Remontée d'instants. J'ai envie d'écrire mais ne sais pas quoi.
Plutôt envie de décrire des moments, trouver des choses, d'y penser vaguement, phrase par phrase.
Donc…
Kami revient bientôt d’Asie.
Ma mère était presque pompette hier soir, c’était assez amusant, elle et ses amis invités se sont mis à chanter de vieilles chansons d’enfance, drôle de spectacle. Ca me fait sourire doucement.
Il faut que j’appelle Diego.
Il faut que j’arrête d’avoir peur du téléphone.
Les photos d’Avignon sont développées ; certaines sont à mourir de rire. Entre autres, Kami avec son turban qui tombe, et moi avec des yeux en barquette aux fraises….. ! Et aussi un espèce de mec qui nous disait avoir passé trois mois au Tructruc-an (pays d’Asie mineure dont j’ai complètement oublié le nom), et que là bas, il avait trouvé son vrai moi, et qu’il proposait qu’on fasse des massages à 4 mains et que je serve de cobaye. Je me rappelle qu’il nous avait montré comment il faisait le poirier, et que, comme son short était assez ample et court, on n’avait pas vu seulement le poirier mais son feuillage ! :D Sur la photo, j’ai l’air traumatisée, parce que depuis ¼ d’heure, il essayait plus ou moins habilement de nous peloter en nous disant : « Libérez votre moi intérieur ! Faisons des massages à plusieurs ! Cool men, je vous aime ! Nous nous aimons, tu vois, ouais, hein ? Laissez-moi faire… » Au moment ou Kami a pris la photo, on était mortes de rire, ça se voyait tellement qu’il voulait nous embarquer je-ne-sais-où ! Alors j’ai pris une tête traumatisée, en fermant les yeux, tandis que lui voulait vaguement me faire un massage de tête… Souvenir hilarant !
J’aime toujours autant respirer le papier des livres. Le papier fané et jauni sur les bords, un peu râpeux, le papier neuf, lisse… Plonger son visage entre les feuilles et s’en imprègner.
J’ai envie de voir Antoine. Et Mathilde. Et Dora. Mais soudain, Antoine surtout me manque. Et Kami.
Il faudrait que j’aille sur le Pont des Arts. J’adore ce pont. Pas pour sa renommée, son côté « Paris-artiste ». Peut-être l’air de liberté qui y souffle. Oui, peut-être le côté un peu artistique. Parce que je ne sais pas. J’aime ce pont, c’est tout. Comme j’aime lorsque je traverse en voiture le pont Alexandre III. (ou Charles IV, je ne sais jamais, bref)
Je m’aperçois que je pourrais difficilement vivre autre part qu’à Paris. Si belle ville. Parfois, je ressens une envie de vivre dans une ville dans laquelle j’ai passé des vacances formidables, mais c’est momentané. Je ressens toujours cette sorte d’appel de Paris. (hmm, on se croiraît dans l’Appel de la forêt…)
Je me demande ce que ça fait de voir mourir quelqu’un qu’on aime. Voir mort quelqu’un qu’on aime, j’ai déjà vu. Mais voir mourir, je ne sais pas.
J’ai peur, en faisant musicologie, de me restreindre. Tout en sentant que je peux approfondir ce domaine bien plus loin que je ne le pense, et qu’il est plus vaste que je ne le soupçonne. Garder la littérature en soi.
J’aime trier, ranger, regarder les vieux dessins, les lettres, feuilleter quelques classeurs d’idées, des classeurs dans lesquels j’ai mis des cartes de cafés, deux trois photos, des billets de train, de ciné, un set de bière, quelques mots d’amis, une liste de course pour une orgie entre copains, un morceau d’affiche de théâtre. J’affectionne tous ces petits bouts, ces morceaux, ces entiers du passé, qui sont toujours aujourd’hui puisqu’ils me constituent.
J’aime faire des cahiers de voyage. Lorsqu’ils sont avec des amis, tout particulièrement. Un voyage de classe à Florence, un cahier-remember avec Kami pour Avignon, d’autres cahiers avec Kami, toujours, toujours des écrits…
Ecrire, écrire, écrire. Des images écrites, des images récoltées et collées sur des pages.
J’aime dépenser de l’argent pour des choses que l’on croit sans le croire formidables et qui s’avèrent délicieusement inutiles. Un journal, un gadget stupide, un granita, un collier africain à 1euro qui se casse la figure, un biscuit à la drôle de forme, partagé à la terrasse d’un café, une vieille image début du siècle.
Il faut que je cesse de parfois avoir une légère angoisse, ou au contraire une euphorie extraordinaire sans raison. Que je prenne plus les choses en main tout en gardant de la distance, que je cesse d’hésiter pendant des heures à téléphoner, faire, organiser, apprendre, savoir, dire oui, dire non, puis ensuite foncer tête baissée en un grand sourire. J’apprends de mieux en mieux à prendre de la distance, à mieux considérer autrui, les choses, ce qui m’entoure. Juste une question de perception, c’est tout.
J’aime me rappeler des moments de complicité instense que j’ai eu et ai toujours avec des amis. Cet espèce de même sourire qui se dessine dans les yeux de l’autre, et qu’on sent dans les siens. Le même air qu’on retrouve en soi et en l’autre, on sait que la même idée germe, et c’est parti pour un grand fou rire ou un grand projet. Je pense à Mathilde et moi derrière un canapé ou à la terrasse du News, Kami dans des milliers de situations plus loufoques les unes que les autres – dans le champ de colza, dans sa vieille maison neuve, devant la colombe trouvée dans mon jardin, sur le chemin du conservatoire avec la demi-chouquette, dans le bar à Tapas -. Je pense à Antoine lorsqu’on a préparé l’anniv surprise pour Mathilde. Je pense à ces amis, à chaque fois qu’on a organisé quelque chose ensemble, ça se sent dans la voix, les yeux. Je n’arrive pas à exprimer ça suffisamment, cette intensité qui passe soudain, l’excitation partagée qu’on entend en soi et l’autre.
Je pense aussi à Emile. Malgré tout. Ces petits instants de vraie complicité ou plus rien n’existe.
Sentir le stylo qui court sur le papier. Se sentir heureux de la forme de son écriture.
Ah, j’ai envie de serrer Kami dans mes bras. De voir Antoine avec sa polaire toute douce.
J’ai envie de voir ma grand-mère. D’être chez elle, dans sa cuisine, et qu’on bavarde ensemble, pendant qu’elle sortira un de ses innonbrables plats pour préparer quelque chose.
Mais c’est terrible, la désillusion d’avoir grandi. Tout paraît si petit… Le jardin-forêt-vierge, dont la pelouse est devenue de la taille d’un mouchoir de poche. L’allée-qui-serpente-entre-les-baobabs, il faut bien que je m’en rende compte, qui n’est à présent qu’un petit chemin de sable entre la maison et le garage, tout au fond. La grande-pente-de-la-mort que mes cousines et moi dévallions en vieille trotinette rouillée des années 50, est une légère dénivellation. Mais cette maison est toujours là. Toujours cette ambiance, ces odeurs, ces mêmes bruits – les pas dans l’escalier le matin, le tabouret devant retiré, Mamie est levée, le chien en bas, les volets automatiques qui ferment le soir de Noël, l’horloge qui bat, Mamie en robe de chambre, toujours cette bleue à pois blancs, la sensation des vieux canapés de cuir, la cave avec toutes les bouteilles qu’aimait Jean, mon grand-père, la chambre de mon père, tout en haut sous les toits, petite et étrange, sa guitare, une photo de lui jeune, un crâne de lapin, des peintures réalisées par lui, la lumière, alors que celle de ses 3 frères et sœurs sont au 1er étage. La salle de bain, oui, la salle de bain, sa lumière à travers les rideaux. Le matin.
Nostalgie soudaine.
Etrange d’être nostalgique alors qu’on a la vie devant soi.
Peut-être est-ce parce que justement, on ne sait pas. Les gens qui nous entourent ne l’ont peut-être pas toute.
Je pense à grand-père (maternel). Si vieux. Si seul. Nous sommes presques les seuls à aller le voir. Il y a une demie sœur de ma mère. Une sœur aussi, vaguement. Après 13 ans de silence avec ma mère, suite à une grave dispute, je l’air « découvert » en novembre dernier. Ecrit. Vu. C’est magnifique, de se découvrir un grand-père.
Tous ces gens…
Qu’est-ce qu’ils comptent, pour moi. En perdre un, c’est perdre une partie de moi-même. Ca peut faire cliché, mais c’est si vrai.
Je crois qu’il est temps que j’arrête d’y penser.
Inspirations soudaines :
Moi aussi j'adore l'odeur des livres, vieux livres qu'on n'a pas ouvert depuis des années et des mois et des jours. Les journaux (comme ce jour où l'encre était bizarre, si bizarre que j'avais des lignes de mots à l'envers imprimées au visage toute la journée).
Sinon, pour cet article, je te dis BRAVO, vraiment génial.
Re:
Je crois que oui, l'odeur des vieux livres est une de mes favorites - pourtant il ne m'est encore jamais arrivé d'avoir des lignes imprimées sur le nez! ;) On ne sait jamais, Schusss, ça peut toujours m'arriver! Il faudrait que j'essaye avec de très vieux livres... -
Biz à toutes les deux, au plaisir de vous revoir ici !
BubbleGum
C'est beau
J'aime sentir l'odeur des pages des livres, moi aussi. Les vieux livres surtout..
Bubblegum