Bonne journée. Ouais. Je ne sais pas exactement.
Partiels plutôt réussis.
Les petits délires avec Raphaël, Chuck, et Romain, dans la bibliothèque, entre
deux révisions. Mais pas suffisamment à mon goût ; il ne reste pas de place à
leur table.
L'amphi de l'épreuve de Musique... Moi, Jude, Raphaël, à côté, dans cet ordre.
Et de l'autre côté de l'allée, Chuck a été placé, donc quelques places nous
séparent... c'est pour mieux voir ton regard. Je surprends un moment son regard
sur moi. Il me fixe. Je souris. Il sourit, je le regarde toujours et lui aussi.
Nos regards l'un contre l'autre. Je n'ai jamais connu quelqu'un qui soutenait
autant les regards. Et je n'ai pas envie de baisser les yeux, je n'ai pas
honte, pas peur, pas le trouble des désirants. Je reste juste, comme ça, à la
regarder, et lui à me regarder. Je ne sais pas exactement si il me regarde. Ou
si ce sont juste ses yeux contre les miens. Je crois qu'il a conscience de son
geste.
Et moi qui détourne le regard. Il faut bien.
Mais... pas suffisamment pour penser quelque chose.
J'aurais pensé qu'il nous adresserait un regard en sortant, non. Mais Chuck est
comme ça, je crois. Il aime bien sortir incognito. Son côté nature. Pas
d'artifice. Juste son humour. Lui. C'est pour ça qu'il a le teint si pur,
parfois. Ce côté frais, tout en étant en relief, pas ce lisse ennuyeux de
certains visages.
J'aime tellement ses cheveux depuis qu'il a arrêté de se mettre un peu de gel.
Je lui ai dit à plusieurs reprises d'arrêter ; quelques jours après, c'en était
fini du petit fouilli un peu bizarre et pas terrible devant. Peut-être l'a-t-il
fait parce qu'il trouvait que j'avais raison.
C'est étrange de côtoyer Raphaël. Tout est normal, on se parle, se sourit,
petits délires complices.
Sauf que je ne suis plus
Il me prend la main, regarde ma cicatrice : "Tu ne l'as toujours pas
soignée... Ca a empiré, on dirait." J'aimerais qu'il me la caresse, en cet
instant. J'aimerais fermer les yeux juste une fois, et qu'il frôle ma main avec
ses doigts, j'aimerais qu'il pose le regard sur moi et me dise : "Tu ne
voudrais pas reessayer?" J'aimerais ça. Mais je sais que nous ne pouvons
pas. Et nous ne voulons pas, tous les deux.
Dans la bibliothèque, ils partent. Raphaël vient me voir, dans la partie de la
bibliothèque où je suis installée. Je le sens approcher. "On va y aller...
Fini de réviser, on en a un peu assez." Je le sens qui inconsciemment
s'approche tout contre moi, lui debout, moi assise sur ma chaise, comme s'il
avait envie d'un contact, mais sans le savoir lui-même. Je lève la tête vers
lui, ses cheveux ont bien repoussé, je le trouve beau en cet instant. C'est
étrange comme il me manque à ce moment-là. Il est là, juste à côté de moi, il
vient de se reculer un tout petit peu, comme si soudain il s'apercevait que
non, il n'était bien plus avec moi.
Et on se regarde, et il parle, et je réalise que je n'ai qu'une envie, c'est de
le serrer contre moi. J'aimerais juste sentir mon menton posé dans sa nuque, ma
main en train de passer dans ses cheveux, et lui qui me serre fort. Juste ça.
Mais on parle un peu, il me fait une jolie citation, et puis : " A tout à
l'heure". Et il s'éloigne en souriant. Je sais que nous sommes du passé
l'un pour l'autre. Disons que ce qui a été n'est plus.
J'aimerais bien lui parler, une fois, en tête à tête, tous les deux. Sans
l'artifice d'une sortie prévue, sans les gens autour, sans nous deux mais
empruntés, joyeux. Une discussion intime, un peu tendre, un peu grave
peut-être.
Et puis, après le partiel de Musique, après les regards de Chuck que je n'ai
pas toujours compris, après cette intimité à distance à travers l’amphi, on se
retrouve au café, tous les cinq, Chuck, Raphaël, Romain, Jude et moi, plus
Elmer. Elmer, avec lequel je me suis vraiment rapprochée cette année. Il s'est
épanoui, a une copine, je le sens bien plus mature, bien plus sûr de lui, et
toujours aussi gentil. J'apprends véritablement à l'apprécier.
Donc, le café... Une heure et demie, deux heures de rires, de conversations, de
mots qui fusent, qu'on attrape au passage, on essayer de jouer au loto avec
tirage en direct, mais on gagne rien , mais tant pis, on se marre bien... Et
puis on joue un peu à se fixer, mais "qu'est-ce que c'est bête, on faisait
ça en maternelle", mais je sens bien que c'est comme une excuse. J’ai
comme l’impression parfois d’être dans ses yeux à lui, Chuck, et parfois, comme
l’impression qu’il est si gentil… avec tous. Avec moi comme les autres. En
fait, je ne sais rien. Tout est de l’imaginaire. Tout est une relation
d’échange, sympathique, complice, qui naît peu à peu. Parfois, l’on se
rapproche soudain, parfois, il y a comme une petite distance.
Jude m’a dit qu’il est comme ça, elle l’a perçu comme ça : il sera plein
d’humour, terriblement gentil, agréable, à l’écoute, mais parfois, il y a…
comme une petite distance qu’il instaure lui-même. Comme s’il avait peur de
s’investir vraiment à fond avec les gens. Je crois qu’il a eu quelques
blessures, on en avait un peu parlé, tous les deux. Une fille qu’il a aimée,
avec laquelle il est resté, et qui l’a plaqué en plein vol. Un ami dans l’ombre
duquel il a un peu vécu pendant plusieurs années. Même si à présent, cela va
mieux.
Parfois, je sens une mini-rivalité avec Jude. Normal, nous sommes les deux
seules filles pour ces trois garçons, on aime se sentir désirable, très
différentes toutes les deux, en taille, en physique, couleur de cheveux,
allure. Mais toutes deux partantes pour la passion de la musique, et la
déconnade… Eh oui.
Tout à l'heure, j'envoie un texto à Raphaël, dans lequel je dis que je suis
contente de cette petite "après-partiel", tous ensemble... que je
suis contente aussi qu'entre nous deux, il n'y ait pas de froid, que tout soit,
au niveau complicité, [presque] comme avant. Il m'appelle, tout content d'avoir
dîné chez Romain. Romain, qui nous invite pour ses 20 ans bientôt, je suis
toute contente! Ca veut dire que le courant passe bien entre nous cinq, j'aime
bien ça.
Comme le dirait Jude, on s'entend bien, tous les cinq, on est à la fois tous
les cinq, et en même temps ouverts, "regarde, quand Elmer nous a rejoint,
c'était très sympa!" ; toutefois, on n'est pas assez proche pour être une
"vraie bande", mais on se découvre tous, c'est vraiment agréable,
cette complicité, cet échange.
Je sors deux fois du café pour répondre à un coup de fil -trop de bruit à
l'intérieur-, et deux fois un, deux hommes se retournent, vraiment... Ils me
sourient, je leur souris, accrochée à mon portable, en train de me refroidir un
peu dehors sans manteau... Ca me fait rire tout doucement, je souris
intérieurement, j'avais oublié un peu comme c'est agréable... Je vivais un peu
dans ma bulle, depuis Raphaël. Et Chuck.
Une petite musique de nuit quelque part.
Donc, oui, Raphaël m'appelle après mon texto... Je lui dis que, oui, je suis
contente qu'il n'y ait pas ce froid que beaucoup d"'ex-couples"' (je
n'aime pas cette expression) ont, après leur séparation. Il dit : "mais
oui, ça se passe bien, c'est normal", il rit, on plaisante un peu, on
projette de s'appeler pour le ciné que nous avons prévu, tout à l'heure, avec
les autres, pour dimanche. Ah, Chuck ne va peut-être pas pouvoir venir, il
habite en banlieue, loin... Je vais essayer de le faire sortir de son trou...
On sourit tous les deux au bout du fil, ce coup de fil conclut bien la journée.
Même si j'avais envie de lui dire encore beaucoup de choses, plus personnelles,
plus intimes, c'est bien que le coup de fil n'ait pas trop duré, car je me
laisse facilement entraîner par mes émotions, par la nostalgie.
Vivement dimanche… Planifier tout ça.
Inspirations soudaines :
Re:
Oui, la nostalgie reprend souvent... Je m'aperçois que ce n'est pas tellement Raphaël que je regrette, et même, oui, j'ose le dire, pas tellement Chuck que je désire... mais plutôt le regret d'une affection présente tous les jours, et le désir de retrouver cette affection, ces bras attentionnés, ces regards uniquement pour moi...
"Ne pas céder à la nostalgie" va être mon nouveau slogan!
Bizz à toi!
je me demande si finalement on est pas tous à la poursuite de quelque chose qui n'existe pas.
Re:
Je n'idéalise pas, je me dis seulement qu'un jour, oui, il y aura ce quelque chose que beaucoup de gens ont trouvé, cette part de bonheur bien à nous. A laquelle j'ai goûté durant les deux derniers mois.
Mais sans doute, comme tu l'écris, la vie n'est-elle fait que d'espoirs et réalités plus brutes...
Etolane-Lantrec
J'aime beaucoup cet article pour une raison...ahem...non hautement philosophique: Dedans j'ai retrouvé Elmer, et le premier article de toi que j'ai lu, tu parlais de lui :) Alors voilà, j'suis contente! :)
C'est dur de ne pas céder à la nostalgie parfois, quand on était dans les bras de quelqu'un, et que après, même si les sentiments ne sont plus là, on se retrouve seule, sans les baisers, et les petites attentions...
Gros bizoox à toi! :)