J'aimerais pouvoir écrire des choses faramineuses, ou de petites envies toutes simples, mais ma plume n'est pas réceptive, en ce moment. J'écris trop de choses imaginées, trop de débuts d'essais à côté, pour pouvoir réellement noter quelque chose ici. Je ne sais pas ; comme si mon imagination 'pompait' tout ma capacité à écrire mes instants vécus, ici.
J'aimerais pouvoir dire que j'ai passé une formidable fête de la Musique, mais je ne suis pas sortie. Ce n'est pas faute d'avoir été invitée ; que ce soit avec Jude, Chuck, Romain, Raphaël, ou Mathilde, Antoine, Dora. Juste, fatiguée. Mais fatiguée. Un besoin effroyable de dormir, tout mon saoul, d'arrêter cinq minutes de voir des gens partout, de sortir tout le temps, et me poser. Seule. A la maison. Chez moi.
Après coup, ce qui m'a réconfortée de ne pas être sortie, parce que de petits regrets m'avaient tout de même prise, c'est que Jude, puis Mathilde m'ont appelée, chacun de son côté, pour me dire que c'était épouvantablement nul. Les gens sympas, bien sûr, mais à partir de minuit, des alcoolos partout, et uniquement du rock, où qu'on aille, particulièrement de la daube (parce qu'il y a aussi du bon rock, bien évidemment).
Alors, j'ai souri et me suis dit en mon fort intérieur : je n'ai rien raté. Même si je sais très bien que la fête de la Musique, ce n'est pas que des alcoolos à partir de minuit, et du rock seulement, parce que j'en ai fait, des fêtes de la Musique, où il y avait plein de choses différentes, des rues très agréables, un peu d'alcool, et une ambiance chaleureuse et libre. Elles ne furent pas toujours parfaites, mais j'en ai gardé de relativement, voire très bons souvenirs.
Mais quoi qu'il en soit, je me suis vraiment dit que je n'avais pas de regrets à avoir, après leurs coups de fils.
Il fait si chaud que mon esprit me semble liquéfié.
En ce moment -hum, depuis quelques jours-, je suis dans une période "chez moi". Pas d'envie folle de sortir, enfin, si, tout de même un peu. Mais non. Besoin de me retrouver, de ne plus voir les gens de la fac, parce qu'au bout d'un moment, ça me fatigue, de rencontrer leur visage tous les deux jours, que ce soit à la fac, au téléphone, au conservatoire, au cinéma, dans un truc qu'on s'organise, bref. Assez. J'ai senti que Jude aussi avait cette lassitude ; il faut savoir prendre un peu de distance, parfois. Même si nous allons au théâtre ensemble samedi soir.
J'ai pris la décision, monstrueusement infantilisante, je vous l'accorde (à croire que j'ai besoin de me donner des excuses, que c'est stupide), de m'acheter le dernier tome d'Harry Potter, et de le lire d'une traite. J'ai besoin de trucs faciles, prenants, de me mettre dans une bulle, un monde d'autre part. Harry Potter, ou HP pour les intimes (Hopital Psychatrique?), me semble tout désigné pour ça. Un gros pavé, bien énorme, dans lequel on se plonge pour n'en ressortir que trois jours après.
Besoin de m'évader, sans doute.
Comme hier soir, lorsque je me suis mise sur la terrasse de l'appartement dans lequel je faisais mon baby-sitting. Dernier étage d'un immeuble, enfin, le 4ème, mais c'était haut.
La lune était rousse, tout là-bas. Vraiment rousse, avec comme un halo diffus, une chevelure diaphane autour, une fumée envoûtant au parfum d'Ailleurs.
J'ai eu envie d'aimer fumer, un court instant. J'aurais voulu que les volutes de ma cigarette se mêlent à celles entourant l'astre rond, juste en face de moi, énorme, là-bas.
J'ai eu Elmer au téléphone. Ce type est quelqu'un de vraiment agréable. Il faut que j'arrête d'écrire tout le temps "vraiment". Donc, je disais qu'à chaque fois que nous avons une conversation de plus de cinq minutes ensemble, elle est toujours passionnante, et dure souvent plus d'une heure. On parle de milliers trucs, parfaitement sur la même longueur d'onde, et c'est très agréble. C'est simple, c'est bien, c'est tout. Mais c'est rare ; à la fac, c'est tout juste si nous parlons quelques fois ensemble. Au conservatoire, c'est déjà plus complice. Ca fait quand même dix ans.
Bref, on avait hâte tous les deux de se retrouver au stage de musique en juillet, pour pouvoir bavarder et rigoler plus longtemps.
Oh, j'ai débuté une sonate de Mozart que j'aime profondément. Pour ceux qui connaissent "Nos meilleures années", c'est le morceau que joue la jeune fille blonde au piano, lors des inondations, dont va tomber amoureux Nicola, et qui deviendra sa femme. Elle est magnifique, cette sonate. C'était jouissif, lorsque je l'ai déchiffrée, tout à l'heure. J'étais contente, mais contente! Lorsque je déchiffre un morceau que j'aime, c'est à chaque fois un contentement pétillant qui s'empare de moi, comme si j'avais réussi quelque chose de bien, comme si j'avais rencontré une personne que j'apprécie. En fait, je partage alors un bon moment avec moi-même. A cet instant précis, cette demie-heure, cette heure, que je passe en tête-à-tête avec mon piano, je me suffis à moi-même. Je me contrefous d'être seule, de n'avoir rien prévu cet après-midi avce des amis, ou je ne sais quoi. Je me suffis à moi-même. En fait, je me retrouve, et je m'enrichis par celà. Et c'est quelque chose de profondément apaisant, et jouissif. J'en sors toujours avec une joie presque extatique, un contentement intense.
D’autant plus que jouer du Mozart, du Haydn, procure toujours une sensation d’évidence gaie, parce que les notes viennent naturellement sous les doigts : dans le langage classique, lorsqu’on le connaît bien, il y a une sorte de découlement naturel de la musique, on peut parfois prévoir certaines cadences, certains courants harmoniques, et alors, on se sent heureux, grâce à cette minuscule anticipation, mais qui ne dénue pas pourtant la musique de surprise ; car elle en a en elle, des surprises.
J’ai remarqué que lorsque j’écris ainsi, lorsqu’il ne m’arrive pas de choses remarquables sentimentalement, ou simplement émotionnellement parlant, je parle plus de petites choses qui ponctuent mon quotidien en temps qu’être seul. Je souligne « seul », car il m’arrive très souvent de décrire des éléments du quotidien, aussi infimes soient-ils, lorsque je les ai vécus avec des gens, donc entourée. Alors, sans doute me semblent-ils plus dignes d’attentions, parce que partagés, collectifs, donc j’ai envie de m’en souvenir. Comme si j’étais une mémoire de plusieurs, pour moi. Mémoire collective en solitaire.
Et donc là, comme il ne s’est pas passé de choses collectives dignes d’attention (en même temps, si, j’ai passé mon examen de flûte, j’ai croisé Chuck, Raphaël et Jude qui sont venus m’écouter jouer, je… Et puis en fait, j’y pense, si ! J’ai décrit ces évènements quotidiens en tant qu’être entourée : le baby-sitting, le coup de fil avec Elmer. Où l’on voit que la collectivité prend souvent le pas sur l’individualité, chez moi), j'ai plus parlé de mon fort intérieur. Ah oui, aussi, je parle moins de mes tristesses, lorsqu'elles n'ont pas une raison sentimentale, lorsqu'elles ne sont dues qu'à une dispute parentale, ou un échec personnel.
Voilà, en fait, lorsque je parle plus de moi seule, lorsqu’il se passe moins de choses extérieures à ma sphère d’activité seule, je réfléchis plus (vous vous êtes vus gratifier d’une assommante réflexion sur mon intériorité, ma relation à autrui, et mon individualité), et je décris moins les sensations qui m’ont habitée. Soit c’est alors une description pure et simple, plate, genre ‘le coup de fil de Jude et Mathilde’, soit c’est une pensée profonde : ‘mon individualité’. Ce ne sont plus des sentiments, des instants volés, des appuis sur certains moments, puis j’élude d’autres, des visages qui s’entrecroisent. Non. En fait, cela fait en quelque sorte deux styles d’écriture. Là, vous avez le bonheur d’avoir le style « être solitaire et pensant », et non pas « être en collectivité, qui ressasse ses sentiments, et repasse dans sa tête les instants ».
Voilà. Tout ceci est absolument passionnant. Tout juste si je ne me départis pas de mon humour.
Oh, j’ai besoin de voir Ailleurs.
De voir qui ? (hahaha)
Hm, j’ai aimé décrire la sensation que j’ai en déchiffrant de nouveaux morceaux, particulièrement des morceaux classiques. Parce que la sensation est différente avec des morceaux romantique ou symbolistes : le langage est moins évident, plus… Je ne dirais pas complexe, mais si, oui, presque. Mais cela ne veut pas dire que le langage classique est simpliste, prévisible, non. La musique romantique ou symboliste me procure une sensation différente. J’anticipe moins, c’est peut-être moins cérébral, dans le sens « ça coule de source, j’anticipe », et peut-être plus « sentimental », au sens où je me laisse guider par mes émotions, je découvre vraiment le texte en même temps que mes doigts, ma tête n’a pas d’avance.
Bref.
J’aurais pu plus développer.
Mais je n’en ai ni l’envie (oh, quoique), ni l’énergie. Il fait chaud, je me liquéfie sur place (quelle grâce), j’ai sommeil.
Ceci était sans doute l’article le plus passionnant de ma carrière.
PS : Merci à tous ceux qui ont chanté un souhaitage d'anniversaire (oui et alors, j'avais envie d'utiliser cette formule débile et grammaticalement incorrecte), mais je suis désolée, j'ai la flemme de répondre "Merci" aux 16 messages...........
Inspirations soudaines :
Re: Hm...
Au fait, tu joues de quel instrument?
Merci pour l'article! ^^
Bizz à toi!
Re: Re: Hm...
Juste que je suis animatrice BAFA spécialité musique ( j'ai fais du pia o et du chant) et que mes problèmes nerveux m'ont rattrapée engendrant des problemes de mains qui m'ont fait arrêter de jouer.
J'encadre un groupe de jeune de 10 à 17 pendant 10 jours à peu près en même temps que ton stage :) Alors, non, tu 'nauras pas une animatrice déjantée comme moi :p
Bizoux ^^
Re: Re: Re: Hm...
Oh, j'aimerais bien passer mon Bafa... surtout si c'est pour être anim dans des stages spécialité musique, ça doit être vraiment bien!
Peut-être qu'on se croisera dans un autre stage, une autre année! ;)
Je laisse une petite trace ici, notamment pour le passage qui concerne le déchiffrage de morceaux.. Très bien décrit, ce caractère plus que satisfaisant, "jouissif" comme tu dis ; on en aurait l'impression de déchiffrer et de réaliser un petit "quelque chose" en soi en même temps que le morceau, et puis le tête-à-tête avec le piano.. Je ne peux que reprendre tes mots en fait ; jouissif, apaisant, et surtout se suffire à soi même.
Alors voilà, cet article m'a touchée "différemment" des autres surtout par ce passage.. si bien exprimé, les mots sont plus que justes ; je ne sais pas vraiment que dire d'autre, ou comment le dire autrement.. alors je m'arrête là.
:)
Byzoos ^^
Re: mika
Les soldes, je ne m'y suis pas encore mise... Disons que je n'ai pas vraiment pris le temps, et j'avais, à vrai dire, complètement oublié! Tu parles si j'étais ahurie ce matin, lorsque j'ai vu partout de grands panneaux : MOINS 50%! PREMIERE DEMARQUE! PRIX BAS! OFFRES SPECIALES!
Il va falloir que je rattrappe mon retard... même si en général, je laisse souvent passer une semaine, le temps que les prix baissent un peu. ;) Huhu
:)
Re: Nasty Angel
Parce qu'en fait, en le relisant, je me suis aperçue que cet article était véritablement une partie de mon fort intérieur. Une réflexion intime, personnelle. Pas seulement un récit de faits, avec les sentiments qui vont autour, mais le point sur une sensation particulière, sur un moment personnel. J'ai poussé la réflexion loin, suffisamment loin pour que plus tard, elle me donne sans doute à réfléchir, à la relecture.
J'aime bien que les gens soient ravis de partager ces pensées, notamment lorsqu'elles concernent la musique. Les sensations que celle-ci procure sont si fortes parfois, si jouissives, formidables, que je ne peux qu'être touchée à mon tour de constater qu'elles ont fait résonner quelque chose chez d'autres personnes... :)
Merci!
Halala il me faut des cours. Mais d'un autre coté j'ai le sentiment d'en savoir asser. Dur la vie !
Autre probleme de musique, j'oublie que je sais jouer un morceau. Admettons je travail un titre durement, je le connais par coeur, ca ressemble a quelque chose, puis je passe a autre chose et pouf j'oublie que le morceau d'avant je sais le jouer. Du coup quand je prend la guitare chez des gens j'ai le sentiment de jamais savoir rien jouer. Frustraaaaant.
En tant que muscienne, comprends tu, partages tu mon questionnements? suis je moins seul dans l'univers?
Re:
Oh que oui, je partage! Si tu savais le nombre de morceaux que j'ai oubliés, depuis que je joue du piano et de la flûte... Je crois que c'est d'autant plus frustrant au piano, parce qu'en général, il y a souvent un piano chez les gens que je fréquente, et on incite encore plus souvent les pianistes à "nous jouer quelque chose, allez, fais pas ta timide...". Donc, horreur, malheur, je m'aperçois dans 90% des cas que je ne connais qu'un morceau par coeur, c'est celui que je suis en train de travailler! Les autres, il m'en reste les deux premièrs mesures, puis je tente désespérément de trouver la suite par oreille, mais ça s'arrête là...
Je crois que c'est d'autant plus dur pour les instruments polyphoniques ; parce qu'à la flûte, je retrouve souvent la suite des morceaux grâce à mon oreille ; je me souviens un peu, et comme j'ai plutôt une bonne oreille, et que les instruments à vents ont l'avantage de ne produire qu'un seul sont à la fois (et pas plusieurs comme la guitare ou le piano!), ça devient moins dur à retrouver.
Donc, oui, fruuuuuustration! J'aimerais tellement pouvoir me souvenir de tous les morceaux que je joue...
Mais euh, à part ça, je connais des gens, malheureusement normaux comme toi et moi, mais qui se souviennent parfaitement de dizaines de morceaux, qu'ils te jouent, là, paf...
En fait, je crois que l'oreille facilite beaucoup tout ça. Tu connais l'oreilel absolue? Ca aide beaucoup. Bon, il se trouve que j'en suis dotée, et pour la flûte, ça m'aide bien à retrouver les morceaux, mais pour le piano, c'est moins ça...
On devrait créer une association d'aide aux musiciens-en-détresse-qui-ne-se-souviennent-plus-de-leur-répertoire-durement-travaillé... ;)
Re: Re:
Je connais très bien l'oreille absolue puisque j'en suis l'opposé intégral. Tu vois on crois souvent que l'obscurité c'est l'inverse de la lumiere, mais c'est faux, c'est seulement l'absence de lumiere. L'inverse la lumière, c'est l'anti lumière. Et bien moi je suis l'inverse de l'oreille absolue.
Alors tu va me dire comment est ce que tu fais pour te souvenir d'un morceau et pour jouer meme, ben j'ai la mémoire des mains. Je me souviens de ce que font mes doigts et ou ils vont sur le manche etc... De fait quand je me souviens que je sais jouer tel morceau si je me force a pas réflechir et a jouer d'instinct je retrouve les accords.
Heureusement que j'ai ça sinon je serais capable de jouer que devant une mon écran ! hehe !
Tu sais ce que j'aime le moins? C'est quand tu te fais chier genre a faire un morceau que tu connais pas encore très bien devant tes potes, mais que bon t'essaye d'en etre fier un peu quoi. Et personne t'écoute, ou pire pendant que tu joue on te parle, ou piiiire encore on te dit "tiens passe moi la guitare". Du coup je joue rarement devant du monde ca m'enerve trop! c'est un peu bete mais bon.
Re: Re:
PS2: ok pour l'association, on irait partout ou des musiciens sont en galère, comme SOS médecin! ouaiiiis !
-Para-doxa-
Hm...
Sinon, article très bien ficellé où on a compris ta "dualité" et j'ia aimé jsutement cette descirption sur le déchiffrage de morceau. J'ai vécu l a même chose...
Je t'embrasse fort
Paradoxa