Il fait froid. J'ai envie d'être dans ma couette, qu'il fasse encore plus froid et sombre, et d'avoir une tasse de thé au miel fumant entre mes mains. En fait, je n'aime pas lorsque le temps est glacé et ensoleillé. J'ai comme l'impression qu'il est faux, à cheval entre deux moments.
Je ne lis pas assez alors que j'ai des envies folles de lire. C'est un peu bête à dire, mais j'ai très envie de pouvoir me dire que j'ai lu tout tel auteur (ouhla, pas très français comme formulation).
Ah! Une petite anecdote assez rigolote, du moins qui m'a fait plaisir.
Je suis allée m'inscrire un cours parmis d'autres (je ne tiens pas à préciser lequel, en ce moment j'ai de petites crises de parano-peur d'être reconnue, c'est idiot, je sais, mais que voulez-vous, c'est comme ça) au conservatoire, lundi. Passablement endormie (il était aux alentours de 10h du matin), j'erre dans les couloirs en cherchant la salle 110. Tous les numéros se brouillent devant mes yeux en un charmant méli-mélo, je manque de me cogner contre la secrétaire et d'autres élèves qui semblent, pour la moitié d'entre eux, tout aussi zombis que moi, bref...
Au détour d'un couloir, que vois-je ?? Ô joie, ô bonheur, est-ce bien ?... Mais oui ! Deux petits bâtons et un petit rond, c'est bien la salle 110 !
Cependant la porte de la salle est fermée ; d'habitude, le jour des inscriptions, elle sont grandes ouvertes, pour laisser libre passage aux élèves. Je colle mon oreille contre la porte (je prends toujours des risques, moi, hein), et j'entends des voix. Débile que je suis, je me dis : "Mais s'il y a des voix, c'est que forcément le prof est occupé ! Donc les inscriptions n'ont pas encore commencé." Toujours aussi stupide, je fais le pied de grue pendant 1/4 d'heure devant la porte, tentant de compter avec application et une émotion certaine le nombre de poils de la moquette qui recouvre les murs.
Je suis soudain interrompue dans cet activité capitale à ma survie par une jeune fille qui sort de la salle. Ohla, il faut que je remette mes deux-trois neurones subsistantes en place. Les inscriptions ont donc commencé ?
Je frappe à la porte, timidement, entre... et me trouve nez-à-nez avec le prof. Mais quel prof !!!!! (je crois que le nombre de points d'exclamation suffit à vous donner approximativement mon avis à son sujet… 5 étoiles ?)
Avec un charmant sourire, celui-ci (envrion 28 ans?), me dit bonjour, un peu étonné. "Ce... ce sont bien les inscriptions?"demande-je. "Ah, euh, oui! Ouiouioui!" Il semble se rappeler que en effet, il est l'heure de commencer tout ça. J’ai la vague sensation de sourire un peu bêtement, tant pis, j'assume. Il est absolument charmant et beau comme tout, un peu timide, naturel (et en plus musicien, ça, il fallait s'y attendre, évidemment !)
Je m'apprête à passer quelques minutes avec lui, afin de me voir présenter les horaires du cours, son fonctionnement, etc, quand soudain...
Horreur malheur !
Arrive Elmer (ouhla, si celui-ci tombe sur ce blog, ilm'en voudra à mort du pseudo que je lui ai donné), toujours avec son super look qui le fait remarquer à 200kilomètres à la ronde (mais pas sous un bon jour...).
(petite parenthèse : ça fait bientôt 9 ans que je "connais" Elmer, par la flûte. Il a environ deux ans de pratique de plus que moi, a 20 ans. Il est relativement sympa mais parfois assez collant. Disons que parfois on a des moments de rigolade marrants, mais franchement, je ne le compte pas du tout parmis mes amis, jamais je ne voudrais m'en faire un ami, et il est souvent lourd, voir ambigü. Je le soupçonne d'avoir été vaguement amoureux de moi, à ma grande gêne. Physiquement, ce n'est pas ça du tout, et il ne fait rien pour s'arranger. Disons qu'intellectuellement parlant, il n'est pas follement intéressant, nous n'avons pas vraiment, hormis la musique, les mêmes centres d'intêrets. Cela ajouté à un aspect extérieur peu avenant, euh...) (Je suis absolument affreuse en écrivant ça, mais que dire d'autre?? Si je me permets de dire ça, c'est parce que lui, qui n'est ni beau ni attirant, s'autorise à faire des commentaires sur ma coupe de cheveux qu’il n’aimait pas (mais que toutes mes connaissantes trouvaient très bien), alors qu'il a une coupe absolument atroce, selon l'avis de tout le monde ! (tout le monde est encore une litote…)
Donc, Elmer arrive. Il a déjà assisté à ce cours l'année précédente, le prof le connaît. Je lui lance un bonjour, lui dis deux mots (gentils), et retourne à mon inscription.
Le prof me demande quelques renseignements (nom, prénom, adresse, etc...). Je remarque immédiatement son écriture, très stylisée sans l'être trop, un peu comme celle de Baudelaire, ou du début du siècle. J'ai constaté que la plupart du temps, les gens qui écrivaient comme cela, (de façon un peu calligraphique) étaient des littéraires ou musiciens, qui goûtaient particulièrement au plaisir d'écrire, de composer, de lire.
Il me demande mon prénom (pas Feu, on s'en doute). Je le lui dis, et il me demande d’un air intéressé et très doux : « Mais… c’est de quelle origine, ton prénom ? » (Oui, j’ai un prénom très rare, je crois que 70 personnes s’appellent actuellement comme ça en France ou dans le monde depuis le début du XXe s., je ne sais plus. Je ne m'en fais pas une gloire non plus! Enfin, c’est pratique pour engager une conversation, tu dis ton prénom, et immédiatement on te demande sa provenance !). Elmer en profite pour faire un pont entre son origine et un compliment : il dit : « C’est notre muse ! ». J’hallucine vaguement (pour qui est-ce qu’il se prend ?) avant de dire d’où vient mon prénom au prof. Celui-ci me fait un sourire magnifique, à en faire fondre la banquise…!! (je me sens parfois un peu idiote à donner des explications sur mon prénom, je me sens empruntée, comme si j’étais « une-fille-exeptionnelle-au-prénom-exeptionnel-wahou », ce qui n’est pas du tout mon cas)
Ca y est, je suis partie pour ½ heure de sourire dans le vide ! Il nous explique en quoi consiste un peu le cours, quelles sont les dates, puis Elmer et moi partons.
En sortant de la salle, j’ai l’impression d’avoir, selon une expression d’Antoine, un cintre coincé dans la bouche. Je souris vraiment toute seule ! Enfin un prof qui n’est ni une femme, ni homme-vieux-croûton ! Un homme jeune ! (En fait, peu m’importe le physique de mes profs, du moment qu’ils sont captivants et si possible sympathiques. Mais là… si à tout cela s’ajoute un physique ravageur, je ne vais pas faire la nonne !) Elmer me regarde un peu coin, semble se douter de quelque chose… me dit : « Il te plaît, le prof ? » Ce à quoi je réponds : « Oh, oui oui, il a l’air très sympa. », d’un air parfaitement naturel.
(oui, je suis parfois très bonne menteuse, pour des choses bégnines comme celles-ci, qui me sauvent un peu d’une situation pouvant s’avérer embarrassante)
Donc, voilà !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Un prof sublime pour un cours qui a l’air drôlement intéressant !!!
Héhéhé.
Bon, j’ai sans doute raconté tout ça avec des petits commentaires hystériques, comme d’habitude, mais je m’en contrefiche.
Héhéhé.