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Bonjour tristesse

Dis, quand est-ce qu'on arrête de se regarder sans se voir, de se voir sans se regarder, et de se fuir pour encore moins bien se trouver? C'est quand demain?...

Charlène m'a murmuré : "Ton admirateur te regarde" ; je n'y crois plus. C'était bref ; je n'ai même pas tourné les yeux, par peur de rencontrer les tiens, et par peur de ne plus les rencontrer ; par peur que ce ne soit que moi qui tourne les yeux, et que toi, déjà, tu aies abandonné. Tu en regardes aussi tellement d'autres, et moi je n'ose pas avancer, je feins d'ignorer, regards à la dérobée et fuite accelérée. Chut. Le temps qui passe et me glisse entre les doigts, j'ai parfois l'impression de rêver si fort que j'en écrase les instants possibles, lorsqu'ils viennent à moi. Mes pensées pèsent trop sur le réel, au point d'en effacer les contours de ce qui pourrait vraiment être. Je rêve trop et pas assez. Illusions perdues-retrouvées. Echappée.

Alors, demain, si je te vois, j'aurais pensé tellement fort ce soir que je serai muette, bloquée dans le carcan des non-dits et des suggérés, des je n'ose pas et des si seulement. Comme aujourd'hui, je passerai devant sans te regarder, tout en sachant très bien que tu es là, comme hier, on échangera deux mots en début de cours en s'agrippant du regard, avant que tu t'asseyes devant moi, et tu parleras avec une autre, parce que tu es charmeur, tu le sais, tout en me regardant parfois, en attendant quelque chose de moi qui ne viendra pas. Parce que je ne sais pas. Bloquée. Comme aujourd'hui, on se retrouvera dans le même wagon, et pas comme l'autre jour où tu tournais tes yeux vers moi qui riais tout fort, tu me tourneras le dos comme aujourd'hui, parce que tu auras peut-être cru que tu ne m'intéresses plus. Qu'est-ce qu'on est con, parfois. Qu'est-ce qu'on est imbécile, moi.

Et je me crierai des choses contradictoires, deux voix opposées me crieront dans la tête "Regarde-le" et "Détourne-toi", et comme aujourd'hui, je me retrouverai dans mon autre métro, sans avoir croisé tes yeux dans notre wagon, et je me sentirai salement triste. Y aura mon coeur écrasé quelque part dans ma poitrine, pas à sa place habituelle, parce que un peu trop mobile en ce moment, ça y est, j'ai un coeur portable, un coeur sans fil. Quand la ligne est occupée, elle qu'elle est soudainement coupée, ça fait souvent mal.

C'est un peu un dernier appel, un "Last call" d'aéroport que je lance dans ma tête, sans y croire vraiment, sans le vouloir vraiment peut-être, parce que je suis malgré moi glissée dans ma peau de peur, dans mon manteau de craintes.
J'aimerais bien que. Tu.

J'aimerais que comme il y a une semaine, je sente l'oxygène m'exploser la poitrine, comme ce mercredi ou tu m'as regardée tellement intensément, c'était juste ça, et puis, comme ce vendredi où on était tous dans le métro, tous dans le wagon, et où tes yeux étaient fixés sur moi. C'était avant qu'on commence à se fuir. Je crois que c'est à cause de moi. Parce que. Bonheur formidable soudain envahi par une peur irraisonnée, alors j'ai fui tes yeux et j'ai souri ailleurs. Alors que. J'aurais dû peut-être.

Alors demain, j'espère que tu seras là. Parce que je refuse de m'en rendre compte vraiment, mais ça fait (un petit peu) mal. Un petit éclat de verre qui blesse un peu. Mais qui blesse.
Quand même.

Ecrit par Feu, le Vendredi 21 Octobre 2005, 21:53 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

manzin
manzin
21-10-05 à 22:40

Chère toi.

Il y a dès choses dans la vie qui valent le coup d'être dites même si 1) ca ne fera pas vraiment changer la situation 2) ce n'est pas forcément a propos et 3) ce n'est pas forcément le meilleur moment de les dire.
Mais comme je suis ni un garcon qui pense pouvoir faire changer toutes les situations, que je ne suis que rarement a propos et enfin que je n'ai aucune notion du tacte je m'en vais te les dire.

Feu...., tu es bête! Oui, tu a bien lu. Oh je ne met pas en doute ton intelligence, au contraire. Je pense que les gens les plus bêtes sont les plus intelligent en ça qu'ils se posent trop de questions.
On peut être mauvais joueur, mauvais perdant, mauvais gagnant même. Mais dans tous les cas cela implique que l'on s'est mouillé.
Toi, tu rentrerais dans la catégorie bonne perdante mais tu n'y es pas. Tu es une catégorie a part, unique. Tu es une bonne-nonjoueuse. Tu ne joues pas, tu ne te mouille pas. Tu regarde comme un spectateur le spectacle mais tu n'interviens pas. Et pourtant, Feu, les spectateurs d'aujourd'hui sont au paroxisme de l'interactivité. Tu aurais pu, tu aurais du participer a ce spectacle de l'aventure humaine. Non pas en appellant pour voter et que ce garcon charmeur et charmant (très semblable à toi en un sens) sorte de la in-réalité de ton esprit, mais en sortant de ton siège et en montant sur scène !
Secoue toi! La morosité oui ok, c'est cool mais ce n'est pas la vie !
Attrape les rennes de ce cheval nommé Destin (Ptin merde cette métaphore !!!).

Oui, tu as raison. En s'exposant on devient vulnérable, on risque de se bruler en jouant avec le feu, mais n'est ce pas la une bonne raison de vivre?
Toi qui est une fille (je cite) "fantasque. Exaltée. Passionnelle. Curieuse." ne trouve tu pas que dernièrement tu n'agis pas en qualité de toi même?
Peut être que je me trompe, mais j'ai l'impression que tu ne te donne pas les moyens de faire ce dont tu as envie.

Tout ceci n'est pas si grave, et tu n'avais peut etre pas besoin d'une leçon de morale, et peut être que tu m'en voudra a mort d'avoir dit tout ça mais j'aurais pris le risque car des fois c'est necessaire.
Et toi, quand le prendra tu?

 
Feu
Feu
28-10-05 à 21:24

Re:

Merci pour ce mot, manzin. Vraiment. Il est très touchant, puis c'est un bout de temps, alors merci.
Je dirai juste que j'ai écrit cet article sous le coup d'une émotion, comme il m'arrive souvent d'écrire. Il n'est qu'une représensation imparfaite de la réalité, puisque de un, c'est moi qui l'écris, subjectivement, et de deux, il est encore plus subjectif et "déformé", puisque je me sentais assez... triste, à ce moment. Mais ça n'a plus lieu d'être. Là, lorsque je repense à ça... je me comprends, et en même temps, j'ai un certain détachement. L'écriture est une exutoire, un défouloir!

Mais sinon, tu as raison pour plusieurs points! (eh voui!) Auprès de cette personne en particulier, c'est étrange, j'ai fait comme un bloquage, peut-être parce qu'elle ne m'intéresse pas tant que ça. Et puis aussi parce que j'ai remarqué quelque chose, c'est que bien souvent, lorsque que quelqu'un m'intéresse, les premiers contacts vont très vite, sympathique, mais au bout de quelques jours, ce rapprochement soudain me freine brusquement, me bloque, et je n'ose plus. Parce que justement, il y a cette conscience qu'il y a plaisir à se voir réciproquement, et donc du coup, j'ai peur d'être... jugée, peut-être. Bref, je psychologise un peu tout ça, ça n'est pas si compliqué que ça en l'air...! Et puis, ce cas de figure n'arrive que peu. Dans de nombreux autres cas, je reste tout aussi naturelle, et j'arrive à discuter, et à continuer à découvrir l'autre.
Mais c'est curieux, tout de même, cette peur "après-coup", due à l'attirance. Ouah, on peut p't-être me décerner la palme de la fille compliquée... ;)

Je remarque un truc marrant : tu peux écrire aussi bien des commentaires pensés, touchants, bien écrits, que, euh... aussi des commentaires bourrés de fotes d'aurtografffe et très rigolos! (et puis, il y a aussi un mix des deux : drôles, et sans fautes d'orthographe, et là, c'est encore mieux) ;)

 
manzin
manzin
28-10-05 à 23:11

Re: Re:

Nan je te donnerais pas la palme de la fille la plus compliquée, je crois que j'en connais des pires !
Y a toujours pire :p

J'aime pas dire" merci pour tes compliments" paske ca fait un peu genre forcé, mais c'est sincère. Je suis pas du genre très confiant sur la qualité ou la justesse de mes propos alors ben ça me touche et me fais plaisir !
Tu oublie un cas de figure, quand je fais bcp de fautes (généralement c'est quand j'écris un commentaire sur le coup de l'émotion et que j'appuie sur "valider" toujours sur le coup de l'émotion et que 3 secondes après je me rend compte que je me suis pas relu.) et que c'est pas marrant :p

Bon promis j'vais essayer pour toi de bien me relire, mais bon je promet rien !


 
Paradoxa
22-10-05 à 19:26

Bon

Alors, je reviens au bout d'un moi sans internet, je me connecte chez toi, je tombe sur ce premier article, et la logique ferait que pour TOUT comprendre je lise els articles d'avant mais je sais pas, cet article me fait penser à moi alors...

Alors je vais donner un avis complétement OUT sûrement mais hein, bon, c'ets la fatigue du double cursus.
J'ai réagi comme toi. Fuir, courir après, puis fuir, et courir après.
Cela ne m'a mené à rien.
Alors ose, ne serait-ce qu'un regard, un regard, un si beau regard, un regard envoûvant, juste pour que le charmeur comprenne qu'il peut être charmé. Juste pour qu'il comprenne que tu es différente.

A force de courir après rien, on se perd.
Mais quand on fait n'importe quoi, à force de faire n'importe quoi, les hommes ne sont plus là. ( Dixit "Solène de Grenoble" Ogres de Barback..)

Je t'embrasse fort


 
Feu
Feu
28-10-05 à 21:27

Re: Bon

Ah, Paradoxa est reviendue! :)

Oui, il faut que j'ose plus, du moins, que j'ose mieux, je crois... Parce que, comme je le disais dans ma réponse à manzin ci-dessus, j'ose souvent au début, et puis, étrangement, je me rétracte au bout de quelques jours/semaines, après avoir volontairement provoqué une amorce de rapprochement. Comme si le fait de voir qu'il y avait possibilité de plaire, m'envoûtait, m'enthousiasmait, et m'effrayait à la fois. Peur d'être prise de court, de me tromper? Je ne sais pas...

En tout cas, merci pour ton commentaire ; tu trouves toujours les mots justes pour guider ou réconforter...! :)))