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Des couleurs qui chatoient

C'est Noël, oui, c'est Noël! Le silence plein, ce matin, lorsqu'en passant la tête par ma lucarne, je respire l'air du matin. Le silence ouaté, les cloches que j'entends sonner plus loin, et puis les quelques lumières ça et là. Elle est là, elle est palpable, cette gaité de Noël.

Je descends l'escalier, mes paquets dans les mains, ouf, personne dans les parage, viiiite, sous le sapin! Il y en a d'autres qui sont déjà là, je souris en moi-même. La porte de la salle de bain s'ouvre et c'est mon père, fraîchement rasé, qui sort : "Joyeux Noël, ma cocotte!".
Et nous voilà tous les trois sous le sapin, le sourire aux lèvres, et les papiers qui volent, ma mère qui s'exclame : "Ca me réconcilie avec les cadeaux de Noël, vos cadeaux!", ça me fait chaud au coeur qu'elle dise ça, elle en a tant eus, des non-Noël, quand elle était petite... Que tous les trois, mais ensemble, pour partager l'instant, et ça vaut mille smalas familiales, même si parfois, j'aimerais bien passer Noël dans une grande maison remplie de monde, aussi. La partition de "Furio", je pose mes doigts sur le piano et la musique si belle résonne en moi. Et puis, pour sourire, comme clin d'oeil, ils ont tiré d'internet la BO des Simpsons et "Hey Ho" des septs nains ; je rigole en les jouant, ah, les voilà, mes tubes! Je vais pouvoir frimer à la fac, uhuhu...


Hier après-midi, il y a eu Fred, à Beaubourg. L'expo Dada. Un peu avant d'arriver, je m'attarde sur la place du Centre Pompidou, devant un type qui peint les yeux bandés à l'envers, à grands renforts de mouvements de bras et de grimaces. Hm, perplexe, je contemple l'air de rien l'ensemble... Et puis je sens une présence derrière moi ; Fred est là, juste là. Cette discrétion... cette timidité si jolie, cette finesse, aussi.
Une fois à l'intérieur, on se perd dans le dédale des salles, qui communiquent toutes les unes avec les autres : j'ai feint la panique en voyant qu'il n'y avait pas d'ordre apparent, et finalement, nous faisons le choix d'aller vers ce qui nous tente : une salle remplie de poèmes de Tzara, des constructions en bois étranges, puis un mannequin à tête de cochon, des hélices qui tournent et des vidéos abstraites... Comme dirait Breton, ce descendant de Dada si je peux dire comme ça, nous allons "là où nos pas nous portent".
Dans les dernières salles, overdose de papiers, il y en a partout, des déclarations, des anti-déclarations déclarant qu'ils détestenet les délcarations, les manifestes, les poèmes, les lettres, les articles, les unes de journaux, les petits mots, les brouillons, les illuminations, les brefs récits, les programmes, du texte, partout, partout! Après avoir lu plusieurs lettres, eu une révélation pour l'une d'entre elles (une lettre de Tzara, qui explique tout sur les contradictions du mouvement Dada, qui explique ce qu'il est mais déteste expliquer, qui est contre l'immobilité mais refuse l'action, qui prône le spontané mais expose des oeuvres fruits de plusieurs heures de réflexion, qui se veut ouvert à tout mais donne des règles), puis tenté sans grand succès de pénétrer la pensée des poèmes dadaïstes, frôlant parfois l'absurde, voire l'incompréhensible, Fred m'entraîne, allez, hop, overdose, on va vers ce qui nous plaît! On zigzague entre les salles, parsèmons de petits commentaires de plus en plus décalés notre itinéraire galvaudé, tentons de sauter des salles, mais peine perdue, tout nous intéresse, et on ne peut s'empêcher de s'arrêter à (presque!) chaque oeuvre...

Fin de l'exposition... prête à m'affaler sur les sièges devant la sortie, je me redresse tout de suite : wah, coucher de soleil sur Paris! Fred me taquine en rigolant : "Ca y est, tu l'as, ta carte postale kitsch!", en référence au soleil qui nous poursuivait à travers les baies vitrées de l'expo, tout à l'heure, et moi qui m'exlamais que vu comme le ciel commençait à rougeoyer, nous aurions sans doute bien tôt un coucher de soleil digne d'une série télévisée.
Vu d'en haut, Paris semble si beau, et les passants si petits... J'aperçois une montgolfière, et la montre du doigt, toute excitée, à Fred :
"- T'as vu?! Une montgolfière!!
- Euh, non, Feu, ça, c'est le dôme des Invalides
- Mais non! Regarde!
- Haaaaaaaaahhhh!"
Et on s'extasie comme des gamins sur le ballon bleu tout là-bas, et les cheminées qui fument à côté. Paris.


En sortant, pas l'envie de partir tout de suite, on erre un peu devant les boutiques attrape-touristes remplies de cartes postales et d'affiches encore plus kistchs en égrenant nos commentaires ironique et piquants, on se dirige vers le Halles, sans vraiment le vouloir vers le métro, et puis voilà, ça y est, un but : je ne sais plus pourquoi, on parle d'architecture, sans doute parce que je racontais une anectode sur mon prof d'histoire de l'art, et voilà Fred qui se demande de quel style est l'Eglise Saint-Eustache, qui se dresse devant nous. Je lui propose spontanément : "Tu veux qu'on aille vérifier?". Fred est soudain ultra-entousiaste, un sourire illumine son visage ; durant une fraction de seconde, j'ai la sensation très nette qu'il n'avait pas du tout envie de me quitter maintenant, et que peut-être, oui, peut-être sûrement, quelque chose subsiste en lui, malgré ce 'non' que je lui adressé il y a un mois... Et peu importe, il faut vivre, et on s'en fout, je me fous des alés du métier, je suis juste là, je suis bien, et c'est tout. Et nous marchons vers Saint-Eustache, tout contents d'avoir trouvé un nouveau 'truc' à faire.


A l'intérieur, le silence, la pénombre.
Petits pas et recueillements un peu partout. Peu de monde, des yeux vers le sol, des mains jointes, tout un univers que je ne connais pas, mais qui m'a toujours apaisée. En fait, la messe m'a presque toujours un peu effrayée par son aspect parfois sectaire, ou disons, non, pas vraiment effrayée, plutôt... amusée? Disons que je regardais ça avec détachement, les rares fois où j'y allais (pour Pâcques, avec ma marrain croyante ; oui, je ne suis pas batpisée, mes parents ne croient en aucune religion, mais j'ai une marraine, c'est comme ça et j'en suis très contente). Je ne me sentais pas vraiment émue. Une ou deux fois, peut-être.
En revanche, les Eglises ont quelque chose de si fort, de si beau. Elles représentent : soit la simplicité d'un lieu, pour les petites églises de campagne, apaisantes et lumineuses, dénuées de tout artifice, et je me sens alors comme plongeant en moi-même, comme si je sondais quelque chose de l'intérieur ; soit la grandeur, la démesure parfois, mais toujours si belle. Cet aspect grandiose et magnifique, où l'on se sent si petit ; à chaque fois, c'est comme si j'étais Alice au Pays des merveilles, une petite fille dans un château, un lieu sorti d'on-ne-sais-où, quelque chose d'intemporel, d'ancien et fantastique...

Pour revenir à Fred et moi, nous nous promenons dans l'Eglise, la tête tendue vers les voûtes, dont nous tentons de décrypter le style pendant cinq bonnes minutes, jusqu'à tomber sur une pancarte sur laquelle sont écrites en énorme les dates de la cathédrale... J'explose de rire silencieusement.
Entre deux chapelles, on se pose quelque instants sur les plaques d'aération, d'où s'échappe un air chaud qui enveloppe.
Juste avant de sortir, on se dit qu'on aurait peut-être pu faire un acte formidablement Dada, à savoir entrer en hurlant "DADAAAAA" et jeter les chaises dans tous les sens, ce qui aurait représenté une véritable reviviscence de ce mouvement, bien plus qu'une expo figée, mais après réflexion, nous concluons que cela n'aurait sans doute pas été très bien accueilli, malgré notre exaltation. On rigole en sourdine, car malgré cette hypothèse folle-dingue, on les aime, ces lieux, cette atmosphère.
Alors, juste pour rire, entre les deux portes de la sortie, on murmure : "Dadaaaaa!" en souriant.

Le froid vif qui pique les joues, on s'enfonce dans les souterrains des Halles.
Métro, sa station s'approche peu à peu, je l'entends de moins en moins, ses yeux qui me fuient doucement.
"Bon, je descends là..." Je sens qu'il y a comme une tristesse en lui, sa timidité, envolée cet après-midi, qui reprend le dessus. Assise, je lui dis en souriant : "Eh bien, passe de bonnes vacances, Fred! A la rentrée, joyeux Noël!" J'ai conscience qu'il aurait aimé que je descende avec lui, pour me dire vraiment au revoir, plutôt que ces phrases rapidement échangées avant que ne se referment les portes du métro. Mais quelque chose me retient, je ne veux pas, légèreté, légèreté, s'il-te-plaît, ça fait trop mal, les instants graves, je sais comme on se sent fragile devant les face-à-face, je ne veux pas, oh, soyons encore libres... Pas de chaînes-mots, pas de gravité qui fait retomber sur la terre toujours plus fort, pas ces minuscules silences entre les mots, qui disent bien plus que mille phrases, je ne veux pas être responsable, de quoi, je ne sais pas, je sais juste que je ne veux pas. Je veux être libre. Libre.
C'est paradoxal, sans doute, moi qui aspire tant à justement, faire fi de ma liberté pour l'offrir à quelqu'un, mais tu vois, là, non, non. Je fuis toujours quand on m'offre quelque chose, je suis comme ça, j'ai peur malgré tout, je préfère me brûler les ailes ailleurs, près de quelqu'un qui ne me regardera pas au début puet-être, j'aime peut-être trop me battre, voilà. J'aime peut-être trop gagner les choses bout après bout, ce qui fait que lorsque l'on m'offre si joliment comme tu l'as fait quelque chose, je ne peux que dire non.

Alors je le laisse partir, et son regard qui s'accroche à moi, puis sa silhouette disparaît de l'autre côté de la vitre.
C'était un si joli après-midi.
Je ne peux que dire non, peut-être parce que tout simplement, je sens une possible amitié, je sens cette attraction de sa part, et l'amitié me fait envie, mais le désir me fait peur, parce que je n'ai pas envie, tout simplement, je n'ai pas envie. Il faut que je sois forte, je sais si mal dire non, j'ai mal à l'idée de blesser l'autre. Je veux juste connaître plus, je veux apprendre l'autre, encore, pour découvrir. Moi qui suis si enflammée lorsque je désire, je ne peux pas faire tout en quelques instants lorsqu'on me désire. J'ai besoin de temps, tu comprends? Parce que tu vois, Fred, je ne te désire pas. Et pourtant, je sais que je pourrais. Quelque fois, lorsque tes yeux allaient se perdre dans les tableaux au musée, où que tu marchais dans la pénombre de l'église, je t'ai trouvé beau, émouvant. Mais. Il y a ce mais qui fait que je ne peux pas aller plus avant. Pas pour l'instant.

Je ne retiens que la complicité fragile et souriante de cet après-midi, ces rires qui fusent et les mots échangés.



La veille, c'était Mathilde et moi, au Grand Palais. Klimt et ses couelurs chatoyantes, qui transportent aileurs, et la force ensorcelante de Schiele. "La sensualité morbide", comme le disait le texte. Oui, peut-être. Autant la mort domine chez Schiele, autant la vie l'emporte chez Klimt. Mais ces force chez les deux, cette puissance, chez l'un, à travers l'évanescence, le diaphane, le diffus, chez l'autre, à travers le trait, le froid, le suggéré, la couleur comme diluée à l'eau, et cette nudité élégante du trait, mêlée à la matière toujours mouvante. Les mains aux doigts si longs, mais cette justesse du trait, que l'on retrouve moins chez Kokoschka. Klimt et Schiele, qui créent leur propre style, jouent avec celui des autres, se font impressionnistes ou pointillistes l'espace d'un tableau... Cette émotion qui s'empare de moi, lorsque j'entre dans cet univers.

Mathilde et moi courons tout Paris, l'après-midi, pour trouver cadeaux de Noël et de quelques anniversaires... Ce plaisir évident d'être avec elle, comme je l'ai eu le jeudi soir, en retrouvant Antoine, à son retour du Canada. Je l'ai serré dans mes bras, oh, qu'est-ce que ça faisait du bien de le retrouver. Il a mûri, plus sérieux, plus posé, j'étais impressionnée par sa droiture d'esprit, qui pouvait tout aussi bien laisser place à son humour tout fou que je connais si bien, c'était Antoine, notre Antoine, mais en grandi. Nos mots autour d'un café à Odéon, l'évidence d'être ensemble. Comme avec Mathilde vendredi : des confessions autour d'une tartiflette, de la plus fantasque à la plus sérieuse, de la plus légère à la plus grave. On mêle rires et attention autour de nos assiettes fumantes, et cette complicité qui perdure, après les années lycées.

Tous les quatre, ce soir, dans le train de nuit pour Berlin, j'entends presque mon coeur qui sourit rien qu'en y pensant.

Ma valise presque finie posée sur mon lit ; l'appareil photo à ne pas oublier, et surtout, les billets. Hâte de partir, hâte de parler allemand, hâte de découvrir, hâte de les voir, eux.

Des moments à attraper, à cueillir, pour les lancer, les partager, les respirer, s'en imprègner, jongler avec, s'en mettre plein les yeux et la bouche et les oreilles et le sourire et le coeur, ressentir, encore, encore.
Quatre journées vers un Ailleurs.


Sevediamo, tutto il mondo...



Ecrit par Feu, le Dimanche 25 Décembre 2005, 16:17 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

souffle
souffle
26-12-05 à 00:17

je ferai un petit peu plus court que ce que je viens de lire...

noyeux joel?


 
Alain
28-12-05 à 03:29

Re:

Quel plaisir de reconnaître les lieux de notre ville aimée !

Un jour, on va se croiser sans le savoir, si ce n'est déjà fait ! :)


 
Alain
28-12-05 à 03:30

Re: Re:

Et.... Joyeux Noël bien-sûr !

 
Feu
Feu
31-12-05 à 19:09

Re: Re:

Qui sait? Peut-être que l'on ne cesse de croiser des jouebeurs dans toute la capitale, sans jamais le savoir!... :)

 
Feu
Feu
31-12-05 à 19:09

Re:

Joyeux Noël à toi aussi (avec un peu de retard!), Souffle! :)