J'ai faim et j'ai mangé un oeuf à la coque seulement à midi. Plus une pomme.
Je suis morte de trouille pour mon concours de piano et je bosse pas assez. Mais vraiment pas assez. Marre de ce morceau dont je rêve la nuit, là, ce Chopin avec ses croches qui tournent tout le temps, marre.
J'ai envie de continuer à écrire ici, et de tout envoyer ballader. En ai assez de me donner presque comme un devoir, parfois, d'entretenir cet endroit qui m'a été si cher pendant longtemps. Là, c'est comme s'il manquait une sève. J'arrive plus. M'intéresse plus. Même si envie. Enfin. Bref.
J'ai envie de jouer de la flûte et du piano durant des heures, mais je m'empêche de jouer autre chose que mes morceaux de concours. Au bout d'un moment, c'est usant, à devenir taré. Même si passionnant, parce qu'on approfondit toujours plus.
Hier soir, ciné avec Kami. C'est fou comme elle a mûri. A présent, on parle d'égale à égale, vraiment, de choses profondes, "philosophiques" (j'utilise ce mot un peu stupidement innapproprié pour exprimer la complexité des sujets dont on parle). On creuse, on cherche, on entrevoit, on explore, les mots, les regards, on pense ensemble, oui, c'est ça, on pense ensemble. Et c'est vraiment bien. Du coup, je joue moins la chef malgré moi, et elle l'assistante malgré elle. Balance, les mesures viennent au même poids de chaque côté, et c'est formidable. Quand on parle comme ça, c'est de l'anti-compétition. On ne pense pas à dominer ou surpasser l'autre. On partage nos pensées, on chemine ensemble. Juste ça, et c'est tellement.
Va, vis et deviens. Si beau film. En retard à notre rendez-vous, alors que j'ai insisté pour qu'elle soit à l'heure, je me fais engueuler en rigolant. Elle m'offre une branche de framboisier, avec des framboises toutes rabougries au bout, on se marre, c'est de son jardin, d'habitude les fruits sont gros et mûrs, mais là, c'est les dernières de la saison. A l'arrêt de bus, une femme se passionne pour notre branche de framboisier et se met à disserter sur les framboises et un autre fruit dont j'ai oublié le nom ; on ne comprend rien, prenons l'air hyper intéressées pour tenter de mieux comprendre, mais peine perdue, elle monologue toute seule. Juste derrière, un "superbeaut'asvu?regarderegarde!" nous jette des coups d'oeil en esquissant un rire. Sourires qui passent, Kami me fait remarquer qu'il ressemble à Raphaël, oui, peut-être, on s'engouffre dans le bus en même temps que lui, assises devant lui, tant pis si on dit des conneries, on est là, on est bien, on s'en fout.
Et là, dimanche trop long, inactive, je sais pas, je vais, je viens, je fais tout et rien, un plus un plus un... Tiens ça rime. J'étais partie pour un post où je vidais ma tête, oui, je vide, je vide.
J'ai faim.
Faim de manger les côtelettes que je sens griller en bas dans la cuisine, et faim de vie. Faim de gens, faim d'évènements, soif d'action, de travail, de rires qui résonnent et de cafés au café à cafés.
Vivement que ces concours soient passés, finis. Pour lire, et bosser en toute sérénité. Et rigoler librement, me sentir libre, libre, libre... Comme hier soir, lorsque j'ai repoussé ces échéances dans un coin de ma tête, le premier est dans une semaine, chut, J-7 demain, chut...
Je descendrai dans la cuisine et il y aura de la lumière chaude, cette lumière jaune et ocre, même si elle n'est pas de cette couleur là, pour moi c'est ça, lumière qui tient chaud au ventre, aux yeux, au coeur, qui donne envie de tout partager, de serrer dans ses bras très fort contre moi là comme ça oui tes bras autour de moi.
Juste pour vivre encore un peu plus.
Inspirations soudaines :
Song
Ça me rappelle une chanson d'un Québécois, Daniel Bélanger :
Parce que je suis libre comme l'air
Libre de faire demi-tour
J'vais continuer, continuer
Et ça sent la poussière
Le vent soulève la terre
De chastes baisers
Parce que je suis libre comme l'air
Libre de faire demi-tour
J'vais continuer
Continuer
Re:
Jolie métaphore de la montagne... C'est vrai qu'il y a toujours du chemin avant d'arriver au but qui semble si beau, tout là-haut... Et en même temps, heureusement, sinon tout serait trop facile, donc trop ennuyeux, à force. Je crois que c'est l'épreuve, le péril, qui rend le désir si fort et la "quête", du moins la recherche de la chose voulue si prenante! :)
Cavannus
C'est l'histoire d'une alpiniste. Le sommet approche, mais si lentement, si lentement... Elle a faim, elle a soif, elle a froid, elle est épuisée. Elle ne sait plus pourquoi elle est là ; elle ne préfère même pas savoir. Elle ne voit même plus les magnifiques paysages autour d'elle – mais elle s'en souviendra.
Alors, elle s'arrête ; elle regarde en bas. Elle pourrait redescendre, tout arrêter, ça serait si simple et la vie continuerait.
Puis elle regarde en haut. Elle pourrait repartir, continuer. Alors, elle repart, elle continue. Et sa vie continue aussi, lentement, si lentement, mais tellement plus belle...