Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Ten days

Je suis rentrée tout à l'heure. Encore la tête pleine de leurs sourires, de la musique qui emplit les poumons et des gestes que l'on esquisse, pour dire.

Oui, comme ça, continue, tu y es.

Ma voix qui s'élève et les mots qui sortent de ma bouche. Les facettes qui virevoltent, oui, je les ai, ces mots, sous mon stylo qui court et entre mes lèvres.

Silence.
Une échappée dans la masse sonore.

Merci.
Je voudrais seulement vous dire merci, pour ce cadeau si beau que vous m'avez fait. Vous ne vous êtes peut-être pas rendu compte. Je ne sais pas. Mais lorsque vous avez lu mes mots, dans la cathédrale, lorsque je vous entendu prononcer le premier d'entre eux, quelque chose s'est renversé à l'intérieur. Ca battait fort, fort. Grands coups. Mes mots. Là. Qui prenaient vie.
Le sourire qui ne décroche pas, et puis vos yeux qui n'ont pas croisés les miens, pourtant j'étais juste à côté, tout devant. Vous vous retourniez souvent, juste avant de lire ce texte. Justement pour les chercher, mes yeux.

Alors, silence.

Silencio. 

J'ai tant de choses à écrire. Il faudrait que je parle... tout vient en vrac, tout s'accumule contre mes doigts, je vais lâcher la cascade de mots sans retenue, sans mettre d'ordre.

Après le concert final, entre Lisiane et Lucas. Cette ambiguité si délicieuse entre nous trois, ou plutôt, entre lui et nous deux, juste un jeu, juste un jeu. Ses quinze ans pleins de fraîcheur, avec cette étonnante maturité, et cette conscience de ce charme qu'il dégage. Juste un jeu.
Les "rrrr" qu'on se lance, les lunettes de soleil de Ronan, et la virée dans leur chambre faite à une heure du matin. On resquille, Lisiane et moi, longeant le mur des couloirs pour ne pas se faire repérer par les anims, et nous voici plongées dans le noir de leur chambre, eux tout étonnés de nous voir débarquer en riant. Chuchotements qui s'emmêlent, sa main qui vient tâtonner nos cheveux, pour nous reconnaître dans la pénombre. On se fait magiciennes, et sortons de nos poches du Toblerone. Juste un jeu.
Lorsqu'il nous dit mi-riant mi-sérieux qu'il aimerait bien avoir deux ans de plus pour qu'on l'intégre à notre harem -encore une idée saugrenue de fin de stage-, et qu'il me demande à la fin du déjeuner : "Tu m'abandonnes?"... Juste un jeu.
C'était drôle et délicieux. Jouer un peu à la grande, peut-être, oui. Lorsque Lucas et Ronan nous regardaient, et s'amusaient à s'approcher de nous à quelques centimètres à peine, sous prétexte de comparer nos tailles respectives. Oui, on devient mythe, un peu, pour eux, joli et mystérieux. Les 'grandes' de 17-18 ans, qui font pétiller leurs yeux lorsqu'on se fait des signes à travers les fenêtres. Juste un jeu. Pas de sentiments, juste des sensations.


Cet épanouissement si intense que j’ai ressenti, lors de l’heure quotidienne de théâtre. Une heure de bonheur puissant, comme si j’étais alors un poumon immense, pour sentir, sentir. J’aurais pu jouer encore des heures, et lire toujours ce texte, que vous m’avez donné, pour le dernier ‘exercice’, le dernier jour, vous souvenez-vous ?
Oui, je vais tout lui dire.
Est-ce un crime ? Tant pis ! Quand le cœur se déchire,
Il faut bien laisser voir tout ce qu’on y cachait.
Ce bonheur profond de retrouver le théâtre, enfin, enfin… Qui me manquait depuis si longtemps, je crevais, je crevais de ne pas en faire, comme quelque chose en moins. Un bout de moi retrouvé. Je ne saurai trop vous dire merci.

Ses mains qui m’accrochent le micro à la veste, nos regards à la dérobée, juste. Je sens toute la confiance qu’il met en moi pour lire ces lignes, pour les prononcer, les ressentir, les exprimer, les partager, les dire. Envie d’être à la hauteur, et encore, non, envie de vivre. De les vivre, ces mots.
Si mon instrument était une émotion, ce serait…
Je respire, je respire, je pense à ce texte que j’ai écrit, et qui circule dans la foule devant moi. Imprimé, oui, imprimé. Cette sensation de reconnaissance. Ils le lisent, ils les parcourent du regard, mes lignes, en ce moment. Et moi, je vais lire un autre texte. C’est si intense, comme instant, je ne peux pas être fébrile, je ne peux pas ; au contraire, c’est une force énorme qui m’habite, je suis heureuse, heureuse, sereine, forte, encore et encore.



L’avant-dernière nuit, tous assis dans l’herbe, près de la route déserte. Le silence tout autour. Une petite poignée de stagiaires, assis là, à contempler les étoiles. Grégoire, si étrange, spécial, et sensible à la fois, un curieux paradoxe. Si plein d’humour qu’il en deviendrait presque beau, parfois. « Ecoutez ! »
La tête renversée et les rires qui fusent, je suis pelotonnée contre Marion et . On écoute la nuit, on respire les bruits, on s’imprègne, le temps nous est compté. Les jours qui défilent et les heures qui s’écoulent. One, two, three.

Dis, tu veux jouer avec pendant une minute à…



Lisiane avec ses bolas, qui virevolte alors que la nuit tombe.

  


Le piano, seule dans le grand amphi, vide, dans la pénombre. Seule une lumière sur la scène. Tout au bout, tout en haut des gradins, se découpe parfois, de jour comme de nuit, des silhouettes toutes noires, dans l’encadrement de la porte.
Seule
, les notes qui coulent sous mes doigts. Ou Kami au violon, avec la violoncelliste, et Vivaldi qui nous réunit. Un morceau si beau, qui empoigne à l’intérieur, et retourne sans prévenir. Je m’amuse à faire sonner le violon de Kami. Contre mon épaule, le son qui vibre. J’aimerais tant à cet instant, savoir jouer de cet instrument, pour le faire résonner jusqu’à n’en plus pouvoir, juste pour sentir toutes les vibrations, vibrations que l’on n’obtient pas à la flûte ou au piano. Vibrer avec l’instrument, oui, peut-être.

Et les folies de dernière minute, des derniers soirs. Le saucisson qu’on coupe au cutter, entassés dans la chambre d’, Lisiane, Marion, Kami, Grégoire et moi assis sur le bureau, le blocage de l’étage des profs à grand renfort de papier blanc, l’emballage d’une voiture d’un prof par ces mêmes profs, les photos piégées, les fous rires durant les répétitions d’un arrangement de la Panthère Rose,  où l’on porte lunettes de soleil, crie « Rrrôôôaaaaarrrr », tend les mains pour monter des griffes imaginaires, et claque des doigts avec une démarche chaloupée : un sacré succès.

  
                                   


Trop de choses  à dire, trop, et je suis fatiguée…
Et le sourire des petits, ne pas oublier. Le petit Romain, qui, du haut de ses huit ans et demis, me dit d’un air de défi qu’il peut me plaquer contre le sol, sans que j’arrive plus à bouger. Je relève le défi, et me retrouver en effet cinq minutes après dos contre la pelouse, hurlant de rire, avec Romain qui me tient bon les bras contre le sol, sans plus pouvoir bouger du tout.
Mathilde, toute fraîche avec ses bleus et ses cheveux tout soyeux, oh, Feu, raconte-moi une histoire…


Le sommeil me prend, j’ai failli écrire soleil, c’est dire si ces dix jours ont été lumineux…
Je finirai. Plus tard.

J'ai a peine fini de tout décharger ici. Des souvenirs en masse, qui renversent le coeur.

Je repars lundi.
Encore pour de la musique.


Ecrit par Feu, le Dimanche 24 Juillet 2005, 01:22 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

manzin
manzin
24-07-05 à 02:50

beaucoup de nostalgie dans ce texte.
Beaucoup de souvenirs en brut aussi.

Heureux de constater que tu a passé un bon séjour (euphémisme?) et heureux de te revoir par ici, même si tu repars bientôt.

 
Feu
Feu
24-07-05 à 15:43

Re:

Nostalgie... Peut-être. Mais surtout des instants, pas vraiment des gens, je crois. Plutôt des moments, oui, du vécu, que des personnes en particulier. C'est curieux, je ne le constate qu'à présent, cette année à été moins centrée sur quelques personnes en particulier, moins basée sur "l'affect". C'était quelque chose de plus... de moins centré, oui. Mais intense à sa façon. Je n'arrive pas à mettre de mots précis dessus, ah, j'ai perdu ma plume en dix jours!...
Bref, je m'emmêle déjà!

Je te réponds entre deux faisages/défaisages de valise... Snif, j'ai pas le temps! J'enchaîne, sans transition véritable... Je suis désolée manzin, il va falloir encore mettre des parenthèses sur Feu pendant une semaine, puis me revoici!
Je ne désespère pas de réussir à te parler deux minutes bientôt! :)


 
manzin
manzin
24-07-05 à 15:48

Re: Re:

Et bien, des que t'as deux minutes moi je suis là de toute facon.
Le dimanche on fait rien comme des gros manches !

Tu pars où cette fois?

 
Alain
24-07-05 à 22:13

Content de te lire de nouveau, bon nouveau voyage, et à bientot j'espère !

 
Feu
Feu
26-08-05 à 23:16

Re:

Merci Alain! Et toi, tu n'écris plus?...

 
manzin
manzin
24-07-05 à 22:11

Re: Re:

Quoi que je commence a croire que c'est peut être pas aujourd'hui que t'auras deux minutes de temps libre! :p

 
Paradoxa
27-07-05 à 12:53

Impression

Impressions :
- d'avoir vécu les mêmes choses que toi
- dans les moindres détails
- le retour difficile aussi pour moi..

J't'embrasse fort

 
Feu
Feu
02-08-05 à 19:41

Re: Impression

J'ai lu aussi ton article, et je pourrais écrire la même chose...
Oui, c'est difficile, ces retours. On sait que ça n'était qu'une parenthèse, et pourtant, on a la sensation que "la vraie vie" était là-bas.

:)

 
manzin
manzin
02-08-05 à 12:23

Tiens! Je passe comme ca et je constate que ca faisait une semaine hier.

Es tu rentrée? Etait ce bien?

A vite :)