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Esquisses et ce qu'il y aura demain? Qui sait?

Depuis hier soir, je demande s'il faut que j'écrive un peu sur "ça". Jusqu'ici, je m'interdisais quelque peu d'effleurer le sujet à l'écrit, mais après tout, ce n'est parce que l'on écrit sur un moment précieux, qu'il s'envole de notre souvenir pour autant.
C'est plutôt que je n'avais pas envie d'en parler, car j'ai remarqué que lorsque je mets sur papier les bons moments, la plupart du temps, ils ne donnent pas suite.

Je resterai juste allusive ; je n'ai pas envie que mes mots viennent sous-titrer des instants... Juste effleurer le moment, légèrement, pas de gravité, dans son sens le plus "physique" du terme ; je ne veux pas que les phrases retiennent à terre les idées, plaquent contre le sol les secondes écoulées.

C'est terrible, parce que K. est de plus en plus chaque jour. Non, ce n'est pas une faute de frappe. Il est "de plus en plus", je ne mets pas de terme, pas d'adjectif, il n'y en a pas.
Il a la capacité de remplir toutes ses attitudes d'une intensité calme et posée, chaque geste est habité jusqu'au bout. Lorsqu'il esquisse un sourire, il l'esquisse vraiment. Même ses hésitations sont pleine de quelque chose, de je ne sais quoi. Pas de mouvance, comme tous les gens que je connais ont. Une assurance tranquille, mais pas une assurance orgueilleuse, non. Il a une façon d'être là, pleinement lui-même, et de faire chacun de ses gestes en étant tout à fait lui-même. Il ne disperse pas ; il est là, c'est tout. Pas de regards en tous sens, d'ébauche inachevées, de mots inutiles. C'est comme si l'instant était vécu de façon inaltérable à chaque seconde. Comme lorsqu'en dessin, on trace des traits nets, pleins, et en même temps pleins d'un mystère si attirant.
Non seulement, K. est beau, mais il a un esprit fin. Une maîtrise de philo. Une liberté d'esprit. Une façon de s'intéresser aux autres. Lorsqu'il parle à quelqu'un qui l'intéresse, il est d'une attention si exquise... "Attends, elle n'a pas fini", et son regard qui se pose sur moi, et son sourire si.
Il a une petite amie, je l'ai appris hier au détour d'une conversation à voix basse qu'il avait avec un copain, en cours. Une remarque allusive, brève.

Je n'aurai jamais cru qu'il me porterait tant d'attention, hier soir. La nuit tout autour, et nos mots qui s'échangent. Projets, désirs, études, lettres, philo, musique, des aperçus d'un futur en construction, d'un avenir qui s'ébauche. Et lui qui me relançait, à chaque fois.

Mais je sais très bien que.
La seule chose, c'est que j'ai peur de moi-même. Je sais comme je suis sensible à certaines personnes. A ce genre d'esprit. A son esprit, qui vient s'ajouter si agréablement à sa beauté évidente.
Je ne veux pas en venir à m'interdire à nouveau. M'interdire. Je ne dis pas le mot. Les mots. Lesquels, je ne sais pas exactement. Mais. Pas maintenant.
Je ne vais pas glisser.

Mais c'est si agréable. Parce que rare ; un, deux jours par semaine, c'est si peu.
Je n'aime pas la fac pour cela. Cette... intermittence. Ces points de suspension.

Cette façon qu'il a d'être plein de lui-même ne peut que m'emplir à mon tour.
Alors, en attendant, je savoure juste. La caresse du moment. Heure exquise qui nous grise lentement.
Ineffable étreinte de... Les vers de Beckett me hantent.
Je ne veux pas attendre Godot. Portège-toi, Feu, protège-toi. Même si j'en suis loin.




Ecrit par Feu, le Mercredi 11 Janvier 2006, 17:09 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

raskolnikov
11-01-06 à 19:43

Puis elle expliqua ses sophismes magiques avec l'hallucination des mots.

En effet, tu n'aurais pas du sortir cette partie de ta cervelle, parce qu'il est difficile de commenter.
En fait, tous commentaires est superflu,
sauf le mien, il va de soit....

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.


 
raskolnikov
11-01-06 à 19:54

Re:

Vous êtes evidemment ivres mou, si vous lisez "tous commentaires est...".

 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:02

Re: Re:

En effet, je crois que j'ai un petit coup de trop dans le nez!

 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:01

Re:

C'est étrange, je ne sais pas trop comment prendre tes mots... Ironie ou pas?
Il y a à la fois le "magique", mais le "sophisme", le "difficile de commenter", et le "tu n'aurais pas dû"... Ai-je fait preuve d'une niaiserie certaine? ;)
Quoique, l'impression finale : pas tant d'ironie que ça... mais je préfère rester prudente. Mon côté paranoïaque, bien entendu. Ahem...

(De qui sont-ils, ces petits vers en italique?)

 
souffle
souffle
11-01-06 à 20:50

je n'ai jamais connu de personnes telles que tu le décris lui... ça fait, pas comme un manque, mais un peu quand même...

beau et intelligent... parfait??


 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:03

Re:

Oh non, sûrement pas parfait. Heureusement, d'ailleurs!
Disons qu'il me plaît, beaucoup. Mais comme tous les goûts sont dans la nature, ce ne sera peut-être pas le cas pour tout le monde... (même s'il me semblerait difficile de ne pas lui trouver du charme!)

 
Endlich
Endlich
12-01-06 à 09:15

Ce n'est pas le garçon qui m'a marquée dans ton message (après tout, on en croise toujours un ou deux qui ont le 'truc' comme on dit), c'est cette toute petite partie : C'est plutôt que je n'avais pas envie d'en parler, car j'ai remarqué que lorsque je mets sur papier les bons moments, la plupart du temps, ils ne donnent pas suite.
parce que.
J'pense exactement la même chose.
J'pense que certaines choses que l'on vit en doivent qu'être vécues et soigneusement rangées dans un coin de la tête, par un genre de superstition stupide comme quand on ne dit pas ses voeux pour qu'ils se réalisent.

Les cacher, ça les aide à se reproduire ces moments si bons qu'on en perd un temps la parole.

:)

(et puis des fois on craque, mais je n'ai jamais réussi à raconter un de ces moments aussi bien qu'il était)


 
Orage
Orage
12-01-06 à 18:54

Re:

Juste, c'est tellement ça.
(Même si je craque un peu trop souvent pour que)
(En fait non, souvent je m'en tire en évoquant juste, pour que personne ne sache de quoi je parle, à par moi. Pour quand je relirai.)

 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:07

Re: Re: Orage

Je suis aussi de plus en plus tentée par cette façon d'écrire, en évoquant rien que pour soi... tant pis si c'est incompréhensible pour ceux qui lisent. Comme si l'on préservait plus le moment, comme ça.

(chouette, ta petite photo icône)

 
raskolnikov
15-01-06 à 23:50

Re:

Bien que respectant ta vision, je pense qu'il est plus difficile de "motifier" ces moments de bonheur sans tomber dans le niais, le commun et finalement les retranscrire en leurs ôtant tout ce qui en faisait des moments si particuliers...

 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:11

Re: Re:

Tu penses qu'il est plus difficile de retranscrire un moment sans tomber dans le niais, que de s'empêcher de le raconter?
En fait, je ne suis pas certaine d'avoir bien compris (décidément!) : tu dis "il est plus difficile"... mais plus difficile, que quoi?

Sans doute est-ce évident, mais je ne suis vraiment, vraiment pas réveillée aujourd'hui.

(mais il est vrai que, comme je le disais plus haut à Endlich, même si nos mots peuvent paraître évoquer quelque chose d'intense, esquisser une vértié, bien souvent ils ne feront que l'effleurer, tenter de mettre sur papier des bribes maladroites du souvenir de l'instant passé, semblants gourds et jamais assez proches de la juste sensation)

 
Endlich
Endlich
16-01-06 à 16:39

Re: Re:

j'ai pas bien compris si c'était une réponse à ce que j'avais dit ou à Feu ou à Orage ou... Mais on dirait que t'as lu que je disais qu'il était facile de retranscrire ces moments dont on parle, alors que c'est exactement le contraire que j'ai dit.

(ils sont bizarres tes commentaires)


 
Feu
Feu
16-01-06 à 16:06

Re: Endlich

Contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir cette sorte de "supersition". Oui, c'est ce que tu dis, les cacher, les garder pour soi, c'est comme si ça aidait à les reproduire ; comme si les écrire, les traduire par des mots, les raconter, c'était les détacher un peu de soi, et perdre le potentiel qu'ils ont eux, l'éventualité qu'ils se reproduisent, qu'ils trouvent un jour nouveau.

(et c'est vrai aussi qu'on craque, et c'est vrai aussi que les mots semblent parfois ne retranscrire que piètrement un instant ; du moins, s'ils donnent quelque chose d'agréable à la lecture, qui emporte et envoûte, ce ne sera pas exactement la même sensation que celle que l'on avait durant l'instant, ça ne sera pas tout à fait la même sorte d'envoûtement)

:)

 
raskolnikov
17-01-06 à 18:52

Re: Re: Endlich

Mais pourquoi utilisez-vous autant de parenthèses...?

 
Feu
Feu
19-01-06 à 15:44

Re: Re: Re: Endlich

Je crois que la parenthèse est un virus spécial : une fois que l'un l'a attrappé, les autres sont contaminés, et l'on se répond de parenthèses en parenthèses... enchantées?