Humiliation. Echec.
Humiliation. J'ai honte, affreusement honte. Je ne sais pas chanter. J'étais rouge écrevisse. J'ai cru que j'allais mourir. Ma gorge me faisait mal. Devant toute la classe. Ca allait à peu près, mais je n'avais qu'un filet de voix, plein d'air à l'intérieur, même si du son sortait, il n'était pas ample, ce n'était pas beau, ce n'était pas nom plus faible, le son sortait bien, mais de façon affreuse. En plus, je me suis trompée dans une marche harmonique, moi qui ne me plante jamais dans les hauteurs de note, moi qui ai l'oreille absolue. Putain je me suis haïe en ce moment-là, je me suis demandé :
"Pourquoi? Pourquoi n'as-tu jamais pris de cours de chant? Pourquoi n'as-tu pas continué la chorale? Pourquoi chantes-tu aujourd'hui particulièrement mal, avec ce chant que tu connais à peu près, devant la classe, après deux élèves qui chantaient, pour l'un plutôt bien, avec du son, et pour l'autre se débrouillait pas mal? Pourquoi est-ce que soudain tu as chaud, très chaud, tu commences à sourire jaune devant ton pupitre, pourquoi est-ce qu'un plus celui-ci se casse la figure, pourquoi ris-tu avec les autres élèves, au risque de te faire encore plus remarquer par la prof, classifiée "agitée" peut-être? Pourquoi est-ce que tu sens une goutte de sueur perler sur ta lèvre, pourquoi est-ce que tu as l'impression que ton t-shirt devient soudain trop petit, pourquoi est-ce que tu te persuades que tous les regards, fixés sur toi, auront définitivement un autre avis sur ta personne après t'avoir entendu chanter d'une façon si horrible? Arrête de grimacer tellement tu es gênée, arrête de faire des mimiques pour avoir l'air dégagé, allez, chante, attrappe-le, ce "mi" qui est tout en haut de la portée... Pourquoi est-ce que tu n'as pas pensé à octavier? C'aurait été si simple, tu es si à l'aise dans les graves, c'est la que tu sens que ta voix peut prendre de son ampleur..."
Et j'ai été nulle, plus que jamais. Horrible.
Je crois que ça est, je suis fichée "ne sachant pas chanter". Je paranoïaque ; je suis persuadée qu'à présent, dans les chants en groupe, si quelqu'un fait une fausse note, on se tournera vers moi. Ce chant était si facile.
Mais le regard n'a pas changé fondamentalement, évidemment ; je suis toujours la même dans le regard des autres, j'amplifie juste ce petit moment de gêne intense qui m'a paru durer une éternité.... J'ai si peur de ce mépris que l'on peut afficher les uns vis-à-vis des autres à la moindre faille de l'autre... Moi-même, cela m'arrive de me dire : "Oh, celui-là ne sait toujours pas lire sa clef de sol! Eh, bien, il baisse dans mon estime", du moins inconsciemment. Bien sûr, je ne me dis pas : "Oh, eh bien il va baisser dans mon estime", c'est mon inconscient qui se le dit, je sens juste consciemment, une petite distance momentanée qui s'instaure entre la personne qui a failli, et moi. Preuve que la moindre faille perturbe celui qui y a assisté.
Et ici, en l'occurence, c'est toute la classe. Toute la classe qui m'a entedu chanter comme une casserole.
Non, même pas comme une casserole, comme une marmite. Pire.
J'ai peur qu'on me méprise, j'ai peur de perdre cette petite place un peu autonome, un peu dominante, enfin, je veux dire "sufissamment à l'aise pour ne pas être écrasée, et savoir se faire écouter", que j'avais acquise, en ces deux semaines.
C'est con, mais c'est comme ça. Je suis en musicologie. Celui qui ne maîtrise pas la musique est forcément vu un peu de travers, quoi qu'il en soit. Non, j'exagère. Bien sûr, d'autres élèves de la classe se sont déjà plantés avant moi, en rythme, en déchiffrage piano, en lecture de notes. Enfin, je veux dire que je maîtriste la musique, mais pas le chant... C'est une sacré faille, moi pensais me débrouiller plutôt bien, jusqu'ici, je m'aperçois que je n'ai pas de grain de voix. Mais le chant, bordel, le chant, c'est tellement... voyant. On entend tout, car il réunit tout : les notes, le rythme, le chant, la musique. Tout.
Il me semble soudain si important... C'est comme ça qu'on exprimer la musique, sans son instrument...
Il faut que je prenne des cours de chant. Absolument. Le faire ce soir.
Quelle humiliation ; ça m'a mis un coup de blues pas possible, tout me semble affreux, trop grand, trop triste, trop tout, je ne sais pas. J'ai le cafard de façon phénoménale, juste pour ce truc, soudainement, ce soir, je déteste le prof. C'est con, parce que c'est un des profs, si ce n'est le prof, que j'apprécie le plus.
Mais j'ai haï cet instant, alors, forcément, par projection, je le déteste.
Même si ce n'est que pour la soirée. En fait, je suis en colère contre lui de m'avoir confrontée à cet instant, à une telle humiliation, de m'avoir mis en plein devant ma faiblesse. Je suis en colère, alors que je devrais au contraire lui en être gré, de m'avoir bien mis les yeux en face des trous, pour bien me faire constater par moi-même que je ne chante pas assez bien. Que je ne chante pas bien.
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de laisser le sentiment de honte, d'humiliation, de colère triste me dominer, et je lui en veux. C'est con, je sais, mais ce soir je n'y peux rien. Evidemment, demain, tout sera différent. Ce soir je n'arrive pas à lui dire merci pour cette humiliation, qui va s'avérer être une sacré leçon de vie, et une marche de plus dans ma prise de conscience.
Le but, c'est de savoir se relever dignement.
Alors, interdit de faire des mimiques, de faire la fofolle, de me tromper, de faire une erreur de lecture de note, de rythme, de dictée, interdit d'être innatentive, les jours à suivre. Il faut que je continue mon programme de reconstruction. Il faut que je rattrappe cet écart fait de mon chemin. Il faut que la faille soit comblée, et pas seulement par ces petits règles d'apparente "apparence", ustement. Il faut qu'elles soient non-seulement pour, comme on pourrait le croire tout d'abord, les autres, le regard qu'il peuvent porter sur moi, mais aussi et surtout il faut qu'elles soient pour moi, mon intérieur, ma relation avec moi-même, des règles de conduite.
Me rattrapper. Pour être bien.
Cet échec prend peut-être une ampleur démesurée, mais pour mon orgueil, pour la taille qu'il a, ce simple fait d'avoir mal chanté prend déjà trop de place. En fait, oui, pour orgueil, ma fierté. Mon bonheur, aussi. Que l'on soit orgueilleux ou pas, ça fait toujours mal d'être humilié, de se tromper publiquement.
Alors voilà, j'ai envie, je veux rattrapper tout ça, et aller même mieux.
"Pourquoi? Pourquoi n'as-tu jamais pris de cours de chant? Pourquoi n'as-tu pas continué la chorale? Pourquoi chantes-tu aujourd'hui particulièrement mal, avec ce chant que tu connais à peu près, devant la classe, après deux élèves qui chantaient, pour l'un plutôt bien, avec du son, et pour l'autre se débrouillait pas mal? Pourquoi est-ce que soudain tu as chaud, très chaud, tu commences à sourire jaune devant ton pupitre, pourquoi est-ce qu'un plus celui-ci se casse la figure, pourquoi ris-tu avec les autres élèves, au risque de te faire encore plus remarquer par la prof, classifiée "agitée" peut-être? Pourquoi est-ce que tu sens une goutte de sueur perler sur ta lèvre, pourquoi est-ce que tu as l'impression que ton t-shirt devient soudain trop petit, pourquoi est-ce que tu te persuades que tous les regards, fixés sur toi, auront définitivement un autre avis sur ta personne après t'avoir entendu chanter d'une façon si horrible? Arrête de grimacer tellement tu es gênée, arrête de faire des mimiques pour avoir l'air dégagé, allez, chante, attrappe-le, ce "mi" qui est tout en haut de la portée... Pourquoi est-ce que tu n'as pas pensé à octavier? C'aurait été si simple, tu es si à l'aise dans les graves, c'est la que tu sens que ta voix peut prendre de son ampleur..."
Et j'ai été nulle, plus que jamais. Horrible.
Je crois que ça est, je suis fichée "ne sachant pas chanter". Je paranoïaque ; je suis persuadée qu'à présent, dans les chants en groupe, si quelqu'un fait une fausse note, on se tournera vers moi. Ce chant était si facile.
Mais le regard n'a pas changé fondamentalement, évidemment ; je suis toujours la même dans le regard des autres, j'amplifie juste ce petit moment de gêne intense qui m'a paru durer une éternité.... J'ai si peur de ce mépris que l'on peut afficher les uns vis-à-vis des autres à la moindre faille de l'autre... Moi-même, cela m'arrive de me dire : "Oh, celui-là ne sait toujours pas lire sa clef de sol! Eh, bien, il baisse dans mon estime", du moins inconsciemment. Bien sûr, je ne me dis pas : "Oh, eh bien il va baisser dans mon estime", c'est mon inconscient qui se le dit, je sens juste consciemment, une petite distance momentanée qui s'instaure entre la personne qui a failli, et moi. Preuve que la moindre faille perturbe celui qui y a assisté.
Et ici, en l'occurence, c'est toute la classe. Toute la classe qui m'a entedu chanter comme une casserole.
Non, même pas comme une casserole, comme une marmite. Pire.
J'ai peur qu'on me méprise, j'ai peur de perdre cette petite place un peu autonome, un peu dominante, enfin, je veux dire "sufissamment à l'aise pour ne pas être écrasée, et savoir se faire écouter", que j'avais acquise, en ces deux semaines.
C'est con, mais c'est comme ça. Je suis en musicologie. Celui qui ne maîtrise pas la musique est forcément vu un peu de travers, quoi qu'il en soit. Non, j'exagère. Bien sûr, d'autres élèves de la classe se sont déjà plantés avant moi, en rythme, en déchiffrage piano, en lecture de notes. Enfin, je veux dire que je maîtriste la musique, mais pas le chant... C'est une sacré faille, moi pensais me débrouiller plutôt bien, jusqu'ici, je m'aperçois que je n'ai pas de grain de voix. Mais le chant, bordel, le chant, c'est tellement... voyant. On entend tout, car il réunit tout : les notes, le rythme, le chant, la musique. Tout.
Il me semble soudain si important... C'est comme ça qu'on exprimer la musique, sans son instrument...
Il faut que je prenne des cours de chant. Absolument. Le faire ce soir.
Quelle humiliation ; ça m'a mis un coup de blues pas possible, tout me semble affreux, trop grand, trop triste, trop tout, je ne sais pas. J'ai le cafard de façon phénoménale, juste pour ce truc, soudainement, ce soir, je déteste le prof. C'est con, parce que c'est un des profs, si ce n'est le prof, que j'apprécie le plus.
Mais j'ai haï cet instant, alors, forcément, par projection, je le déteste.
Même si ce n'est que pour la soirée. En fait, je suis en colère contre lui de m'avoir confrontée à cet instant, à une telle humiliation, de m'avoir mis en plein devant ma faiblesse. Je suis en colère, alors que je devrais au contraire lui en être gré, de m'avoir bien mis les yeux en face des trous, pour bien me faire constater par moi-même que je ne chante pas assez bien. Que je ne chante pas bien.
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de laisser le sentiment de honte, d'humiliation, de colère triste me dominer, et je lui en veux. C'est con, je sais, mais ce soir je n'y peux rien. Evidemment, demain, tout sera différent. Ce soir je n'arrive pas à lui dire merci pour cette humiliation, qui va s'avérer être une sacré leçon de vie, et une marche de plus dans ma prise de conscience.
Le but, c'est de savoir se relever dignement.
Alors, interdit de faire des mimiques, de faire la fofolle, de me tromper, de faire une erreur de lecture de note, de rythme, de dictée, interdit d'être innatentive, les jours à suivre. Il faut que je continue mon programme de reconstruction. Il faut que je rattrappe cet écart fait de mon chemin. Il faut que la faille soit comblée, et pas seulement par ces petits règles d'apparente "apparence", ustement. Il faut qu'elles soient non-seulement pour, comme on pourrait le croire tout d'abord, les autres, le regard qu'il peuvent porter sur moi, mais aussi et surtout il faut qu'elles soient pour moi, mon intérieur, ma relation avec moi-même, des règles de conduite.
Me rattrapper. Pour être bien.
Cet échec prend peut-être une ampleur démesurée, mais pour mon orgueil, pour la taille qu'il a, ce simple fait d'avoir mal chanté prend déjà trop de place. En fait, oui, pour orgueil, ma fierté. Mon bonheur, aussi. Que l'on soit orgueilleux ou pas, ça fait toujours mal d'être humilié, de se tromper publiquement.
Alors voilà, j'ai envie, je veux rattrapper tout ça, et aller même mieux.
Inspirations soudaines :
Re:
Tiens, coucou Jennifer! Contente de revoir tes petits mots semés au coin d'une page, ça fait plaisir!
Oui, c'est assez dur à assumer, de s'être planté(e) en beauté devant tout une assistance... Argh.
Je suis d'accord, le simple fait de s'en rappeler fait revivre l'humiliation!
Mais là, je crois que ça va mieux. J'ai réussi à me dire : "Aliiiiiiive" (hum, désolée, mes anglicismes ne sont pas aussi bons que les tiens), alors je crois que je vais assumer tout ça, et essayer de faire mieux la prochaine fois!
Bizzzzz
Oui, c'est assez dur à assumer, de s'être planté(e) en beauté devant tout une assistance... Argh.
Je suis d'accord, le simple fait de s'en rappeler fait revivre l'humiliation!
Mais là, je crois que ça va mieux. J'ai réussi à me dire : "Aliiiiiiive" (hum, désolée, mes anglicismes ne sont pas aussi bons que les tiens), alors je crois que je vais assumer tout ça, et essayer de faire mieux la prochaine fois!
Bizzzzz
Ouaaah...
Dans tout ce grand tas de texte et d'auto mutilation je n'ai retenue qu'une seule expression qui depuis me laisse en admiration devant toi :
"oreille absolue"
Ouaaaaaah....
L'oreille absolue...la chance, comme j'aimerais posséder un tel don! Je suis ébaïe! Trop fort! Ouais! Super!
(totalement hors sujet...)
Hum...
Oreille absolue...
"oreille absolue"
Ouaaaaaah....
L'oreille absolue...la chance, comme j'aimerais posséder un tel don! Je suis ébaïe! Trop fort! Ouais! Super!
(totalement hors sujet...)
Hum...
Oreille absolue...
Re: Ouaaah...
Disons que ça "vient" grâce à plus de douze ans de pratique assez soutenue (selon les périodes!) de la musique... et ça se travaille aussi... J'ai pas tant de mérite! ;)
(mais sinon, c'est en effet bien chouette de l'avoir!)
(mais sinon, c'est en effet bien chouette de l'avoir!)
je connais...
j'ai déjà ressenti ça...
ben oui... je ne suis pas en muicologie... mais, je suis diplômée de solfège et j'ai 5ans de piano et 2 ans de flute traversiere derrière moi...(c'est pas énorme, mais c'est déjà ça!)
Un jour... on m'a offert un stage de gospel... le rêve...
Et puis, alors que j'étais assise parmis le groupe des Altis, entrain de chanter, la chanteuse noire américaine (dont le nom m'échappe...) qui nous dirigeait vient se poser à côté de moi... pour m'entendre chanter... en groupe, ça allait, je n'avais pas le trac... au contraire... même si je me suis surpise sur ce coup là... ne pas avoir le trac, être à fond, alors qu'elle a les yeux et les oreilles rivés sur moi...
bref, elle me repère, et me demande de descendre, avec 3 autres chanteurs (une soprano, moi, une basse et un ténor) pour chanter seuls, devant l'immense groupe... et là...patatra...
j'ai littéralement oublié, et le texte, et la mélodie...
Autant te dire que je m'en suis voulue à mort...
Perdre le contrôle de soi, devant tout le monde alors qu'elle m'avait repérée, fondue dans le groupe... je n'ai pas assuré au moment où j'aurais du...
enfin bref... ça fait mal... alors courage et pleins de robeezoox!
;o)
ben oui... je ne suis pas en muicologie... mais, je suis diplômée de solfège et j'ai 5ans de piano et 2 ans de flute traversiere derrière moi...(c'est pas énorme, mais c'est déjà ça!)
Un jour... on m'a offert un stage de gospel... le rêve...
Et puis, alors que j'étais assise parmis le groupe des Altis, entrain de chanter, la chanteuse noire américaine (dont le nom m'échappe...) qui nous dirigeait vient se poser à côté de moi... pour m'entendre chanter... en groupe, ça allait, je n'avais pas le trac... au contraire... même si je me suis surpise sur ce coup là... ne pas avoir le trac, être à fond, alors qu'elle a les yeux et les oreilles rivés sur moi...
bref, elle me repère, et me demande de descendre, avec 3 autres chanteurs (une soprano, moi, une basse et un ténor) pour chanter seuls, devant l'immense groupe... et là...patatra...
j'ai littéralement oublié, et le texte, et la mélodie...
Autant te dire que je m'en suis voulue à mort...
Perdre le contrôle de soi, devant tout le monde alors qu'elle m'avait repérée, fondue dans le groupe... je n'ai pas assuré au moment où j'aurais du...
enfin bref... ça fait mal... alors courage et pleins de robeezoox!
;o)
Re: je connais...
Je vois la situation... ça reste toujours en travers la gorge les trucs comme ça! Sinon, ouf, visiblement, ça s'est tassé, personne ne m'y a fait allusion, tout va bien! Chouette!
Bizzz à toi!
Bizzz à toi!
jennifer
et a peine tu y repense, tu revis cette meme humiliation. mais t'inquiete pas, les autres oublieront meme avant toi.
bisous!!