Rentrée tout à l'heure. Tout à dire, et rien à la fois.
Les visages, qui reviennent, tous. Quelques nouvelles têtes, à peine entrevues, on les remarque tout juste dans l'amphi. Parmis 200, ça ne saute pas aux yeux.
Tous les noms, qu'on a oubliés pendant les vacances, qui remontent progressivement, parfois pas du tout, alors on esquisse un sourire, on reconnaît, et on demande en rigolant. Et puis il y a les incontournables, ceux dont on connaît le nom par coeur pour l'avoir prononcé tant de fois l'année dernière, qu'on accueille à grands signes de bras. Légère ambiance festive et impatiente, pour cette rentrée qui n'en semble pas tout à fait une.
Raphaël, Jude et Romain -celui-ci qui va finalement tenter de continuer cette année, malgré ses concours-, que je revois agréablement. C'est curieux comme je m'aperçois, je ne sais si ce sont les vacances qui m'ont fait cet effet, qu'ils sont des "potes de fac". Voilà. Je crois que ça s'arrête là. Disons que ce sont des copains, de bons copains, avec lesquels on fait la fête, on va au ciné, on délire en cours, on boit un coup au café du coin, on planifie d'hypothétiques vacances ensemble, on compare les emplois du temps pour se mettre dans le même TD. Je ne crois pas que je pourrais avoir une conversation vraiment intime avec eux. Même de Jude, je m'éloigne. Enfin, c'est vite dire pour un premier jour. Sans doute le fait qu'elle ait été dans les bras de Romain me l'a fait sentir plus... moins proche, en tout cas. Je crois qu'il faut que je me taise, que je ne parle pas trop vite de tout cela, c'est juste un premier jour. Laisser le temps venir.
Revoir avec plaisir Charlène, qui fête ses 20 ans dans deux semaines, une soirée déguisée, ça faisait longtemps... J'ai hâte de voir l'ingéniosité que chacun aura déployée pour se confectionner un costume rigolo. Oh, "confectionner", c'est désuet, comme mot... Tiens, "désuet" aussi, d'ailleurs.
J'étais toute émoustillée, dans le métro, je ne parvenais qu'à moitié à lire. J'ai laissé passer quelques métros pour ne pas arriver trop en avance à notre rendez-vous, pris lui-même une heure et demie avant l'ouverture de l'amphi, pour être sûrs d'avoir les bons numéros pour l'inscription. Je déteste arriver en avance. Non pas que j'aime être la dernière pour faire mon entrée en star et que tout le monde m'attente en s'exclamant "Aaaaah! La voilà!" lorsque j'arrive, non. C'est juste que je n'aime pas me mettre en situation d'attente des autres. Je n'aime pas me mettre en "demande" (même si elle n'est pas consciente) par rapport à eux, par ce simple fait de les attendre. Même si j'en suis tout à fait capable, d'attendre. Tout à fait capable.
Oh, ça me fait penser que s'il y a bien quelque chose qui m'énerve (un peu), c'est l'instinct grégaire. A la station où j'attendais mon métro, tous les bancs (de grands bancs de pierre, d'environ 6m de long) étaient vides. Ou presque. Et évidemment, lorsque deux personnes sont arrivées, où se sont-elles assises? A ma droite, et à ma gauche. Sur le même banc. Alors qu'il y en avait au moins quatre autres. Bon sang, et après ça, on se plaint de la foule, d'être copié, d'être collé, suivi, de la surfréquentation des lieux et de la surpopulation. Pas étonnant, si tout le monde s'agglutine au même endroit comme des moules à leur rocher.
En jupe aujourd'hui, comme presque tous les jours en ce moment. Tout à l'heure, Raphaël et Jude qui me font remarquer que je suis "tout en beauté", aujourd'hui. Oui, peut-être, ça me fait plaisir, mais ne m'effleure qu'à moitié. J'ai peut-être réussi à me détacher de ce trop-besoin du regard d'autrui que j'avais?... Je souris, dis : "Je profite, tant qu'il y a du soleil, je laisse mes jambes à l'air..." Sourires dans l'atmosphère. Le vent qui passe.
Et là, tout à l'heure, seule dans la maison. Mes parents partis dans le Sud à l'enterrement de mon grand-père.
Agréable et déroutante solitude que je savoure, après le café post-rentrée avec Raphaël, Romain, Jude et les autres ("autres", qui étaient l'année dernière dsans le TD de Raphaël, et que je trouve vraiment très sympas, soit dit en passant).
Le piano qui résonne dans la maison vide. Et surtout, ce qui est étrange, c'est de constater que depuis mon départ ce matin, aucun objet n'a changé de place. Tout est au même endroit. Il n'y a pas eu la vie qui anime cette maison d'habitude. Je crois que c'est cela qui doit être le plus dur, lorsque l'on vit seul. C'est de se retrouver confronté à la solitude, intense. Au manque de vie, voilà, au manque de vie autour de soi, dans l'espace qu'on habite.
Mais en même temps, cette légère ivresse... Verre de lait avec du pain d'épices, j'adore ce truc, ça n'est pas vraiment une madeleine de Proust, mais presque. La croûte caoutchouteuse (bon, oui, je ne sais pas comment on orthographie caoutchouc, caotchouc, caouchouc, je ne sais pas...), et puis l'odeur, surtout...
Je mets de la musique, je vais et viens comme je veux dans la maison. Le plus curieux, est cette sensation de ne plus avoir de vie en communauté. Ca, ça doit manquer, aussi. On range, mais c'est seulement pour soi, à présent, plus pour les autres.
Et maintenant, aucun bruit. Juste mes doigts sur le clavier.
Qu'est-ce que ça fait du bien, d'être rentrée. De voir un emploi du temps presque sûr. Des jours qui se remplissent doucement.
Demain, fête chez Raphaël. "Fête de rentrée", on a dit "sans scrupules, y a pas encore de travail!". Parce que bientôt, oh oui, c'est sûr qu'on en aura... En beaucoup, je crois. Va falloir s'accrocher. J'adore ça. J'aime me sentir des envies d'être fonceuse, de foncer dans la vie, droit devant, avec de la force, du courage, de la conviction. J'adore ça.
On va fêter ça, en en mangeant pas grand-chose et on buvant beaucoup, comme à chaque fois dans les fêtes de Raphaël. Enfin, moi, je ne bois pas, je n'aime pas ça. De toute façon, pas besoin de ça pour être allumée... Désolée pour les puristes, mais l'alcool, ça a un goût tellement infect. Je fais pas ma sainte-nitouche, hein, mais je préfère de loin une menthe à l'eau.
Et ce concours de piano qui s'approche à grands pas. Trop grands. J'ai peur. J'ai peur de ne pas être prête à temps. Ca monte doucement, la peur. Chaque un jour un tout petit peu plus. Vas-y, bosse, courage, courage.
Et cette fiche administrative, si importante, qui n'arrive pas, une semaine et demie que j'attends, elle n'arrive pas, elle n'arrive pas, et le temps passe, et l'échéance se rapproche, allez, allez...
En attendant, je m'énivre des poésies d'Apollinaire.
"Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y relféter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
Inspirations soudaines :
Re:
Plus je les relis, et plus je les trouve beaux, ces mots. Oui, on est accompagné par la ville... J'aurais été curieuse de connaître le contexte : est-ce l'homme dont parle le poète est un homme qui a quitté sa ville? Qui habite la ville? Ou est-ce simplement une comparaison introduite au sein d'un poème qui ne parle par spécialement de la ville?
Et puis, j'aimerais bien savoir qui est l'auteur...
Voui, j'suis curieuse!... :))
Re: Re:
Si je me souviens bien (mais peut être je me souviens mal) c'était un auteur anonyme.
C'est vrai que n'empêche ce sont de jolis mots. :)
Aaah, les rentrées.
J'aime bien, moi. Cette ambiance, le fait de retrouver des gens que l'on a pas vu depuis longtemps, redécouvrir les lieux que l'on avait un peu oublier, se dire que c'est reparti pour une année.
Un peu pressée de rentrer, finalement.
Mais il me faudra attendre le 3 octobre.
(En tout cas, même discrète, yé suis toujours là. ;))
Re:
(moi dé même, discrète-mé-là, et pouis, yé pas bauwcoup lé temps d'écrire, en cé mowment...)
..??..
tu sais moi j'ai une peur maladive des examens en guitare mes mains se mettent a trembler toute seule ! la derniere fois j'ai commence trois un morceau avant de pouvoir le continuer ...Mm... bonne chance pour le concour ca ne peut que bien se passer par rapport a moi ;)
bisous
manzin
La ville est dans l'homme
comme l'arbre s'envole
dans l'oiseau qui le quitte.
Je ne suis pas sur de bien comprendre le sens. Est ce que ca veut dire que la ville est pas du tout dans l'homme ou est ce que ca veut dire que pour chaque oiseau qui s'envole l'arbre est un peu avec eux? Et donc par analogie, si l'homme s'en va de la ville, il reste urbain quand même?
Peut être ton esprit plus littéraire saura me dire.