Ceci, en guise de post-it. De mémoire. Grand-père est mort ce matin, vers 5h, dans cet hôpital si triste. Là où ils l'ont laissé, jusqu'au bout. Quels cons. On voulait pas ça, il ne voulait pas, mais eux, eux, ils n'ont même pas été capables de passer une nuit près de lui. Juste l'argent, l'héritage, sous le manteau, chut, ne disons rien aux Parisiens...
Il est mort. Même pas dans sa maison.
Je ne sais pas si je suis triste. Mais je suis touchée.
A vrai dire, je crois que ce qui me rend le plus triste, c'est de savoir qu'il n'a pas pu mourir chez lui. Et qu'il n'aura pas ma dernière lettre, celle que je lui écrivais dans ma tête depuis quelques jours. Je pensais à lui, je voyais les mots qui venaient progressivement sur un papier imaginaire, j'avais envie de lui écrire, envie. Repose ton stylo, maintenant, ça ne sert plus à rien.
Et peut-être qu'à cause de ces cons, je ne pourrai pas, on ne pourra pas aller à l'incinération. Parce qu'ils l'ont prévue pour vendredi. C'est n'importe quoi. Prévue sans nous. Sans nous concerter. Juste, hop, vendredi, "mais prenez le tgv, c'est en 3heures!". Mais si on ne peut pas, si on ne peut pas?... J'ai ma rentrée universitaire, je dois y être, je dois vraiment y être, mes parents travaillent, on ne peut pas. Mes parents pourront peut-être déplacer leurs rendez-vous, moi je ne peux pas.
Comment ont-ils pu, là-bas, organiser ça comme ça? Ils avaient déjà fait ça pour la mort de la mère de ma mère. Je ne dis pas "ma grand-mère", je ne sais pas si elle en a été une. La mère de mon père est ma grand-mère. L'autre, je ne sais pas.
Ne pas y penser. La vie continue. Même si je mets des points à la fin de chaque phrase, que l'humour n'est pas là, je ne suis pas si atteinte que cela pourraît transparaître. Mais je pense seulement à la haine, à la jalousie, la rapacité, tous ces côtés dégueulasses, oui, dégueulasses de l'âme humaine, dans les familles, dans les fratries. C'est si laid, c'est si moche de faire ça, d'empêcher les autres. Maman, s'il-te-plaît, ne sois pas si fragile, ne te laisse pas faire. On ira là-bas, on réussira à la déplacer. Je voudrais y aller, je voudrais "voir" grand-père une dernière fois. Avant. Avant quoi, je ne sais pas. Juste.
J'ai envie de le prendre dans mes bras. De l'avoir tout contre moi, ce grand-père qui était tout maigre et aigri à la fois, fragile et despotique, attentif et égoïste, charmant parfois et détestable aussi, trop bavard et pas altruiste, blessé et odieux, qui se voulait généreux mais ne savais pas l'être car il n'avait pas appris. Mais qui savait si bien trouver les choses justes à dire, parfois. Ce grand-père qui s'intéressait à qui j'étais, pas toujours bien, parfois écrasant, réfléchissant trop, sans écouter l'autre, mais il avait ses yeux tournés vers nous, il pensait côte à côte de nous. Je sais ce que je dis, je pèse mes mots. Cet homme qui avait tant souffert du désamour de sa famille, de la rivalité entre frères et soeurs, du non-amour de sa femme qu'il a aimée sans savoir vraiment comment aimer. Cet homme homme qui a touché un peu à tout, réussissant toujours tout en n'allant jamais vraiment jusqu'au bout, je ne sais pas, je ne l'ai pas assez connu pour dire vraiment de façon juste. Mine de rien, une générosité, si. Même si.
J'aurais juste voulu, peut-être, lui écrire une dernière fois.
Cette dernière lettre aura été dans ma tête.
Ciao, grand-père.
J'espère qu'on ne te fera pas trop de mal après.
Je pense à toi.
Inspirations soudaines :
Re:
C'est vrai que je suis heureuse d'avoir pu profiter de ses derniers instants. Les gens paraissent tellement... vulnérables, dans ces instants. Parce que tout refait surface : leurs côtés délicieux comme leurs facettes despotiques, leurs regrets et leurs fiertés, tout.
:)
Re:
Sinon, le titre m'est passé par la tête, sans aucun rapport avec le reste! J'aime bien laisser mon insconscient me guider pour les titres, et ne pas trouver forcément quelque chose qui "illustre" le contenu de l'article...
L'océan des mots, des vagues passant de la gaieté au ton doux-amer, à un peu de regret, de tristesse, de dégoût, que sais-je encore?
L'océan dans lequel on plonge, oui. Mais, non, pas de mal de mer.
Ca me fait penser à une chanson... Bon, mise au féminin, mais. Et ça correspond pas tout à fait...
[Une princesse est morte,
Sans flashes ni escorte,
Sans bougie dans le vent, sans roses devant sa porte,
Une princesse est morte,
Une femme de coeur une femme forte,
Morte sans flashes ni escorte...]
KDD
Parce qu'on est tous exceptionnels, par notre gentillesse, notre intelligence etc, voire notre connerie... Mais y'a certaines choses universelles, ou presque.
Peut-être que du ciel, les lettres sont quand mêmes lues... En espérant que la poste fonctionne mieux là-haut qu'ici !
Re:
Et puis les lettres... si on le veut fort, je crois qu'elles peuvent être lues. Même "après". Même si. Le temps est passé. Alors je pense à lui. Fort.
Même s'il n'a pas eu ta dernière lettre, ton grand père en connaissais déjà le contenu... et presque les mots, j'en suis sûr !
« Si j'avais su, j'aurais... ». Tu as s
Même s'il n'a pas eu ta dernière lettre, ton grand père en connaissais déjà le contenu... et presque les mots, j'en suis sûr !
« Si j'avais su, j'aurais... ». Tu as su
Même s'il n'a pas eu ta dernière lettre, ton grand père en connaissais déjà le contenu... et presque les mots, j'en suis sûr !
« Si j'avais su, j'aurais... ». Tu as su et tu
Même s'il n'a pas eu ta dernière lettre, ton grand père en connaissais déjà le contenu... et presque les mots, j'en suis sûr !
« Si j'avais su, j'aurais... ». Tu as su et tu as ;
Oups ! argh ! oh ! ah...
Même s'il n'a pas eu ta dernière lettre, ton grand père en connaissais déjà le contenu... et presque les mots, j'en suis sûr !
« Si j'avais su, j'aurais... ». Tu as su et tu as ; n'aie nul regret.
Cav' (de passage) (et qui patine sur son clavier petitement petit)
Re: Oups ! argh ! oh ! ah...
Pas de regret. Je crois que j'aurais vraiment eu un regret si je l'avais écrite, avais projeté de la poster, l'avais oubliée dans un coin, et puis avais appris qu'il était mort. Là, ça m'aurait vraiment mal de ne pas l'avoir postée.
Mais ces mots non-écrits, je les lui transmets par la pensée...
Pour cet homme...je...enfait, rien. Juste pour ta façon de le décrire.
Et puis parce que tu ne pourrais pas lui faire un dernier aurevoir..enfin j'espère que si, j'ai pas lu les articles qui suivent. Enfin, pas encore.
J'ai envie de bouffer du feu, aujoud'hui.
Re:
Mais aujourd'hui, je n'ai plus de regrets. Juste la nostalgie d'un être plus ou moins proche qu'on a perdu. Parce que c'était vraiment quelqu'un, pour moi.
manzin
Alors quand bien même il n'aura jamais ta dernière lettre, il ne sera pas mort sans t'avoir vu une denière fois, et je pense que c'est le plus important.
C'est pas facile de dire les bonnes choses, alors je n'en rajoute plus.
:)