Maintenant, tout de suite, je pense à Kami. Kami, c'est quelqu'un d'immense en moi. Quelqu'un qui prend tant de place. J'aimerais pouvoir dire tous les mots que je pense, alors que son image virevolte devant mes yeux.
J'aimerais souffler un merci sur ces pages, non, pas un merci, juste des mots pour elle, parce que Kami, c'est un grand bout de ma vie. C'est un des pilliers de mon existence, c'est une parcelle de mon coeur, c'est un grand album de mon enfance, c'est des milliers de fragments de mon cheminement.
Kami, c'est une amitié de bientôt 10 ans. Ouah, 10 ans, ça fait grand, ça fait beau, ça fait loin, longtemps, 10 ans, ce nombre tout rond.
Gavroche ou femme fatale à ses heures, gouailleuse et sensuelle, flemmarde et dynamique, lascive et explosive, délirante et triste, drôle et sérieuse tout à coup, spontanée et posée, délurée et réfléchie, tout ça, c'est elle. Il y a aussi du moi, dedant. Comme dans moi, il y a du elle.
Il m'est parfois arrivé de me demander comme ma vie serait, sans elle. Comment j'aurais évolué. Qui j'aurais rencontré. Aux côtés de qui j'aurais parcouru tous ces moments d'enfance et d'adolescence, de fous rires et reflexion.
Elle est aussi, elle se l'est demandé. De nombreuses fois.
Nous n'avons toujours pas la réponse à la question. Nous nous ne préférons sans doute pas le savoir, au cas où cela serait possible d'en connaître la clef de l'énigme. Qui restera irrésolue, et c'est mieux comme ça.
Kami, si je fais ma scientifique, si je calcule faussement, c'est des semaines de musique entière, des centaines de baguettes de pain avec la mie toute fraîche, des milliards de pas entre sa rue et la mienne, quelques échappées dans Paris, plus de deux cent cours de théâtre, des milliards de litre de salive dépensés à bavarder (hum), une paire de chaussures foutues à l'eau de mer, un pantalon dans la boue et une chemise accrochée au grillage.
C'est aussi... quatre-cinq carnets-albums de voyage à deux mains, des rivières de pleurs, des cathédrales entières où résonnent nos rires, environ quatre cent nuits courtes, très courtes, des monceaux de théières remplies de Earl Grey, des annuaires entiers de factures téléphoniques...
Des sceaux de bigorneaux avec du beurre salé, des dizaines de muscles de rechange après avoir dansé comme des folles sur les Popies et du tango, tout autant de probabilité d'angines pour s'être baignées dans l'eau froide de la Creuse, des centimètres de couche de pollen sur nos vêtements, après nos passages par les champs de colza...
On peut aussi se souvenir des kilomètres d'ondes de tension entre nous, toujours apaisées, heureusement... Kilomètres qui aujourd'hui ne sont presque plus.
Kami, c'est des bras entiers de coups de soleil, une petite vingtaine de cartes postales d'Asie,d'Europe et d'Amérique, et plus du double en cadeaux échangés, des centaines de rames de papier pour nos chasses au trésor, des milliers d'heures passées à regarder le ciel dans nos jardins, quelques frayeurs en rentrant à pas d'heure à Avignon, et des prétendants plutôt amusants...
Je pourrai dire encore tant de choses, citer encore tant d'instants.
Juste pour elle. Juste pour nous deux. Parce que nous.
C'est quelque chose de si... immense, ineffable, l'amitié. Ou plutôt, cette amitié-là. Ce truc, oui, j'utilise le mot 'truc' qui nous lie, si fort. Cette compréhension, j'insiste sur ce mot. Cette évidence, - après la petite gêne qui est parfois présente, lorsqu'un certain s'est passé sans s'être revues - de nos retrouvailles, la joie, toujours là. Evidence et compréhension, intimité et ouverture, ce sont un peu les quatre mots qui pourraient nous définir. Définir notre "nous deux". Enfin, non, pas notre "nous deux". Définir... "toutes les deux". Parce que "nous deux", c'est presque trop exclusif. Car en dehors de nous, le monde existe, tout de même. Evidemment. Et avec plaisir.
Tous ces mots, mais pas trop, pour... dire cela. Je ne sais pas pourquoi aujourd'hui, spécialement. Peut-être est-ce l'aniversaire de notre vraie rencontre, et je ne le sais pas.
Non, je crois que le "vrai" jour où nous nous sommes aperçues que nous avions quelque chose de vrai, de fort à partager, le jour que nous avons en commun dans notre mémoire comme étant déclencheur de quelque chose, c'était celui de mon anniversaire. De la fête que j'avais organisée chez moi. Pour... mes neuf ans, je crois. Je ne suis plus très sûre.
Mais peu importe. Ces images sont dans notre mémoire commune.
Maquillées toutes les deux en "soeurs de lune". Mais justement, elle ne sera jamais ma soeur, et je n'ai jamais pensé à lui dire qu'elle était ma soeur.
Kami est mon amie.
Nous sommes amies, unies par notre propre décision. Reliées ensemble par ce quelque chose de fort, que nous avons choisi de constuire toutes les deux.
C'est peut-être pour ça que c'est si...
Pas de mot pour le définir.
Ma Kami.
Inspirations soudaines :
Re:
Drolement sympa comme amitié....
Et puis sur les photos (si c'est elle), elle est belle. Pleine de fraicheur. Je suis sûre que vous avez au moins ça en commun. :)
Re:
Oui, elle est jolie... Merci pour la fraîcheur, yep yep! ;)
Miss-Jade
Vous avez de la chance. Elle a l'air magique ta Kami^^