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Sentir

Je dis juste que ça faisait un certain temps que je n'avais pas eu une discussion comme celle-ci. Avec , durant une, deux heures, tout à l'heure. Simple, calme, agréable, confiance et émotions racontées, échanger des idées, se dévoiler un peu, enfin, dévoiler n'est pas le mot, plutôt dire, exprimer, simplement, sans impression de trahison personnelle, juste, parler.

J'ai passé une bonne journée. Vraiment.
Discussions diverses et variées sur de multiples sujets personnels, généraux, intimes.
Piano, flûte, chant, on joue et chante, la musique qui passe, on est bien.
Chuck qui nous chante ses chansons, et moi qui déchiffrons du Debussy, et du Vivaldi, des élèves d'autres groupes de TD qui chantent en riant Titanic, Summertime, et l'un d'entre eux qui nous improvise sur du jazz, dans le grand amphi vide...

Je vais peut-être avec pour l'Ile de Ré, pendant les vacances. Joie. Voir la mer, enfin, ça faisait si longtemps, elle commençait à me manquer... C'est si beau, la mer en hiver. Retrouver Ré (oui, la musique de ré...), et se rappeler de ses vacances que nous avions passées ensemble là-bas, il y a... quatre ans déjà?

Un petit vent de liberté qui souffle quelque part. Il me semble que j'accueille sereinement ces vacances. Pas de refus de "quitter" pour un peu plus d'une semaine la fac. Puisque je pars, avec Kami, avec une amie chère, pour une destination qui a un goût d'infini...
Je sens déjà mes pieds dans le sable, courir pieds nus sur le sable froid, sentir le vent qui gifle mes joues, respirer soudain en écartant les bras, et haleter comme un chien fou et riant à gorge déployée. Savourer tout cet espace qui nous entoure, même si la nuit tombe tôt, même s'il fait froid, même s'il pleut un peu, savourer, savourer. Toute cette immensité, juste là, l'océan gris de l'hiver, surface calme ou agitée, comme le sont les émotions diverses. Cette sensation d'absolu qui prend soudain, l'envie de respirer jusqu'à n'en plus pouvoir, de crier soudain, pour sentir se libérer les cordes vocales, comme si celles-ci avaient été emprisonnées par la routine bétonnée de la ville...
Envie de courir, de jeter mes bras en l'air, de sauter encore et encore, comme pour mieux sentir mon corps, qui existe vraiment. Je me sens toujours plus exister dans les grands espaces, comme si mon esprit avait besoin d'un périmètre suffisamment large, suffisamment non-fini, pour s'épanouir vraiment, pour pousser, croître, pour respirer.
Oui, c'est ça, respirer.

Il faut que tu respires...

Se ressourcer, oui, revenir aux sources, à la mer, la mer. L'eau est comme un besoin, pour moi. M'y plonger toute entière, la sentir juste là, ma main qui glisse dans l'onde calme, ou qui s'enfonce soudain dans l'écume qui éclabousse. Une sensation d'harmonie qui fait grandir le sentiment de puissance tranquille en moi, d'exaltation sereine, le sourire aux lèvres, on inspire l'air tout autour.

Peut-être est-ce simplement, sentir, au lieu de parler. Juste sentir. Ce retour aux éléments, à la simplicité, on quitte la ville et ses discours, on retourne aux mots évidents et aux gestes qui disent tout. Un regard-sourire, j'en ai tant en mémoire...

Tous ces moments qui m'habitent et me rendent si forte, si riche parfois, ces moments vécus dans de grands espaces. L'ivresse de l'horizon qui n'en finit pas de s'achever, le regard qui court vers le bout de la terre, jusqu'à ne plus rien distinguer, jusqu'à la ligne où ciel et terres sont censés être séparés, mais se confondent mieux que jamais.

Et voir, voir tout ça, s'en imprègner follement, si fort. Le thorax envahi par la certitude que l'on est bien là, vivant, et que tout l'air qui entre dans ses poumons ne peut être que magnifiquement régénérant, que ce que l'on voit avec ses yeux, oui, ses propres yeux, ne peut être que riche d'inconnu et de nouveauté. Comme grandi de l'intérieur, on aborde le monde avec superbe, le rire qui éclate dans l'air ambiant, on est devenu conquérant du monde, prêt à tout sentir, tout voir, tout entendre, tout goûter, goûter à la vie, le carpe diem devenant comme un impératif.

Goûter encore et encore à sa propre présence au milieu de tout cela, cette simplicité si évidente...

J'aime tant ces instants d'éternité. Qui restent présents si longtemps en soi.

Ecrit par Feu, le Lundi 21 Février 2005, 21:42 dans la rubrique Ecrits.

Inspirations soudaines :

Titefolle
Titefolle
22-02-05 à 22:29

J'espère que tu vas y aller et courir comme un chien fou sur la plage hihi. Bisous.

 
Feu
Feu
23-02-05 à 20:52

Re:

C'est mon côté "sauvage" et folle! ;)