et on se dit aaaah....ça serait telement bien qu'il se passe ça.....et au final, tu l'écris. Je sais pas si je m'exprime très bien mais.....ton histoire, c'est vraiment un rêve. C'est romancé, c'est....un instant de vie si beau. Merci de l'avoir retranscrit avec tous ces petits détails, je n'en ai pas perdu une miette. Samuel est très attirant. Lili est la petite soeur que l'on aimerait avoir.

BiZ


 
Feu
Feu
29-03-05 à 19:25

Re:

Je t'avoue qu'en l'écrivant, j'ai eu aussi parfois la sensation que j'inventais, tant, avec le recul, ces instants m'ont paru surréels... Cette rencontre nocturne, la chaleur humaine qui règnait dans cette maison, durant ces deux jours à part... Samuel et son regard, la petite Lili et sa joie de vivre...
Merci d'apprécier tant mes mots, , je dois dire que ton commentaire me fait réellement très plaisir, vraiment, vraiment. Un petit goût de magique, lui aussi! :))

 
-Para-doxa-
-Para-doxa-
29-03-05 à 21:01

..

De lire des articles si légers, si prenant, avec autant de style, ça me donne des frissons.

Tu as de la chance d'avoir une famille si proche, si aimante...

Profite :)

Bizoux

 
Feu
Feu
30-03-05 à 22:36

Re: ..

Merci; mirci beaucoup... :)! Il est si agréable de pouvoir retranscrire ces moments, d'en faire partager quelques instants à de potentiels lecteurs... et de voir que cela peut être goûté avec plaisir! Oui, je savoure cette chouette famille, même si je ne la vois pas très souvent.
:))

 
Etolane-Lantrec
Etolane-Lantrec
29-03-05 à 22:05

Cet article m'a...émue, je crois, tout simplement.
Petit pincement au coeur, agréable sensation, sourire léger sur les lèvres, larmes aux yeux devant cette espèce de "délicatesse" de "légèreté élégante" qui se dégage de ta plume...
Magnifique...je ne sais pas trop quoi en dire, pourtant ce qu'il m'a inspiré est si diversifié...du multiple naît la richesse, c'est si beau...merci.

 
Feu
Feu
30-03-05 à 22:38

Re:

Mais c'est à moi d'être émue... par ton commentaire! Les qualificatifs que tu utilises me mettent à leur tour un sacré sourire aux lèvres, et dans le coeur aussi!
Il est beau, ton commentaire...
:D

 
emberlificoteuse
emberlificoteuse
30-03-05 à 17:16

Arf... :)


Comme dise les autres, cet article est magique, il semble tout droit sorti d'un roman.
C'est prenant, c'est plus que ça, c'est tout ton style qui nous sert ces instants qui semblent irréels, impossibles.
Ca donne envie de vivre.
C'est Beau. Merci pour cet oxygène... :)

 
Feu
Feu
30-03-05 à 22:40

Re: Arf... :)

Ca me touche vraiment, tous ces petits mots déposés ici et là... Je ne pensais pas que cet article aurait une telle résonnance.
A moi aussi, ces instants m'ont paru surréels, merveilleux, tirés d'un morceau de rêve venu de très loin.
Alors, s'ils donnent l'envie de vivre... je ne peux que sourire, très, très, grandement, vraiment. Merci à toi, emberlificoteuse, pour tes jolies lignes.

 
Emmylou
30-03-05 à 22:02

Je m'en voudrais de ne rien dire.
Mais.
Je ne peux rien dire.
Arrive pas.
Comment dire ? Ces mots qui glissent sans qu'on s'en rende compte mais en les sentant tellement forts, sourire léger et goût d'idéal.
Oh...


 
Feu
Feu
30-03-05 à 22:42

Re:

A mon tour d'être à court de mots pour décrire ce que je ressens... Une joie, drôlement chouette, drôlement émouvante, qui vient en moi, à la lecture de ces mots.
Je ne sais pas comment dire, juste : merci.
Et puis un grand sourire, avec, jusqu'aux oreilles. Et plus loin.
;)

 
envole-moi
envole-moi
31-03-05 à 14:05

Juste merci... Merci pour cet article qui, comme l'ont si bien dit tous les autres avant moi, semble être extrait d'un chouette roman. Les mots y sont si justes. C'est vraiment prenant et magnifique. J'ai vécu tous ces instants avec toi, et j'ai été d'autant plus troublée que j'ai souvent rêvé de ce genre de choses, et j'ai déjà connu des situations à peu près similaires. Avec le mari d'une grande cousine, père de deux adorables filles, et qui doit à peu près avoir 35 ans.
"Une attraction due à son charme ? Sa froideur qui m’obsède ? L’attrait de l’interdit ?"
Et j'ai exactement ressenti ça, sans pouvoir le définir. C'est beau, vraiment beau, et c'est formidablement bien écrit.

Je t'embrasse

 
Feu
Feu
31-03-05 à 16:50

Re:

C'est fou comme tes lignes me touchent. Enormément. Je ne sais pas quoi dire, mais alors pas du tout. Je... pfouu!

Ca me touche d'autant plus que tu as connu la même chose ; à vrai dire, je craignais un peu les éventuelles réactions (c'est stupide, j'en conviens) à propos de l'écart d'âge (soit un peu moins d'une vingtaine d'années), du son statut d'homme marié, ou que sais-je encore...
C'est une situation si ambigüe, intriguante, obsédante, cette fascination, subite, cette électricité inconnue qui passe en soi, que l'on ne peut expliquer... Et qui est naturellement destinée à s'arrêter aussitôt qu'elle naît.

Merci, Envole-moi, vraiment. :)