Maman
J'ai encore des larmes sur la joue.
Je viens de découvrir des photographies de ma mère, prises lorsqu'elle avait vingt ans, seize ans, vingt-six ans.
Et elle est belle.
Dramatiquement belle.
Je ne savais pas qu'elle possèdait ces photos, je n'avais jamais vu cet album rouge parmis les autres albums que je connais si bien.
Je n'avais jamais vu jusqu'ici qu'une photographie d'identité, un cliché d'enfance, où l'on la voit, toute petite figure au milieu d'une nuée de cousins, une photo de classe, visage parmis d'autres. Rien d'autre que ces quelques images rescapées.
Et là, ce n'est qu'elle. Ma mère. Jeune.
Ce visage aux traits fins, le regard doux, toute menue. Ce corps délicat, l'air un peu perdu, ma mère. Maman.
Tout un album. Sur un plateau de tournage, principalement.
Elle est là, avec sa longue jupe ample, son col roulé noir qui lui affine encore plus le visage, une, deux bagues, en pierre, en verre, sa ceinture qui lui ceint la taille. Assise, debout, elle regarde quelque part. Sans doute les acteurs. Atmosphère un peu enfumée de plateau. Elle semble ailleurs.
Elle est si belle.
J'en pleure encore
Je n'arrive pas à contrôler l'émotion qui est montée en moi, je n'arrive pas...
La découvrir, comme ça, soudainement, ma mère, jeune, à vingt ans, presque à mon âge
Son visage, sans aucune ride, et cet air de fragilité, de jeune femme à peine remise de ses longues années d'anorexie, ma mère.
Et une photo d'elle, à seize ans, sans doute. Ses longues jambes très minces, presque maigres, qui dépassent de sa jupe courte, ses mains enfouies dans ses poches. Ce visage, toujours gracile, toujours cet air d'ailleurs, les yeux qui regardent comme dans une brume lointaine ....
Jeune fille anorexique, courue par les garçons, refusant leurs avances. Et toujours vive, mais toujours avec sa blessure intérieure, quelque part, son morceau à elle de vie rude, qu'elle a transporté partout avec elle, jusqu'à aujourd'hui, il ressurgit, parfois.
Elle est si belle, c'est terrible
En elle, je reconnais la femme d'aujourd'hui, les traits de ses soeurs, ceux de ma cousine.
Et c'est elle, c'est elle, c'est Maman, lorsqu'elle était jeune, c'est ma mère, il y a longtemps, ma mère, ma mère, elle a vécu en ce temps-là
Comme un voile qui se lève sur le passé, ce passé dont elle parle peu mais qu'elle ressent encore beaucoup, qu'elle me fait sentir beaucoup, sur lequel elle a écrit des centaines de pages
Et il est là, par l'intermédiaire de photos.
Cet été, j'avais déjà trouvé de petits agendas à elle, notant ses rendez-vous, ses plannings de semaine, ses petites phrases pour se donner du courage, dans une valise. Elle avait entre vingt et vingt-sept ans. Ca m'avait déjà touchée.
Je ne sais pas si j'avais réalisé.
Mais là, là
ce sont des photographies.
Maman, telle qu'elle était auparavant, Maman, Maman, maman...
Son visage, ses traits, son regard, tout, tout est là, je sens tout ce qu'elle est aujourd'hui, sans le retrouver vraiment, c'est ça qui me bouleverse, car il y a "de l'autre" en elle, sur ce visage photographié
Il y a de celle qu'elle a été, il y a longtemps.
Je ne sais pas ce que je pensais avant. Si je l'imaginais jeune, je ne sais pas, je ne sais pas.
Pas vraiment tabou, mais presque. Sa jeunesse a été difficile, elle a souffert, elle a tout fait pour réussir, elle était douée, ma maman, elle était excellente en classe, elle avait tout pour elle
sauf sa famille
Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer
Je ne sais même pas pourquoi
je pleure
Je ne sais pas pourquoi
C'est trop fort pour moi
Soudain, c'est elle, Maman à dix-huit ans, maman à mon âge, Maman aussi jeune que je le suis aujourd'hui, et ce regard, ce regard... de jeune fille qui semble presque en avoir déjà trop vécu
et je ne sais pas ce qu'elle a vécu
je ne sais pas qui elle est
Par ces photographies, ce noir et blanc qui fait si mal, si poignant, si bouleversant, je la trouve, Maman, ma mère, au moment où elle n'était pas ma mère.
Elle ne savait pas encore
qui j'étais
Elle ne savait pas ce qui allait lui arriver
Elle ne connaissait pas mon père
Elle ne savait pas
Oui, voilà, je sais ce qui me bouleverse : sur ces photos, Maman ne sait pas. Elle ne sait pas quelle vie l'attend après, réussite ou défaite, elle ne sait pas, puisque c'est l'avenir.
Et moi, en voyant son visage, en voyant ses traits, en voyant son expression, et tout ce qui l'entoure, je sais.
Maman, tu n'es pas encore ma maman, je sais ce qui va t'arriver.
Maman, tu sembles si fragile, ici.
Et cette photographie... Les cheveux noués dans la nuque, recouverts à peine d'un bonnet en grosses mailles de laine douce, la bouche un peu entrouverte, le regard devant elle, se perdant un peu dans le vague, et ce sourire muet, comme un peu triste...
Maman, tu ne sais encore rien
Toujours les larmes
qui viennent dans mes yeux
Tu sembles si autre, tellement autre, maman...
Et c'est elle, c'est elle, ma mère, enfin je sais, elle était ainsi dans ses jeunes années...
Si belle, si belle maman, si fragile...
Belle à en faire mal.
Je viens de découvrir des photographies de ma mère, prises lorsqu'elle avait vingt ans, seize ans, vingt-six ans.
Et elle est belle.
Dramatiquement belle.
Je ne savais pas qu'elle possèdait ces photos, je n'avais jamais vu cet album rouge parmis les autres albums que je connais si bien.
Je n'avais jamais vu jusqu'ici qu'une photographie d'identité, un cliché d'enfance, où l'on la voit, toute petite figure au milieu d'une nuée de cousins, une photo de classe, visage parmis d'autres. Rien d'autre que ces quelques images rescapées.
Et là, ce n'est qu'elle. Ma mère. Jeune.
Ce visage aux traits fins, le regard doux, toute menue. Ce corps délicat, l'air un peu perdu, ma mère. Maman.
Tout un album. Sur un plateau de tournage, principalement.
Elle est là, avec sa longue jupe ample, son col roulé noir qui lui affine encore plus le visage, une, deux bagues, en pierre, en verre, sa ceinture qui lui ceint la taille. Assise, debout, elle regarde quelque part. Sans doute les acteurs. Atmosphère un peu enfumée de plateau. Elle semble ailleurs.
Elle est si belle.
J'en pleure encore
Je n'arrive pas à contrôler l'émotion qui est montée en moi, je n'arrive pas...
La découvrir, comme ça, soudainement, ma mère, jeune, à vingt ans, presque à mon âge
Son visage, sans aucune ride, et cet air de fragilité, de jeune femme à peine remise de ses longues années d'anorexie, ma mère.
Et une photo d'elle, à seize ans, sans doute. Ses longues jambes très minces, presque maigres, qui dépassent de sa jupe courte, ses mains enfouies dans ses poches. Ce visage, toujours gracile, toujours cet air d'ailleurs, les yeux qui regardent comme dans une brume lointaine ....
Jeune fille anorexique, courue par les garçons, refusant leurs avances. Et toujours vive, mais toujours avec sa blessure intérieure, quelque part, son morceau à elle de vie rude, qu'elle a transporté partout avec elle, jusqu'à aujourd'hui, il ressurgit, parfois.
Elle est si belle, c'est terrible
En elle, je reconnais la femme d'aujourd'hui, les traits de ses soeurs, ceux de ma cousine.
Et c'est elle, c'est elle, c'est Maman, lorsqu'elle était jeune, c'est ma mère, il y a longtemps, ma mère, ma mère, elle a vécu en ce temps-là
Comme un voile qui se lève sur le passé, ce passé dont elle parle peu mais qu'elle ressent encore beaucoup, qu'elle me fait sentir beaucoup, sur lequel elle a écrit des centaines de pages
Et il est là, par l'intermédiaire de photos.
Cet été, j'avais déjà trouvé de petits agendas à elle, notant ses rendez-vous, ses plannings de semaine, ses petites phrases pour se donner du courage, dans une valise. Elle avait entre vingt et vingt-sept ans. Ca m'avait déjà touchée.
Je ne sais pas si j'avais réalisé.
Mais là, là
ce sont des photographies.
Maman, telle qu'elle était auparavant, Maman, Maman, maman...
Son visage, ses traits, son regard, tout, tout est là, je sens tout ce qu'elle est aujourd'hui, sans le retrouver vraiment, c'est ça qui me bouleverse, car il y a "de l'autre" en elle, sur ce visage photographié
Il y a de celle qu'elle a été, il y a longtemps.
Je ne sais pas ce que je pensais avant. Si je l'imaginais jeune, je ne sais pas, je ne sais pas.
Pas vraiment tabou, mais presque. Sa jeunesse a été difficile, elle a souffert, elle a tout fait pour réussir, elle était douée, ma maman, elle était excellente en classe, elle avait tout pour elle
sauf sa famille
Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer
Je ne sais même pas pourquoi
je pleure
Je ne sais pas pourquoi
C'est trop fort pour moi
Soudain, c'est elle, Maman à dix-huit ans, maman à mon âge, Maman aussi jeune que je le suis aujourd'hui, et ce regard, ce regard... de jeune fille qui semble presque en avoir déjà trop vécu
et je ne sais pas ce qu'elle a vécu
je ne sais pas qui elle est
Par ces photographies, ce noir et blanc qui fait si mal, si poignant, si bouleversant, je la trouve, Maman, ma mère, au moment où elle n'était pas ma mère.
Elle ne savait pas encore
qui j'étais
Elle ne savait pas ce qui allait lui arriver
Elle ne connaissait pas mon père
Elle ne savait pas
Oui, voilà, je sais ce qui me bouleverse : sur ces photos, Maman ne sait pas. Elle ne sait pas quelle vie l'attend après, réussite ou défaite, elle ne sait pas, puisque c'est l'avenir.
Et moi, en voyant son visage, en voyant ses traits, en voyant son expression, et tout ce qui l'entoure, je sais.
Maman, tu n'es pas encore ma maman, je sais ce qui va t'arriver.
Maman, tu sembles si fragile, ici.
Et cette photographie... Les cheveux noués dans la nuque, recouverts à peine d'un bonnet en grosses mailles de laine douce, la bouche un peu entrouverte, le regard devant elle, se perdant un peu dans le vague, et ce sourire muet, comme un peu triste...
Maman, tu ne sais encore rien
Toujours les larmes
qui viennent dans mes yeux
Tu sembles si autre, tellement autre, maman...
Et c'est elle, c'est elle, ma mère, enfin je sais, elle était ainsi dans ses jeunes années...
Si belle, si belle maman, si fragile...
Belle à en faire mal.
Inspirations soudaines :
Re: Re:
très touchant
j'ai une mère et je suis mère
j'aimerai pouvoir écrire ainsi à ma mère
et j'espère que mon fils pourra ressentir des sentiments à mon égard aussi forts que ceux qu'il a actuellement
il a 4 ans et s'il passe une journée sans me dire je t'aime .........c'est qu'il est chez son père..........
Dana