Quand j’essaie de me remémorer un instant particulier, ils sont nombreux à me revenir, d’un coup, en désordre. C’était hier soir, et pourtant, leur image hante encore toute
Envie de mettre de deux photos, de deux visages qui ont empli mon année. Deux visages qui ont beaucoup compté. Qui ont dompté mes désirs, exacerbé mes envies, caressé mes espérances. Parfois sans le savoir.
L'un avec ses cheveux en bataille et son bouc, l'autre avec sa chemise "des grands jours"... Deux visages... qui en fait n'en sont qu'un seul, je ne m'en aperçois qu'à présent. Oui, la seconde photo n'est autre qu'une de Raphaël.
Alors, je mettrai ses mains. Chuck. Ses mains courant sur le clavier, lorsqu'il nous a chanté ses chansons si belles, si folles, pleines d'humour, de justesse, de sensibilité. Avec sa voix incroyable, en basse, en tête, jouant avec comme du plus bel instrument qui soit.
Hier soir. 18h, Kami arrive, hop, branle bas le combat, on se met à la cuisine. Tandis qu'elle fait son brownie, je peaufine la taboulé, coupe la mozzarella, tente de me souvenir de l'emplacement des assiettes.
Viennent à leur tour Antoine, Mathilde, Dora et Gina, chaleureux, souriants, je me sens bien, bien. Deux fourchettes qui se battent en duel, hop, je lance par ici une tomate, tends par là une assiette, et les questions fusent : Mon manteau, je le pose là? Tu veux de l'aide? La mozzarella, en dés ou en tranches? Où sont les couteaux? Attends, je vais rajouter de l'huile d'olive, ça sera meilleur, et puis aussi, en Italie, tiens regarde, on présente comme ça...
Sonnent Chuck, Raphaël, Romain et Jude, tous fous à l'interphone. Je suis gaie, ça commence, la pétillance, elle vient, elle vient. Lorsque Chuck me tend son cadeau, je suis toute ébahie. Je ne m'y attendais pas. "J'ai vraiment pensé à toi en achetant ce CD, vraiment". Je m'exclame, j'éclate de rire. Et puis la super-cassette "surprise, hein?", dont j'ai hâte de regarder le contenu... Mathilde, Dora, Jude m'offrent à leur tour leur cadeau, je suis de plus en plus surprise et touchée, c'est fou, je ne réalise pas, je leur avais pourtant dit que cette fête n'était pas pour mon anniversaire, qu'il était il y a six mois! Et chaque cadeau est juste, pensé, il fait mouche et me donne sourire encore plus grand.
L'interphone retentit de plus en plus, le monde afflue, une vingtaine de personnes, c'est fou, je me demande si on tiendra tous dans la maison. Parmi eux, Diego, David - qui me fera la cour de loin en loin, l'air de rien et l'air de tout, provoquant les fous rires complices de Kami et Carole, une amie d'un stage de musique (parce que je veux bien écouter sa cour, mais y répondre est une toute autre affaire, dont je ne suis pas certaine de vouloir m'occuper...!)-, Elmer, et d'autres... La gaîté est contagieuse, la bonne humeur communicative. Les petits groupes se forment, se déforment, les contacts se lient, on parle, on rit, et certains s'attèlent au piano. Chuck nous chante ses chansons magnifiques, et Romain improvise comme un fou du jazz...
Certains sortent de leurs sacs, comme des surprises innatendues, des bouteilles, mêlant joyeusement alcool et jus de fruits. Mon taboulé et le brownie de Kami font sensation, et plus tard, c'est une distribution générale de tisanes, l'eau chaude qui se verse un peu à côté parfois, en riant.
Brouhaha agréable, qu'il est bon de sentir tous ces gens que j'apprécie, que j'aime, réunis autour de moi...
Difficile d'être hôte, tout de même. Pas évident de se poser vraiment, profondément, pour discuter longuement. Je virevolte d'un groupe à l'autre, bavarde avec tout le monde et personne en particulier en même temps. J'aurais aimé trouver plus longtemps une amarre, pour jeter l'ancre ici, l'espace d'une heure. Je n'ai pas du discuter plus d'une demie-heure d'affilée avec quelqu'un. Et en même temps, c'est ça recevoir, envie de parler à tout le monde, qu'on ne peut pas forcément gérer. Mais je vais avec bonheur d'une voix à l'autre, guidée par les sourires et les éclats de rire. Je profite, je savoure, même si ce n'est pas toujours très long.
Et la fin de la soirée arrive, certains partent, mais nous sommes une petite quinzaine à rester dormir chez moi, à caser dans la maison. S'il y a bien une image que je retiens, c'est Chuck organisant son lit de fortune, sur une banquette du salon, avec des draps péruviens qui le font rire tout haut. Son air si bien, empêtré dans ses draps, son rire qui m'amuse toujours autant, et Romain qui lui chante une berceuse en l'harmonisant au piano.
Dora sautille, Gina pétille et Jude frétille. Antoine nous sort une blague cocasse, et Mathilde tombe de sommeil. Romain mange du taboulé avec une cuillère à soupe à même le plat, tandis que Raphaël prend des photos, tout joyeux.
Peu à peu, on va se coucher, et nous ne restons que quelques uns dans le salon, installant nos campements, à deux par canapé. Raphaël est allongé par terre, sur un lit de coussins rebondis, et Romain et Jude s'enlacent sur le canapé rouge, se cachant en riant sous un drap, tout aussi péruvien que l'autre.
Le jardin, où Chuck a finalement renoncé à dormir dans le hamac, après avoir constaté qu'il touchait terre en s'y allongeant, ledit hamac étant accroché à de frêles arbres... La nuit au-dessus de nos têtes, parsemée d'éclats lumineux. Je tente de retrouver la Grande Ourse. J'ai froid ; gentleman, David me met sa veste sur les épaules, et je croise le regard rieur de Kami et Carole. Pieds nus dans l'herbe, on respire une dernière fois l'air de la nuit avant de rencontrer le matin, tout à l'heure déjà... dans quelques heures, à peine. C'est tout juste si le ciel ne commence pas à s'éclaircir.
Avant de monter dans une des chambres en haut, où il reste un peu de place, je jette un dernier coup d'oeil au salon. Endormis, Romain et Jude dans le coin, David sur un matelas, et Raphaël et Chuck, l'un sur la banquette, l'autre au sol, sur ses coussins.
J'ai envie de tendre la main et de caresser la joue de Chuck. Quelque chose en moi le murmurait depuis le milieu de la soirée. Lorsque j'ai rencontré son sourire, parfois, des relents de sentiment sont remontés en moi. Quelque chose s'est rappelé. Remember. Fibrilles de sensations, qui me parcourent et m'électrisent doucement, lorsque mes yeux ont croisé les siens.
Le bazar que l'on trouve le matin, mais que l'on esquise, à douze autour de la table du petit déjeuner, faisant passer les tartines grillées et la confiture. Les tasses que l'on sort, les petites cuillères distribuées à la volée et on pioche un M&M's dans le sac entamé la veille.
Encore quelques photos, quelques accords de piano, et puis voilà, on referme la porte ouverte sur le rêve, à la prochaine.
Et j'emporte avec moi leurs sourires, à tous.
Inspirations soudaines :
Re:
Moi aussi, j'aime les photos, comme tu dis, ça soulève un petit pan de rideau sur la scène de notre vie... "Avec les mots en plus, on voit les instantanés dans la tête". Oui, c'est ça. Parce que quand même, les mots restent là, toujours très forts.
Vive les fetes
On veut que tout soit parfait puis on abandonne et on se laisse porter par la surprise...
On profite a fond, on promet dans faire une autre l'anne prochaine ( nouvelle discussions avec les parents pour avoir l'appart a toi toute seule) et surtout on s'amuse !!!!!
Vive les fetes, les fins d'annees qui promettent un nouveau debut et l'ete qui arrive ainsi que la fete de la musique toute proche!!!
Et puis continue a mettre tes photos toujours justes et a leur place
Voila...
Bisous
Re: Vive les fetes
Ah oui, la fête de la musique, j'en suis toujours aussi fan, malgré les années qui passent! C'est un jour tellement formidable, de liberté totale...
Et je suis bien d'accord, vive les brownies! (et les cannelés, aussi, c'est encore meilleur... ;)
Cocktail
J'aime bien les photos. Le flou, les couleurs, le côté sombre, parfois.
Et puis, de ma manière plus générale, les articles photos, je trouve ça... génial.
Parce que justement, à travers ces images, ces bouts d'eux que tu dévoiles rien qu'un peu. Oui, à travers tout ça, on ressent cette ambiance d'il y a quelques jours. Avec les mots en plus, on voit les instantanés dans la tête, et on imagine drôlement bien cette parenthèse nocturne...
Juste ça.
En fait.
:D