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Pas de deux, enfin si, deux.

Il y a eu nos mots un peu décousus hier soir en sortant du cinéma, parce que je devais rentrer dîner chez moi, l'ayant promis à mes parents ; trois soirs de suite dehors, it's little too much, as they said.

Nos pas dans Paris, encore, et les mots qui viennent moins facilement que les autres jours, il est malade et même s'il ne le dit pas, je sais qu'il s'est extirpé du fond de chez lui, pour moi. En riant, "Je vais bientôt avoir la même couleur que mon écharpe, si ça continue...", écharpe qui est ocre, je le regarde et ris, même s'il tousse régulièrement, il ne se départit pas de son humour, je le regarde et je ne me pose même pas la question de savoir s'il est beau ; il est là, je suis là, c'est tout. Il l'est pour moi, quelque chose le sait, mais je n'ai pas besoin de poser des mots dessus.

Nos pas dans Paris, et le froid qui lui gerce les mains, mains qui se frôlent lorsque nous nous amusons à échanger nos gants, c'est devenu un rituel, et puis chaque fois, un peu plus quelque chose, je ne saurais dire quoi, mais chaque fois, un peu plus près. Nous avons la même taille de mains et il a quelques fois cette façon de poser son regard sur moi, un peu, mais toujours avec naturel qui me rend si bien, si moi-même.

Nos pas dans Paris, et puis son rire et son air étonné, lorsque je lui annonce en sortant du cinéma que j'ai le temps de prendre un tout petit café, mais qu'il va bientôt falloir que je rentre. "Ah bon?..." et ces points de suspension dans sa voix.
Assis l'un à côté de l'autre, et moi qui murmure, encadrés que nous sommes par une petite foule dans la salle :
- Regarde, on s'est fait envahir par d'autres spectateurs... C'est dingue, il y a encore plein de sièges libres, et les gens se sentent obligés de venir se coller aux autres déjà installés! Quel instinct grégaire!
- Moi non plus je n'aime pas ça, je vais souvent au cinéma seul (il est un cinéphile passionné), je ne m'assied pas souvent à côté des gens, et ça m'agace aussi lorsqu'ils viennent se mettre pile à côté de moi alors que la salle est immense est vide. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi je suis à côté de toi, j'aurais dû aller m'asseoir ailleurs...!
- Oui, toi tout devant, puisque tu as tenu à ce qu'on ne soit pas trop éloignés de l'écran, et moi tout derrière!
- ... diamétralement opposés, avec une pancarte : "Ici est Phil, là-bas est Feu"!
Nos têtes renversées en arrière et la lumière tamisée, nos remarques sur la bouche d'aération, "très 70's, tu ne trouves pas?" "Ah oui? Moi elle me fait un peu penser à une anémone de mer..." "Euh, n'ayant jamais rencontré personnellement une anémone, je ne suis pas en mesure de te dire si elle me fait penser à cette bonne vieille connaissance..."

Nos pas dans Paris, et l'envie de rester dans la salle après le film, juste pour savourer l'instant.

Nos pas dans Paris, et lui qui me raccompagne au métro, puis le prend avec moi, inventant en riant une fausse excuse : "Il faut que j'aille acheter une baguette de pain à ta station", et nos éclats de rire. Les têtes qui se penchent un peu l'une vers l'autre, assis sur les strapontins, oui, abonnés du métro, même s'il déclare tout autant que moi n'aimer pas vraiment l'aspect un peu glauque de certaines lignes, mais peu importe, nous y sommes et chacun fait un peu lumière pour l'autre.


Et nous nous retrouvons tous deux, presque seuls, au terminus de ma ligne, on est arrivé messieurs-dames tout le monde descend.
Nous marchons, comme si nous n'avions aucun but, même si je sais que ma maison m'attend là-bas, tout au bout, et son bras vient trouver le main, tout doucement, si doucement, que je le garde contre le mien, et nous marchons, dans cette avenue déserte et pleine de nuit, tous les deux. Nos mots, encore, puis je m'aperçois que peu à peu, je ne sais même plus ce que je suis en train de dire, parce qu'il vient de me demander, tellement simplement, avec ce naturel si touchant chez lui : "Je peux te prendre la main?", et qu'il a enlacé de ses doigts les miens, à travers mon gant, et que nous sommes en train de rire de voir ma main gantée de cuir dans la sienne, à la peau un peu durcie par le froid, une vraie main de marin, belle, fine, et charpentée, une main comme je les aime.

Alors, comme nous rions tous les deux, il m'enlève mon gant, et le met dans sa poche. Nouveau kidnapping de gant, c'est devenu un jeu entre nous. Et nous marchons, encore, et malgré moi, avec moi aussi, je sens que mon coeur s'affole, juste pour nos deux peaux en contact, là, par nos mains, par sa main et la mienne, un des endroits les plus réceptifs de tout mon corps. Comme une électricité qui parcourre mon corps, doucement, tout doucement, et sa main contre la mienne, ma main contre la sienne.
Et pourtant je ne veux pas hâter le dernier instant, le dernier moment avant la fin de cet "entre-deux" si délicieux, mais ça, j'en ai déjà parlé sur d'autres lignes, à quoi bon l'exposer ici, chut.

Vient le coin de rue où je dois l'abandonner, et la nuit autour de nous.
Alors, il y a cette envie de ce revoir et ce petit goût étrange, pour cette soirée curieuse, ses mots moins nombreux qu'à l'ordinaire, et notre marche dans un ou deux quartiers, sans avoir eu le temps de se poser cette fois-ci. Puis les mots s'effilochent peu à peu, et je le sens là, tout près, et je baisse les yeux. Sa main qui enlace ma taille.
Et là, il fait quelque chose de si doux, qui me touche bien plus qu'autre chose qui pourrait sembler plus évident et plus simple à faire,
Il m'entoure de ses bras, et me prend contre lui.
Juste nos deux corps l'un contre l'autre, les yeux qui se ferment, et les coeurs qui s'emballent.

Puis ses lèvres sur mon visage, à la rencontre de mes joues, je ne veux rien hâter, rien précipiter, tu le sais, alors n'allons pas trop vite, même si je sens ta fébrilité, j'aime trop cette attente, j'aime trop ce temps "d'avant" qui intensifie tant les choses, qui nous faire tendre de toutes nos forces vers ce que l'on désire tant, sans jamais l'avoir tout à fait, mais en en étant toujours un peu plus sûr, et qui nous permet de savourer encore mieux, d'une façon encore plus belle, cette délivrance qui n'en est pas une, car avant, ça n'était pas une souffrance, bien au contraire, mais une progression mangifique de l'attirance, du désir, de l'émotion, de moi pour toi et du toi pour moi.
Ses mains qui enlacent les miennes et ses yeux qui me cherchent, je souris, je fuis un peu, je n'ai pas envie de précipiter, et pourtant, quelque chose en moi se renverse doucement en arrière, s'abandonne lentement.

Alors je me détache peu à peu de lui, et il vient m'embrasser une dernière fois, si doucement, "juste là", dit-il, à la commissure des lèvres.

A demain, à après-demain, à je ne sais quand, il a cours et pas moi, le temps ne se laisse pas apprivoiser totalement cette semaine, jusqu'à mon départ vendredi.
Nous verrons, nous verrons bien, en attendant je garde le souvenir de toi près de moi, alors taisons-nous, chut, mes doigts sur tes lèvres, mais n'oublions pas les mots non plus, et laissons l'instant s'écouler avec nous.




Ecrit par Feu, le Lundi 6 Février 2006, 11:20 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

manzin
manzin
06-02-06 à 17:02

C'est chouette !!

Je sais pas pourquoi c'est tellement mieux ce avant. J'en parlais avec Delphine (mon amie que je suis allé voir au Canada). Elle me disait que elle adore aussi l'avant, mais qu'elle aime pas le début des relations. C'est vrai que le début c'est un peu bizarre. Tu oses rien, tu es mal a l'aise etc...

Mais c'est vrai, c'est bizarre.
Bon enfin, toujours est il qu'après c'est mieux, et si tout ce passe bien, c'est encore mieux que le avant. Mais je crois qu'il faut savoir cultiver sa relation et ne pas se laisser aller en se disant que le plus dur est fait. Bien au contraire !!

Hohoho !!

Laisse pas trop le avant durer, sinon tu va peutêtre rater le train !

 
ninoutita
ninoutita
06-02-06 à 19:31

Re:

Elle a l'air sympas Delphine (normal c'est une copine ! ).


 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:07

Re:

Ah, cet "avant"... C'est vrai que ça n'est pas forcément évident à comprendre. Je vais prendre un petit exemple : tu connais une fille depuis deux jours, hop, tu l'embrasses, ça te paraîtra naturel, agréable, un bon moment, mais justement, voilà, ce sera bien et bien souvent, ce sera tout. Tandis que si cette attente se prolonge, se prolonge, au gré des conversations, des rencontres, de tout ce jeu de découverte intime et plaisant, et qu'après tous ces instants seulement, vous vous embrassez (c'est horrible, j'ai la sensation de faire un cours de rencontres pour adolescentes omnubilées par la gente masculine, argh), tu auras, je pense, plutôt le sentiment que ça fait un temps fou que tu attends ce moment, et que vraiment, tu vis quelque chose d'incroyablement formidable.
Bien évidemment, il y a une part d'idéalisation là-dedans, mais mine de rien, ça fait partie du charme, ce petit temps de "avant"... Les choses qui vont trop vite ne mènent pas forcément à des relations durables. (j'ai presque envie de prendre mon air de vieux sage et de dire : "Crois-moi, j'en ai fait l'expérience, uhu") Donc, je comprends ta copine Delphine! :)

Ce qui n'empêche que je ne sais pas si c'est "tellement mieux" ; le tout, je crois, et de laisser les choses filer, sans avoir le chonomètre en main, et ni se dire : "Allez, dans trente secondes, je lui saute dessus, j'aurai été plus rapide que mon pote Fredo", ni : "Aaaah, qu'est-ce qu'il fait, il m'embrasse?? Nonnonon, j'avais dit dans neuf jours, pas maintenant!"

Et pour ce qui est de cultiver sa relation, je suis bien entendu tout à fait d'accord avec toi, mon cher Manzin. Comme quoi, les grands esprits se rencontrent!... ;)

 
manzin
manzin
06-02-06 à 17:06

Tu trouve pas que "Ici est Phil" ca sonne un peu comme "Il cinéphile". Genre un mix italiano français?

huhuhu

 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:09

Re:

Tiens, je n'avais pas remarqué! Non seulement tu parles japonais, mais en plus tu deviens poète italien, quel internationalisme!

 
Orage
Orage
06-02-06 à 18:43

Oh. Bel article, vraiment.
Pendue à l'écran, le coeur qui s'affole. On s'y croirait.

Que ce soit toujours aussi beau...:)


 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:10

Re:

Merci. :)
Je veux aussi... :)

 
Louisette
Louisette
06-02-06 à 19:00

J'aime bien ces mots. On vit les instants à travers eux, c'est drôlement chouette.
C'est vrai que c'est joli, l'avant. Mais il faut savoir doser quand même. Ne pas trop attendre non plus. Pour ne pas être déçue, quand. Remarque, quand j'écris ça, je pense aux extrèmes. A cette personne que j'ai attendue pendant un an et demi. Et finalement, quand c'est arrivé, j'aurais cru que ce serait... un peu plus beau ? Mais c'est à l'opposé de ce que tu vis. Donc là je m'égare complétement. Stop.

Tout ça pour dire que si l'avant est beau, la suite peut l'être aussi.
Même si c'est pas forcément le plus facile à croire.

:)


 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:13

Re:

Bien sûr, ne pas attendre trop. Mais je crois que j'ai toujours un peu d'aller trop vite, parce que j'ai connu des relations bâties sur un "presque rien" initial, juste une bonne entente au détour d'une soirée, ou une attirance plutôt charnelle, qui n'ont finalement pas débouché sur grand-chose. C'est pour cela que j'aime prendre le temps. Et puis, ça donne du piment, non?
Quoiqu'il en soit, je ne suis pas non plus d'une patience infinie... comme on a pu le constater ;)

Tu as été un peu déçue, on dirait? En même temps, est-ce que ça n'est pas un peu normal, puisque tu vis en ce moment-même quelque chose d'assez chouette, on dirait, avec Alexandre... Tandis que si tu avais été seule, je crois que cet instant partagé avec celui que tu attendais depuis si longtemps, aurait peut-être été ressenti de façon plus forte, enfin je ne sais pas...
C'est amusant de voir qu'on vit un peu ça en même temps, en ce moment, j'aime bien ces petits croisements. :)

 
ninoutita
ninoutita
06-02-06 à 19:33

" chacun fait un peu de lumière pour l'autre "

IL n'y a rien de plus à dire à part que c'est beau.


 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:14

Re:

C'est vrai que dans ces cas-là, on oublie le temps épouvantable et l'éclairage aux néons du métro... :)

 
17h17
17h17
06-02-06 à 21:53

:)

Même si je laisse bien peu souvent mes mots, je lis avec une avidité toujours plus grande et...que ç fait plaisir de te lire comme ça! :)

 
Feu
Feu
08-02-06 à 14:15

Re: :)

^^ C'est vrai que ça faisait longtemps, toi ici, Mlle 17h17! Alors j'accueille avec plaisir ton ptit passage...