J'aime la nuit.
Cet instant hors du monde, cette autre facette de l'existence.
Pas tant ce que l'on pourrait en croire ; il y a cet aspect "oui la nuit je moi triste, oh, mourir déprime, etc". Bien sûr, je ressens beaucoup plus fort les choses la nuit. Bien sûr, c'est à ce moment précis que je réalise bien plus fort mes douleurs, mes espoirs, mes souffrances, mes bonheurs.
Mais c'est autre chose que je veux exprimer.
La nuit... comment dire? Sensation de liberté. D'ailleurs. Voir autrement, voir différemment. Comme si soudain s'ouvrait l'immensité de toutes les possibilités, de tous les éventuels, de tous les "peut-être". Une dimension du rêve, qui semble étrangement être accessible.
Comme si j'oubliais les contingences matérielles, les études, le quotidien, la routine, le chemin temporel qui poursuit imperturbablement sa route. Une parenthèse, peut-être, mais qui paraît brusquement pouvoir accèder à l'éternel.
Il m’est difficile d’exprimer cela, sans tomber dans l’emballage littéraire. Il faut que je revienne à mon but : exprimer clairement, simplement, de façon concise. C’est pour cela que j’aime Zweig, je viens de découvrir aujourd’hui que son but était : « écrire des petits livres courts, concis, parfaits, rapides à lire mais parfaits. » Je ne prétend pas vouloir accèder à une écriture parfaite. Juste tenter d’y parvenir. Ne serait-ce qu’un, frôler du doigt une possibilité d’écriture solide, évocatrice, subtile. Je ne sais pas si j’y parviendrai un jour. Il faut toujours espèrer. S’émerveiller.
Je reviens à la nuit.
Je me rappelle d’une nuit, avec Kami. Nous étions dans mon lit, en train de bavarder, quand soudain, elle m’a regardé plus intensément. « Et si on sortait ? » « Dans la rue ? » « Non, dehors ». J’ai immédiatement compris que cela voulait dire mon jardin, et nous avons descendu l’escalier, et ouvert la porte à pas de loup, dans un silence complice, comme il y en a peu, si riches.
La, comme des gamines, nous avons roulé dans l’herbe, en chemise de nuit, je me sentais libre ! Comme si nous étions redevenues les petites filles de huit ans que nous avions été. J’ai fait la chandelle, elle aussi, nous étions écroulées de rire, en riant silencieusement, pour ne pas réveiller mes parents ; c’était un instant formidable, un mélange de la sensation de refaire les gestes de l’enfance, tout en ayant en soi cette vague d’air, cette euphorie si particulière à l’adolescence. Cette sensation de quelque chose de neuf, qui porte en soi. Une bouffée d’air, allant de l’avant, qui propulse autre part.
C’est surtout en m’allongeant, et en regardant le ciel gris foncé, que j’ai senti. Ce n’était pas une nuit étoilée, une nuit noire sans lune, pas quelque chose d’académique, de « tout fait ». Il y avait des nuages, qui couraient dans le ciel à toute vitesse. Du vent. Une nuit de milieu de printemps, il y a environ deux mois. Il faisait un peu froid, je lui avais prêté un pull en cachemire, ainsi qu’un pyjama, que je lui prête à chaque fois qu’elle vient à la maison. C’est un peu le sien.
Cette simple vision des nuages gris foncés, un peu noirs, dans le ciel, m’a donné cette sensation d’être transportée ailleurs. Elle était à côté de moi, allongée, essouflée par nos jeux enfantins de la minute précédente. Juste le bruit du vent, et nos respirations. Pas un bruit, pas une lumière, hormis celle du ciel. Peut-être la lune, peut-êtres les étoiles derrières, peut-être les lumières de la ville qui se reflètent souvent dans les nuages. Juste ça, ces simples éléments, qui m’ont procuré cette sensation de puissance infinie.
L’envie soudaine de passer outre tout ce qui existe et nous rattache au quotidien, et nous empêche curieusement parfois de laisser libre cours à ce côté fou de nous-même : même en vacances, hormis celles d’été, j’ai la sensation de ne pas être totalement libre, car demain, il faudra que j’aille me pencher sur ma pile de devoirs, de cours à apprendre, de fiches à remplir, d’inscriptions à faire, de rendez-vous à tenir.
La nuit est en quelque sorte la porte ouverte à tous les possibles. L’envie de partir, autre part, on ne sait où, toute la nuit, l’espace de la nuit et en même temps toute la vie. L’envie d’être capable de tout, de tout laisser tout en le gardant. Très paradoxal. Mélange de résolutions pour la vie future et de rêves pour toujours. Mélange d’idéaux et d’idées à réaliser. D’idéal pour jamais et toujours et d’idée idéale pour demain.
Quand je passe la tête par ma lucarne, j’arrive parfois à monter sur le toit, je m’assieds sur le rebord de la lucarne, et j’attends. Non, je n’attends pas vraiment, je sens. Je me laisse à la dérive, je me laisse libre, ouverte aux sensations. Ivresse.
Cette envie de respirer.
Hier, j’ai lu quelque part : le vent balaye les idées. Je ne sais plus où je l’ai lu, mais j’ai aimé. Il balaye, et en même temps, en amène d’autre. J’écris volontairement amène, et pas apporte. La feuille n’est plus un objet, elle devient représentation des êtres, juste maintenant. Feuille d’arbre, vivant. Feuile sur laquelle on peut écrire sa vie. Balaye des feuilles mortes et sèches, et en amène des belles qui virevoltent.
Inspirations soudaines :
Re: La nuit...
Je comprends pas très bien l'utilité d'arriver à la perfection de l'écriture, et même si quelqu'un arriver à écrire excellemment bien, il y aurait toujours quelqu'un pour trouver ça moche. Et puis c'est que des mots, une invention humaine, faut garder ça dans la tête.
Sinon pour ce que tu décris dans ton texte et cette ambiance unique à la nuit, je pense que c'est dû à plusieurs choses: déjà je mets de côté le bruit, souvent ce qu'on recherche dans la nuit c'est le calme. Le ciel bleu/noir et la vision de l'espace ramène un peu sur terre en montrant qu'on est rien. Et c'est ça le truc, dans la nuit tu réalises que t'es rien, on se sent plus proche de la mort mais en même temps c'est assez doux, et puis on se sent caché aussi. Il n'y a pas l'agression du soleil, juste la lumière apaisante de la lune et des étoiles.
Re: Re: La nuit...
il faut vivre la nuit de manière magique, ce n'est pas la mort, c'est un cache-cache!!! J'ai passer des années, avec mes volets fermer toute la journée, même pendant les vacances...je n'était pas déprimer pour autant, la lumière était tout simplement trop agressive a mon goût, aujourd'hui encore, je n'ouvre les volets de ma piaule que pour aéré, tout le monde est prêt a festoyer, la nuit, c'est l'interdit, c'est un bien-être malsain...mais si tu peux le gérer, crois moi, c'est très bon, et quasi toujours " bonheur"...Aller guillaume, tu vas finir par me trouver très lourde, hein??? Mais tu peux cultiver ton coté glauque en mystère, et te sentir bien...
bizzzzzz a vous! n'oublie pas de faire des voeux aux étoiles, et aux anges.
Re: Re: Re: La nuit...
Merci pour tes petits commentaires dynamiques, Néo, c'est marrant et sympa à lire! La nuit en cche-cache? Sans doute...
Au fait, tu n'avais écrit que tu allais bientôt te marier?? Alors, tous mes voeux de bonheur! (c'est un peu banal comme phrase, mais je le pense vraiment!) :D
C'est-à-dire que...
Oui, c'est vrai, bien évidemment... Disons que je ne me suis pas très exprimée, cette phrase pouvait faire un peu mégalomaniaque! Quelle idée, de vouloir arrier à la perfection... Et puis d'abord, qu'est-ce que c'est?
Il serait plus juste de dire que j'ai envie d'atteindre à une satisfaction de ce que j'écris. Un moment où, même en relisant cela des années après, je me dis, ne serait-ce qu'un peu : je crois que là, il y avait quelque chose. Tu vois ce que je veux dire? Bien sûr, il y aura toujours quelqu'un à qui cela ne plaira pas, mais ce que je veux montrer, c'est simplement que j'aspire d'une certaine façon à pouvoir faire mûrir mon écriture. Arriver enfin à exprimer tout ce que je veux, sans me laisser trop torturer par la façon de l'exprimer, et tout en savourant l'écriture elle-même. Je ne sais pas si je suis très claire.
" Et puis c'est que des mots, une invention humaine, faut garder ça dans la tête. "
Tu considères que je ferais mieux de garder un minimum ce que j'aimerais écrire en moi? J'ai un petit peu de mal à comprendre... ??
A moins que tu ne veuilles dire que l'écriture en elle-même n'a pas tant d'importance que cela, puisqu'elle est invention humaine.
Mystère et boule de gnome... ;)
Re: C'est-à-dire que...
D'accord pour ta satisfaction personnelle ;) La perfection vraiment je ne sais pas ce que c'est, c'est pourquoi je disais ça.
Sinon en réponse à ta question sur mon journal, pour l'instant je n'ai rien à écrire d'intéressant, j'attends d'être un peu inspiré!
Re: C'est-à-dire que...
Bizzzzz
neowitch
La nuit...
Qui ne transcende pas la nuit? Certains soirs, plus que d'autres, mais on y reviens toujours, quand on a des soucis, ou des grands bonheurs, car c'est la nuit qu'on les apprécient le plus?
Lorsque la nuit se coule dans le ciel, il y'a pendant environ 10-20min, une atmosphère unique qui s'installe, entre le bleu roi et le bleu nuit...J'adore ce moment, chaque jour je l'attends et il m'apaise, ce sont les moments ou les Anges arrivent...
Je te fais pleins de poutous, petite fille, tu me fait du bien, tu me ramènes a moi, parfois...
ch'tite néo