Il faut que j’arrête de penser à Min. Je me réjouis d’avance de le voir, de lui parler.
C’est
idiot… En une semaine, mes idées ont eu le temps d’avancer, mais pas les faits,
les actes, les choses. Je ne l’ai pas vu depuis mercredi. Je déteste les jours
fériés : je n’ai que peu de jours à la fac, alors pourquoi un des seuls
jours fériés de l’année tombe-t-il un lundi, lorsque je suis censée avoir
cours ?
Je n’aime
pas ce sentiment d’attente, de stand-by, qui laisse trop rêver, idéaliser, qui
laisse le temps d’oublier comment est constitué l’autre, aussi, et qui incite
donc à combler les « trous » par la rêverie, par l’imagination… On
construit autrui selon ses propres désirs…
J’ai fait
un rêve étrange, cette nuit. Il serait trop long à expliquer, je n’en donne
qu’un court extrait : des gens de ma connaissance (dans le rêve) voulaient
s’en prendre à moi et… mon époux. J’avais un mari, je devais avoir à la fois
mon âge, et environ 20 ans.
Cet homme
était un jeune homme que j’ai pris en photo, l’autre jour, dans le bus. Il
dormait, la tête légèrement en arrière, et son visage m’a marquée, soudain. Il
avait une expression d’abandon, de douceur, et de fatigue mêlée. Un homme d’une
trentaines d’années environ, vêtu de façon très classique, épuisé après une
journée de travail, où, je ne sais pas, au bureau peut-être.
J’ai eu une envie irrépressible de le prendre en photo, j’ai sorti mon
portable, et, clic-clac, dans la boîte…
Donc, cet
homme du rêve, c’était lui. Sauf que dans le rêve, je l’aimais. J’aime rêver que
j’aime quelqu’un, c’est une sorte de baume au cœur, mais en même temps comme un
ersatz, un substitut, quelque chose qui fait à la fois du bien, et en même
temps… Je sais pertinemment que ce n’est que tromperie. Comme une drogue qui
ferait partir ailleurs, ressentir des sentiments que l’on croit vrais, pour un
certain temps, puis, ensuite, la redescente, on a l’impression d’avoir vécu
cela, mais ce n’est pas réel, ce n’est pas vrai, ce n’est que du faux, un
mirage, juste un mirage…
Je
reprends. J’entre dans sa chambre, nous sommes dans château. Il dort, torse nu,
le drap recouvre tout le bas de son corps. Je sais que nous allons mourir. Il
faut que je le prévienne, il faut que nous partions ; en moi se mêlent
l’envie de fuir, et l’envie de rester là, avec lui, d’attendre qu’
« Ils » viennent nous chercher, d’attendre la mort, et de fusionner
une dernière fois avant
J’ai une
sensation de mélancolie, de bonheur à la fois, je suppose que cela doit être ce
que ressentent les couples qui s’aiment et qui savent qu’ils vont mourir dans
peu de temps contre leur volonté. Rien ne peut les séparer, puisqu’ils
s’aiment, puisqu’ils s’aiment.
Je ne sais
pas si l’amour est plus fort que tout. Puisqu’il n’empêche pas de mourir, de
souffrir, d’être séparés. Mais il sait passer au-delà des frontières, malgré
tout, il a une certaine forme de force « plus fort que tout ».
Quoiqu’il arrive, on ne peut dire à quelqu’un : « Arrête de
l’aimer », et ce quelqu’un cesser d’aimer du jour au lendemain. Malgré la
distance, malgré la mort, un amour continue à réunir deux êtres, dans leur
cœur. Que l’ennemi, le tortionnaire, que la distance, que la mort, que la
séparation, que la maladie le veuille ou non, on ne peut pas cesser d’aimer
parce que quelqu’un l’a décrété.
Il n’existe pas de loi contre l’amour.
Je crois
que justement, si l’homme aime tant l’amour, c’est parce qu’il n’est pas
seulement psychique, mais aussi physique. Je ne parle pas tant de l’aspect
sexuel que des répercussions physiques.
La légère oppression des tempes, du cœur, des poumons, à l’idée que l’autre va arriver, nous a vu, se dirige peut-être vers nous.
Le sang qui coule plus vite, le cœur qui bat plus fort.
Le tremblement léger des membres.
La sensation d’incompatibilité soudaine du corps et de l’esprit, comme si le corps ne pouvait plus contenir tous les sentiments : ce n’est pas seulement le cerveau qui est trop petit, mais soi tout entier.
C’est
justement cette alliance-non-alliance des deux, qui fait que l’amour est si
immense, si universel, si apprécié, si redouté, quelque chose qui nous dépasse,
qui sait naître lentement, ou arriver brusquement, bouleverser quelque chose de
l’intérieur. C’est une transformation interne et externe – qui ne s’est jamais
vu sourire soudain dans la rue à la pensée de l’autre ? Qui ne s’est
jamais vu dire qu’il rayonnait, semblait particulièrement en forme, ou
terriblement fatigué, alors qu’il aime de toute son âme, de tout son
corps ? Qui n’a jamais eu des soubresauts convulsifs, tant parfois l’amour
est fort, et tant il aspire à sortir, à être exprimé, à être prononcé, et
passer le seuil des lèvres pour être entendu par l’être aimé ?...
Sans doute
une des plus fortes représentations, ou plutôt démonstration (représentation est
trop « statique ») du fait que corps et esprit ne sont qu’une seule
et même chose, que c’est pour cela qu’aimer sans sexe est rare, et que le sexe
sans amour, sans sentiment du moins est considéré souvent comme à moitié vide,
comme s’il manquait quelque chose, en plus du simple sentiment de désir, désir
presque animal que chacun ressent.
Inspirations soudaines :
Re:
:)
je te suis...j'approuve et j'adore :) l'amour, c'est exactement ça, après il y a les nuances...
Gros bizoox:)
Re:
Bizzzz à toi! ;)
Schussss