Tout à l'heure, il y a dix minutes, j'étais dans la rue, sortant de la bibliothèque, croulant sous une jolie masse de bouquins. Oui, je me mets intensément à la lecture en ce moment, il n'y a pas que la musique dans la vie. Les Faux-Monnayeurs de Gide. Qu'est-ce qu'il est juste, ce livre.
Tout à l'heure, donc, j'ai couru après mon bus, mon écharpe qui se déroulait de mon cou et mon sac suspendu dans une équilibre précaire à mon épaule. Et j'ai toqué à la porte du bus, je me suis surprise à sourire avec un petit air mutin, et le conducteur m'a ouvert, et j'ai souri. Engouffrée dans la chaleur, la tête contre la vitre.
Le froid sur mes jambes, en sortant, sur mes jambes nues, sans rien, juste ma-jupe-droite-un-peu-sexy-que-j'aime, parce que je dis zut au froid, je laisse mes jambes à l'air. Et là, là, lorsque j'ai senti le vent qui me glissait dans le cou, lorsque j'ai eu envie d'avoir un grand pull chaud pour le passer autour de mes épaules, lorsque j'ai remonté la fermeture éclair de ma veste, il s'est passé quelque chose. Une sensation que je ne parviens toujours pas à définir.
Comment dire?...
Ma première sensation d'hiver.
La sensation de vivre, intensément, d'être ouvert à tout ce qui est autour de soi, d'être plus sensible, plus alerte, plus ferme et plus fin à la fois, fragile et forte, je ne sais pas. Une sorte de densité tout en fins découpages. Je n'arrive même pas à trouver la bonne image pour la décrire.
J'ai senti.
Même, fragile n'est pas le bon mot. Non, je n'étais pas du tout fragile, pas du tout. Comme si je m'étais ouverte pour laisser passer les choses, les sensations en moi. En fait, je suis soudain devenue, l'espace de quelques secondes, des fanons de baleines (oui, bon, euh, on fait mieux en terme de métaphore...). Je filtrais toute la matière, pour retenir des sensations-denses-plancton, pour m'en nourrir. Tout en restant ferme, droite sur mes jambes (sur mes gencives, hum, si je suis une dent), sans faillir, sans flancher. Juste une ouverture brève, quelque chose de... palpable.
Je ne sais pas si j'ai réussi à la décrire.
Toujours est-il que ça m'a fait sourire. J'ai souri toute seule, dans la rue, un homme m'a souri, je cherchais mes clefs dans mon sac, mes bouquins entassés dedant, je souriais. Et ce froid piquant sur mes jambes qui me ravissait, tout bêtement. Frigorifiée mais terriblement heureuse, intensément.
C'est peut-être pour ça que je tombe souvent amoureuse en hiver. Et qu'on tombe souvent amoureux de moi en hiver. A cause de cette chose "spéciale" qui rend les gens plus... sensibles, plus ouverts de toutes parts comme de la dentelle, comme des filtres aux trous si joliment ouverts, et en même temps plus denses, plus riches, plus pleins. On devient alors des paradoxes, des associations de contraires qui vont justement si bien ensemble. Je ne sais pas comment l'expliquer. Comme si ce froid, cette saison, cette descente vers la nuit, ce racourcissement des jours, lentement, exacerbait, de façon très progressive, les sens. L'été, mine de rien, avec cette chaleur, cette douceur, cette confiance, oui, cette confiance, est plus lascif ; je dirais presque qu'il anhile, amoindrit, non, ce n'est pas le mot... Il y a peut-être moins ce côté "en alerte", que l'on ressent plus physiquement parfois en hiver.
Même si au contraire, le froid engourdit peut-être, et que la chaleur porte en elle une sensualité forte. Mais là, là, le froid donne la sensation d'être empli d'une électricité totalement différente de celle de la chaleur. Ce n'est pas cette lascivité, cet érostime lent et mesuré, c'est comme un vent qui tournoie, un courant rapide, une gifle à peine suggérée, un petit pincement qui ouvre, qui alerte, qui fait tendre l'oreille.
Je développe, mais je tatonne. Je ne sais pas exactement où je vais. Je sais où j'aimerais conduire mon idée, mais je n'y parviens pas tout à fait...
La musique que j'écoute me trouble, c'est comme si quelqu'un parlait derrière moi. Tant pis, j'arrête là. Chopin a gagné la bataille, mon vieux, je laisse ton CD filer, tes impromptus (putain, qu'est-ce que c'est beau) courir. Mes idées s'embrouillent trop lorsque j'écoute de la musique. !
C'est curieux, j'ai envie de mettre des points d'exclamation partout.
! !! !!!!!
Voilà, ma petite dose.... (!!!!!! !!! !!!)
Satisfaite?
Mh, oui, je crois. Allez, encore un peu : !!!!!!!!!!!!!!! !!!!!!!!!! !!!!!!!!!!!! ! !!!!!!!!!!!
C'est curieux, tout de même, de se remettre à penser par écrit.
Oui, en fait, tout à l'heure, c'était un peu... une atmosphère de joie pour un futur à venir, et en même temps, de nombreux souvenirs d'hiver, de froid, me sont revenus en mémoire. Toutes ces choses vécues... Et il y avait aussi ce froid si curieux, après ces jours de temps chaud, si curieux que j'ai pensé à Noël. Et j'ai eu cette petite excitation que je ressens à chaque Noël, cette exaltation à l'idée d'offrir des cadeaux, de trouver LE cadeau pour LA bonne personne, qui correspond à chacun, mêlée au plaisir d'avance de recevoir ses propres cadeaux (ben oui, un peu d'égocentrisme ne fait pas de mal...)
J'ai souri, tout bêtement.
:)
Inspirations soudaines :
Re:
Deuxième plongeon, une, deux! J'espère que tu nages à l'aise dans le drôle d'océan de mes mots (pas trop le mal de mer?) ;)
Au fait, joli avatar!
... chopin est toujours vainqueur... la musique est-elle plus forte que les écrits ? Parfois c'est un stimulant...
Ah l'hiver, douce saisson des âmes en peine et des coeurs oubliés... Le froid ennivrant qui empèche de trop réfléchir et Noël, les visages lumineux et ensoleillés des gens qu'on aime.
Tu écris très bien !
Re:
Jolis mots sur l'hiver, oui, c'est vrai, les visages sont comme des éclaircies toutes chaudes et solaires, dans cette saison, lorsqu'on les aime.
A bientôt!
Et puis cette sensation d'hiver, vraiment bizarre. Avant hier, j'ai écris un article là dessus. Mais, différent. Pour moi, j'ai ressenti l'été toujours présent. Tiens, en exclusivité direct live, je vais t'en citer un petit passage, parce que c'est la même chose qui m'a fait penser le contraire de ce que tu as pensé, enfin, le contraire théorique, mais au fond, la même surprise. Moi j'habite au sud, c'est pour ça.
" Quelle étrange sensation que de se balader seule dans la rue. La nuit, les lampadaires, et le vent qui s'engouffre sous la jupe. Du vent, des frissons, mais pas de froid. Il fait chaud, on est encore en été, après tout. Mais on est bien. On est seule mais bien. Parce que l'air est doux, et l'odeur salée. Alors quelques secondes, on oublie les désagréables mésaventures de la journée, en pensant que finalement, il n'y a qu'ici qu'on voudrait être. Dans cette rue, à cette heure."
Voilà, désolée de te copier coller un pavé de texte, mais je voulais te faire partager ce petit passage. Pardon de polluer le joueb des autres, je suis trop bavarde. Mais sache que je porte rarement de jupe et que je sais pas, cette nuit là, j'étais contente d'être une femme, de m'être fait belle et de respirer. J'ai pas l'habitude de m'habiller en fille...
Re:
Je voulais te dire : tu exprimes aussi très souvent ce que je ressens. Bien souvent, je m'aperçois avec étonnement (très agréable!) qu'il y a plein de résonnances dans tes écrits. Comme tu le dis pour la différence entre toi et moi été/hiver, cela peut-être "en miroir" (une sorte d'inverse, mais que pourtant je comprends), ou au contraire, exactement la même chose. C'est assez agréable, je dois dire. Comme si je lisais parfois mes pensées sous tes doigts. Surprenant, mais vraiment... je ne sais pas. Ca me fait un truc, de lire ce que je pense en face.
Pour ce qui est de l'été, en fait, je ne sais pas si je m'étais très bien exprimée. Disons qu'en été, je sens plus les choses, au sens charnel, physiquement parlant. Et comme toi, j'oublie plus les soucis, je me sens... plus libre. L'hiver, c'est une forme de liberté. PLus emprisonnée dans des aspects extérieurs (froid, fatigue), mais l'esprit, du coup, est comme plus aux aguets, il se pose plus de problèmes (contrairement à l'été), et du coup, réfléchit plus, erre plus.
Bref, je raconte ma vie, mais c'était juste ça. Bienvenue au club des bavardes. J'ai souvent aussi envie de réagir dans plein d'endroits, mais je me retiens, de peur d'embêter... ;)
Re: Re:
La Fantaisie difficile? Oh purée, nooon, c'est de la tarte! (ironie douteuse...c'est de la purée ou de la tarte ? faut savoir...) Première fois que je dois vraiment bosser pour déchiffrer un morceau, ça fait mal....chuis obligée de connaitre par coeur chaque main séparée pour pouvoir les jouer ensemble et qu'elles aient réellement concordance, en plus les deux mains ont chacunes des grands écarts à faire au niveaux des doigts donc je sais pas vraiment quelle main regarder pour pas me gourrer, faut que je surveille les deux, gogogaddget aux yeuuuuux! Et en plus niveau rythmique y'a la gauche elle fonctionne par triolet et la droite par quadru quelque chose, j'y connais rien au solfège par pitié.
Ptain si ta prof avait décidé de te faire jouer ça pour un concours, c'est que tu dois avoir un sacré niveau de monstre de ouf! Il est casse gueule ce morceau! Alors en plus, pour un concours au conservatoire, qui plus est, avec le stress tout ça, elle devait avoir VRAIMENT confiance en toi ta prof, ouaouh! Chuis épatée! Alors finalement, t'as joué quoi à la place? Dis quand même, même si je suis persuadée que je connais pas! Pffuut...
Contente de savoir que c'est réciproque, ce retrouvage en l'écrit de chacun. Parfois, j'en suis troublée, par ce que tu racontes certaines choses que je n'ai pas voulu mettre sur mon Joueb. Et des fois, j'ai mes futurs articles en face de moi et je me dis, merde, elle m'a recopié c'est pas possible, elle a lu dans mes pensées. Et le plus fou, c'est que ça me le faisait encore plus dans tes récits inventés pour ton joueb de Viva, et pour l'autre....hum hum.
Ouais, tu racontes ta vie sur ton blog, en même temps c'est fait pour ça, hein.
"J'ai souvent aussi envie de réagir dans plein d'endroits, mais je me retiens, de peur d'embêter... ;)
" et là j'ai une énorme envie de te dire........LACHE TOI!!!!! surtout sur mon Joueb!!!! (mouahaha...hum) non mais c'est vrai quoi même plus tu viens mettre des commentaires, je suis déçute, que dis-je disapointetée. Moi je les attends, tes réactions, hein, surtout qu'elles sont toujours sympa en plus, après comme ça j'ai un prétexte pour encore plus parler sur mon joueb en développant les commentaires des autres et faire des longs pavés qu'on arrive même plus à lire (remarque, en longs pavés, tu me bats....si si c'est vrai)! Enfin voilà quoi....
Vraiment, je suis trop bavarde.
Avant, je disais que je préferais l'hiver à l'été parce que ... ben pour tout un tas de raisons plus ou moins bancales, comme par exemple "en hiver tu peux toujours rajouter une couche si tu a froid, mais en été quand t'es a poil et que tu crève toujours de chaud ben tu peux rien faire !"
Un argument de choc qui, j'en suis sur, pèserait fortement sur la balance du jugement dans le procès hiver/été.
Maintenant je me suis un peu ravisé, j'aime autant l'hiver que l'été (ouais en fait c'est chiant de passer toute une saison a dire "ptin j'aime pas l'été, ptin j'aime pas l'été, passe moi le sprite, ptin j'aime pas l'été, ou t'as mis les chips? ptin j'aime paaaaaaaaas- TA GUEULE!!" ). Disons que je les apprécie différement.
J'aime l'été car c'est beau, plein de lumière, de chaleur, d'odeurs etc..
J'aime l'hiver pour (noel) la sensation du froid (les cadeaux de noel), la lumière hivernale (surtout les gros gros cadeaux de noel), la neige (les cadeaux de mon anniversaire, juste après le nouvel an aussi j'aime bien), le froid qui te tiens le visage et qui affine/améliore/boost les pensées (j'ai parlé des cadeaux de façon subliminale?) bref !
voilà quoi ! ok? bon bien, très bien.
Re:
I absolutely agree with your "arguement de choc", qui, mine de rien, s'avère très juste. ;)
Ecroulée de rire à la lecture de ton petit dialogue (fort bref, ma foi)(uhuhu) estival...! Toi aussi, tu aimes l'hiver pour l'ivresse (mon anniversaire), le givre qui fait les doigts bleus (donc les cadeaux), la vapeur qui sort de la bouche quand on parle (plus les cadeaux sont gros, mieux c'est), les boules de Noël (plus petites que mes cadeaux, bien sûr), toussa?... Manzin, toi aussi, ton anniversaire est lorsqu'il fait froid? Dans les eaux de décembre-janvier?
??? (quel suspens..........!)
Re: Re:
By the way, je te revois quand sur msn? on prend rdv si ca t'arrange. hu hu :p
Re: Re: Re:
Pour msn, faut laisser ça au hasard, en ce moment tt s'accélère, je peux paaaaaas! Cce qui n'empêche que je suis passée deux fois les derniers jours, et chaque fois tu étais "à paris" ou "parti faire je-sais-pas-quoi" (j'ai oublié quoi)
:p Uhuhu...
L'hiver s'en vient, ou plutôt, l'été s'en va. L'été s'en va, et l'odeur de poussière irradiée cède le pas à celle de cendres échappées des cheminées... Voilà le signe !
Hmmmm... Oui, bien au chaud dans un gros pull, le froid sur les jambes c'est délicieux ! Moi qui surtout vais nu-pieds (en dehors des heures ouvragées de buro, tout de même), en hiver j'adore sentir le froid sans l'avoir... C'est une perception de plus, c'est comme fermer les yeux face au soleil sans être ébloui, comme sentir des vibrations sans être assourdi...
Et puis, gambettes ou petons nus en hiver, ça effraie les passants et ça c'est rigolo !
Ces passants qui se hâtent dans les rues mais se montrent accueillants, sereins, dans la torpeur de leur appartement tamisé et bien chauffé...
C'est ça l'hiver ! Aimer l'hiver, c'est savoir vivre les contrastes...
Cav' (encore de passage qui, promis, se crée un compte la prochaine fois...)
Colors
Mais si ça sent l'hiver, alors, tout va bien :)
Voilà, deuxième plongeon effectué.
Plongeon à travers tes mots. J'aime bien. Vraiment.
f e u, trois ptites lettres. Facile à retenir.