Agréable retour à la fac. Les lieux, les visages, étudiants et profs confondus, les cours, la musique. Déjà, le sourire aux lèvres ce matin, car dans mon sac, j'ai fourré trois cannelés, un petit privet-joke entre Jude, Chuck et moi. LE truc le MEILLEUR du monde, selon eux deux. Alors, j'ai décidé de goûter. Confirmé. Du coup, je suis entrée dans une boulagerie hier soir, ai demandé "trois beaux cannelés, s'il-vous-plaît", et juste avant de sortir, me suis retournée soudain : "Dites, vous auriez un sachet en papier?". La vendeuse, qui me les avait donné dans un sac plastique (on n'a pas idée de mettre des choses aussi bonnes dans un vulgaire sac plastique), m'a regardé avec un drôle d'air, puis m'a tendu un sachet à baguette. Ce n'était pas la forme que je voulais, mais qu'importe, j'ai mon sac en papier, et ça fait bien plus authentique.
Après les deux première heures de cours, nous nous sommes assis tous les trois dans notre endroit favori de l'immense entrée, là où les bancs font un coin. Quelques photos faites avec le nouveau portable ultra-moderne de Chuck, qui n'en revient pas d'avoir eu un truc pareil pour un prix aussi bas ; il décide même de mettre Jude et moi en fond d'écran. Ouah!
Et lorsqu'ils m'ont demandé de raconter un peu la Crête, en me charriant gentiment sur mon "retard guest-star" d'une journée, un air malicieux m'est venu sur le visage, et en farfouillant dans mon sac, je leur ai dit : "Tiens, justement, je vous ai apporté quelque chose...".
Et j'ai sorti le sachet en papier.
Ils l'ont regardé, et puis j'ai entendu Jude qui faisait : "Oh, noooon..." J'ai pris les cannelés dans ma main, et elle s'est exclamé : "Des cannelés!!". Sur quoi, Chuck a sorti une de nos expressions communes indémodables parce que complices et 'privet' : "Yeeeeeah...!"
Un instant plus tard, ils en avaient chacun un dans leur main, tout sourire, s'exatasiant sur la délicieusité (peu importe si cela ne se dit pas, c'est vraiment le mot exact, pour moi, en cet instant précis) du cannelé... Et leur 'merci' si sincère, le sourire presque enfantin qui éclaire leur visage, et les yeux si expressifs.
Tout en mâchant, Jude décrète que "le meilleur, c'est d'avoir la bouche toute pleine de cannelé". Alors, elle engouffre le morceau restant, et nous regarde avec un air ravi, les joues toutes gonflées. "Ch'est une chuper chouette churprige!" Chuck renchérit : "Oui, une drôlement chouette intenchion, merchiiii..."
Jude dit alors : "Tiens, je te fais un bisou pour ça!", et m'embrasse sur la joue gauche, toute pleine de bonne humeur. Alors, Chuck en fait de même, et m'embrasse sur la joue droite. Et là, je suis juste bien. Oui, tous mes sentiments sont bien partis. Je n'ai pas brûlé, je n'étais pas transie, je n'ai pas senti mon coeur s'accélèrer de façon incroyable. J'ai juste souri tout grand.
L'instant complice, réunit autour d'un petit gâteau tout bête, mais tellement empli de notre gaité commune. J'aime ces moments-là.
Chuck devient Baron von Trucksmuff, avec un air menaçant et une grimace formidable. Comme d'habitude, on rit pour n'importe quoi. Oui, c'est peut-être bien une drôlement chouette amitié, entre nous trois. On se taquine, on plaisante, oh, que j'aime ces moments partagés avec eux... Notre petit trio, auquel vient s'ajouter par sa présence, parfois, Charlène.
Et tout à l'heure, Pierre... Si... il aurait presque pu m'agacer. Etrange, en amphi. A côté de moi, l'air blasé, crevé. Je n'ai pas aimé.
Mais ensuite. Si. Comment dire. Je ne sais pas du tout ce qu'il souhaite. Ce qu'il veut. Ce qu'il pense. J'ai bien senti qu'il était un peu mal à l'aise, au milieu de notre petite bande de musicos, lorsque nous sommes allés au Luxembourg. Jude, Raphaël, Romain, un élève de 2e année, et moi. Pierre, pourquoi ne sais-tu pas que dans ces cas-là, il ne faut pas prendre l'air ailleurs, et écouter de la musique? J'ai pourtant bien vu que tu souhaitais parler, communiquer. Mais s'il-te-plaît...
Alors, lorsque nous avons écouté la musique du concert donné en plein air, tu t'es rapproché, et nous avons discuté. J'ai senti que la balance s'est renversée, et que cette fois-ci, ce n'était plus lui qui dominait, mais moi. Je me suis faite désirable et pas toujours aussi accessible que je le pourrais. Tout ceci est un jeu étrange auquel je ne comprends pas moi-même les règles.
Car lorsque je désire, en général, je ne sais pas vraiment jouer. Je me donne, entière, je suis franche, parce que je veux, j'ai envie, je souhaite. Je ne sais pas me reculer, me faire un peu hautaine pour être désirée, je ne connais pas, ou peut-être ne souhaite pas connaître, tous ces codes de "fuis-moi, je te suis, suis-moi, je te fuis". Et pourtant, c'est bien ce que j'ai fait tout à l'heure, à l'ombrage des arbres du Luxembourg.
Il est venu se mettre derrière moi, sa présence à quelques centimètres de moi. Comme son bras qui frôlait le mien, tout à l'heure, en amphi. Son visage s'est tourné régulièrement vers moi, tandis que nous écoutions la musique, débout, le rythme dans la peau. Il me parlait, je répondais, parfois en éludant un peu, parce que tout de même, la musique me plaisait, j'avais envie de l'écouter. Pierre a vraiment un visage beau. Une gueule. J'aime sa barbe de trois jours, j'aime ses cheveux noirs et et ses yeux noirs immenses. J'aime sa démarche et sa veste, son écharpe et ses mains, si... expressives, oui. Des mains comme je les aime. Charpentées, au doigts longs, fines mais pas graciles, les ongles non rongés, les articulations belles, l'os présent mais pas saillant. Des mains indescriptibles.
J'aime tout ça.
Quelque chose s'emballe en moi lorsque je le vois arriver en amphi, je commence à sourire toute seule, sans pouvoir m'en empêcher, ce qui déclenche le sourire de connivence de Jude, et qui étouffe un rire avec moi.
Et il était là, tout contre moi, volontairement, son visage à l'espace d'une paume de main du mien. Il est si près que je pourrais l'embrasser. Qu'il pourrait m'embrasser, s'il le souhaitais. Souhaite. Mais non, nulle envie en moi. (sur le chemin du retour, envie qui remonte en flèche)
J'avoue ne pas y comprendre grand-chose, tout en ayant peur, au contraire, que cela soit trop limpide. Pierre est sans doute, en lui-même, un séducteur. Il sait qu'il a ce charme. Mais il n'en joue pas toujours ; je crois qu'il ne le fait que lorsqu'il a conscience qu'en face, on la désire un tant soit peu, ou lorsqu'il est un peu mal à l'aise.
Il peut être quelqu'un de fou, créateur, intéressant, lorsque nous ne sommes que peu, que tous les deux. Lorsque nous sommes entouré de trop de gens qu'il ne connaît pas, il devient un peu étrange, ce qui est somme toute normal. Mais je ne parviens plus à la "trouver" vraiment. Il me glisse entre les mains.
Oui, en fait, je ne comprends pas.
Par exemple, il m'a proposé de venir boire une Guinness avec lui, "la meilleur bière du monde". Hm, curieusement, pas l'envie immédiate, tout le monde partant après le concert, ayant du piano à travailler absolument pour mon cours de demain, et l'heure avançant à grands pas, fin de journée. J'avais pourtant senti les prémices de cela, lorsqu'il m'a demandé, l'air innocent : "Pas de cours de piano, ce soir?" (j'avais eu cours un mercredi, cour que j'avais oublié, lorsque nous étions allés prendre un verre ensemble)(oui, j'ai des horaires fluctuants).
Et donc, nous nous sommes tous séparés.
"Bon, alors, à la semaine prochaine!" Oui, oui...
Je me retrouve à la station de RER, à parler avec Romain. Romain avec son air bonhomme, bon, dans la lune, chaleureux. Il me demande : "C'est qui, ce gars, Pierre, avec lequel vous traînez, Jude et toi?" En quelques mots, je lui explique (en mentant un peu), qu'il est étudiant en philo, que Raphaël est persuadé que je lui voue une adoration folle (il n'a pas tout à fait tord) et que je veux sortir avec lui (ça, c'est à voir), ce qui n'est pas le cas (hum), car, euh, il est sympa, voilà tout. (c'est tout?) J'ajoute à cela qu'il peut être quelqu'un de très agréable, créateur, assez génial, mais que lorsque nous sommes avec beaucoup de monde, il devient insaississable, un peu... presque lourd, parfois.
Romain me sourit, dit qu'en effet, il l'a trouvé très sympathique, mais parfois un peu étrange. "En tout cas, il a l'air de bien t'aimer." Je souris, il me sourit. Oh, il a peut-être compris. Je l'aime bien, Romain.
Ce que je ne comprends pas non plus, c'est pourquoi est-ce que je lui ai envoyé un texto, tout à l'heure ("Alors, est elle bonne, ta Guinness?" J'avais commencé à écrire quelque chose de plus long, mais j'ai effacé, et me suis retenue), et pourquoi il n'a pas répondu, alors qu’habituellement, il répond dans le quart-d’heure.
L'énigme Pierre. Que je savoure quand même. Insaississable. Un vif-argent. Qui me plaît, malgré tout. Malgré moi.
Inspirations soudaines :
Re:
Ah, les cannelés... Une découverte toute récente, mais qui a un goût prolongé! (en effet inoubliable!)
Pour ce qui est des prénoms, c'est réparé... je me suis laissée surprendre moi-même, et ai écrit sans le vouloir les vrais prénoms des protagonistes! Tu ne m'en voudras pas, j'espère, si je les ôte de ton commentaire... Je n'aimerais pas que l'on passe par ici et reconnaisse qui que ce soit, en particulier, moi! (même si en lisant avec un peu d'attention me journées, on pourrait facilement deviner qui je suis, en me connaissant un peu).
Donc, ce sera en quelque sorte un secret, pour toi et ceux qui ont peut-être lu cet article entre temps... ;) motus et bouche cousue!
Re: Re:
Bien sûr. Je ne dirais rien. ;)
Je me doutais bien que tu avais mis les vrais prénoms parce que je procéde un peu de la même manière.
Au secours :)
Bon je vais avoir l'air de débarquer de la planête Mars, mais pourriez vous m'xpliquer ce que sont des "cannelés" ??? Parce que je connais le Kouign Aman ( C'est pas pour rien que je suis Bretonne :p ), le nougat, la réglisse tout ça, Mais pas les cannelés ...
Bon je suis désolée mes commentaires sont pas aussi poétiques et réfléchis que les autres mais bon ... :)
Me voilà à la rescousse!
Le cannelé est tout simplement un délicieux petit gâteau, qui tient à peu près dans le creux de la main. Comme son nom l'indique, il est cannelé de forme (il ressemble un peu à un Flamby sorti de sa boîte). C'est sans doute un des meilleurs gâteaux du monde (moelleux, à la croûte légèrement résistante, caoutchouteuse, et l'intérieur un peu en flan, avec un arrière-goût légèrement caramélisé), et un des plus bourratifs, pour une si petite taille! (d'ailleurs, il coûte assez cher : environ 1,50 euro pour un truc assez petit!).
Voilà, c'était la petite explication... à ton tour de tenter l'expérience en goûtant à cette merveille gustative! ;)
Cocktail
Aaaaa... Les cannelés.
Il fallait absolument que je mette un commentaire, rien que pour ça.
Ma maman sait même les faire, et qu'est ce que c'est bon...
Inoubliable.
Enfin bon, je ne vais pas non plus faire m'éterniser sur le goût délicieux des canelés.
Je vois que tu as passé une très bonne rentrée. En espérant que les prochains jours seront de la même couleur.
[Par contre, j'ai un "problème" avec des noms... ]