Il y a une question que je me pose : pourquoi est-ce que je cours après le temps et que le temps court après moi? Pourquoi est-ce que je suis montre en main et que je me fais houspiller parce que je suis en retard?
J'ai toujours un problème de temps.
Quand je suis seule (pour aller à un rendez-vous, face à une copie de bac, pour bosser, pour m'organiser), j'ai un mal fou à appréhender le temps. Il passe, et passe, et passe... Je le laisse filer, je le gère n'importe comment.
Mais lorsque je suis en compagnie de quelqu'un (avec Kami à Avignon par exemple, où lorsque je suis au téléphone, lorsque je parle, lorsque je suis avec des amis, de la famille, bref), je deviens Mme l'Horloge Parlante. Je me suis révèlée parfois insupportable avec Kami à Avignon, alors que je n'avais qu'une envie : laisser le temps filer lentement, comme je l'aime tant.
Et en même temps... parfois il m'arrive de l'oublier, ce temps, même en compagnie. Les coups de téléphone avec Mathilde. Les journées à rallonge entre amis, comme une bulle intemporelle.
Ca m'agace, je n'arrive pas à m'exprimer, je ne sais pas où je veux en venir, je m'énerve moi-même, j'ai envie de cracher partout la salive que je n'ai pas, j'ai envie de crier parce que je n'arrive pas à parler.
Bordel, je n'arrive pas à écrire parce que je ne sais pas ce que veux écrire tout en sachant très bien où est le problème : le TEMPS. Putain, où vas-tu. Pourquoi est-ce que je ne suis pas organisée? Pourquoi est-ce que je prends des milliers de décisions mais que je me laisse la couler douce, plutôt que d'agir, de bosser, de faire mes trucs à faire?
Tempus fugit irreparabile.
Tout m'énerve. Tout m'énerve ce soir, tout m'énerve, trop de gens et pas assez, trop d'idées et pas assez, trop de projets et pas assez, je m'étouffe, j'étouffe, je ne sais pas où je vais, je pète momentanément un plomb, j'en ai marre d'être surbookée tout en ne faisant rien parce que j'ai la flemme, et d'avoir ensuite à tout rattrapper d'un coup. J'en ai marre des vacances, j'ai besoin soit :
de faire un break, seule, dans la nuit, ailleurs, ailleurs, ailleurs
soit :
d'être dirigée, d’être obligée de bosser, qu'on me donne des ordres, d'être un peu perdue pour me prendre en main
J'en ai assez d'être inactive, de ces vacances qui s'éternisent sans savoir ce qui m'attend, j'ai envie de savoir, savoir, savoir. Savoir ce que je vais faire cette année en musico. Savoir, savoir tout le reste.
Je veux tout.
Ca m’agace, parce qu’il m’arrive plein de choses bien en ce moment, je vois Kami, on s’éclate, je reçois des mails d’Emile, coups de fils de Mathilde et Antoine, des textos de JS, je lis des bouquins intéressants, j’ai fait un peu de shopping bien, il ne fait pas trop chaud, pas trop froid, j’ai des choses à faire.
Et en même temps, rien. Rien, rien, RIEN. Je n’ai rien à faire, parce tout ça est disséminé sur tous les jours, au fil de ce putain de merde de bordel de temps. J’ai envie d’être occupée à n’en plus pouvoir. Marre de ce petit rendez-vous chez le médecin, de ces petits papiers à remplir, de ces petits dossiers à renvoyer, gnan gnan, par-ci, par-là, comme ça, l’air de rien, en plein milieu de la journée, mesquins, mesquin, MESQUINS !
C’est facile de s’exciter sur son blog. J’étais de très bonne humeur au début de la soirée. Et puis, là, soudain, toutes les petits frustrations accumulées, qui ne sont rien en soi, en elles-mêmes, de déversent d’un coup.
J’ai envie de vibrer, de respirer, de vivre. J’ai envie de voir ailleurs, d’aller ailleurs. J’ai envie de Paris, j’ai envie de marcher sur les ponts, là où mes pas me portent. J’ai envie d’être occupée, ou rien. Pas ce petit milieu déroutant, entre deux, 1+1+1+1+1. C’est très agréable au début, on se dit : « Tiens, je sors progressivement des vacances, allez, doucement, ça fait du bien, je me sens contente de remplir certaines petites tâches, comme ça, au fur et à mesure, je me construis. »
Mais là, soudainement, j’en ai assez. JE VEUX AGIR.
Qu’on me donne des ordres.
Je veux me sentir utile. En fait, il faut que je me force moi-même à faire tous les projets que j’ai.
Voilà. Il faut que je devienne mieux que jamais mon propre maître, ne pas attendre trop d’ailleurs. Il faut que je me dirige pour ne pas aller à la dérive et marcher en zigzag entre ennui et paresse, entre agitation et courses vers nulle part.
Je parle trop, je m’agace.
Il faut que je prenne une douche froide.