Je viens de m'enfiler sans arrière-pensées un rocher au chocolat noir de la taille d'une petite pomme, et je dois dire que j'éprouve pas l'ombre d'un remord.

Evidemment, dans cinq minutes, je n'aurai plus le délicieux goût dans la bouche, la saveur se sera estompée, et il ne restera qu'un vide sur ma langue, et un plein de plus dans mon estomac, alors, je commencerai à culpabiliser -(à moitié) et à me dire : Mais, elles sont où tes bonnes résolutions (hum) de ne plus manger de chocolat en plein milieu de l'après-midi?

Je tiens à ajouter que je ne suis pas obsédée par mon poids mais qu'à mon grand malheur, ma mère si ; alors, dès que sa fille prendre l'once d'un gramme, ça y est, la rengaine : "Régime d'esprit"! . Merci maman. Mais euh, 58 kilos pour 1m75, ça ne va pas?

En fait, j'éxagère, bien évidemment : pas d'obsession, juste le coup d'oeil d'une femme qui a travaillé dans la mode plusieurs années, et sait très bien lorsqu'un vêtement va plus ou moins bien à quelqu'un. "Hum, ma chérie, là, ce petit haut..." "Ouiiiiii?" (je sais d'avance qu'elle va me dire que j'ai pris un gramme, formidable, ça y est, régiiiiiime d'esprit) "Tu es etriquée dedans, ah, il t'allait très bien il y a une semaine, mais là... Fais attention à la manière de te nourrir, fais attention ma chérie".

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii...

Disons qu'elle a raison, parce que, par je-ne-sais-quel coup du sort de la nature, depuis quelques mois, alors que jusqu'ici, je restais égale à moi-même, mon poids a tendance à jouer au yo-yo. Enfin, au yoyo... J'en vois déjà qui vont crier au n'importe quoi, à l'exagération typiquement féminine dès qu'il s'agit de balance and co. Euh, le yo-yo... entre 1 et 2 kilos, et encore. Oui, je sais, 60 kilos tout au plus, quand on fait 1m75, d'accord, d'accord!

Mais ayez pitié! Du coup, la parano maternelle s'étend à la fille, et lorsque je vois un milimètre de taille qui dépasse du haut du jean, augh, my mother will not be happy. Oups, je suis obligée de rentrer un peu le ventre pour fermer mon jean, hein?? Drame.

Voilà, j'en suis réduite à manger sainement, et équilibré.
Non, non, par pitié, ne me sortez pas les histoires de calories, je n'en suis quand même pas à décortiquer les boîtes de flocons d'avoine (au passage, les flocons d'avoine sont sûrement un des aliments les plus insipides et étouffe-chrétien que j'aie jamais mangés)(on devrait inventer une version de l'expression "étouffe-chrétien" pour les gens qui ne croient en aucun dieu, je me sentirais moins, euh, mal à l'aise à utiliser cette expression ; disons, "étouffe-laïc"?)(hum)(humhum).  Disons que j'évite à présent de me resservir de raviolis, de manger plus de deux toasts le matin, et de manger des centaines de biscuits quand l'envie m'en prend vers 16h...
Et, à mon grand étonnement, je m'aperçois que je n'ai pas envie de plus de deux toasts au petit déjeuner, qu'en attendant trentes secondes après avoir fini mon assiette, je n'éprouve plus l'envie de me resservir (enfin, euh, rarement) de ces délicieuses et attrayantes raviolis (avec du gruyère rapé fondant, et de la sauce tomate avec de vrais petits morceaux d'oignons, et du... je m'emballe), et que, ah, euh, ça, non. Je lorgne encore du côté des Pim's et de leurs associés du diable...

Voilà, au moins une fois dans ma vie j'aurai écrit un article typiquement féminin, sur des choses de filles, et je l'assume parfaitement. J'aurai montré que malgré la chance que j'ai (Je tiens à dire que je ne m'envoie pas de fleurs ; je suis mince, on considère ça comme une chance, c'est tout) (Mais être mince, est-ce une chance? Par rapport aux diktats de l'apparence, oui) (Et puis, être enveloppé ou gros n'est pas une malchance, je ne dis pas ça! Il y a de très belles femmes qui ne sont pas minces, regardez les pubs pour Dove! La finesse de la taille ne fait pas la beauté de la femme! ) (My God, je m'emmêle, c'est affreux) (aaaaah!!) (Q'il est dangereux de parler de sujets comme le poids, la taille, la beauté, la couleur de peau, tous ces aspects physiques... Difficile d'en parler, oui, sans être rapidement traité de tous les noms, ou entraîner un débat enflammé sur le pour, le contre, le bien, le mal, bref, tous ces aspects purement subjectifs qui empêchent de développer une réflexion toute simple), je parviens quand même à être un minimum parano sur mon poids, à être une VRAIE fille, dans le plus pur cliché, (Cliché qui n'en est pas un, puisqu'il est formidablement vrai : oui, les filles sont au moins une fois dans leur vie omnubilées par soit : 1°) les chiffres de la balance 2°) la courbe de leur taille, l'épaisseur de leur bras, de leur jambes, de leurs cuisses, de leurs fesses, de leurs joues, de leurs hanches, de leur nez, de leur gorge, de leurs avant-bras, de leurs chevilles aussi, hmmh ?...) (et dire que dans 50 ans, ce sera non seulement le poids, mais aussi les rides)
Je disais donc (je vais reprendre la phrase depuis le début, sans les parenthèses, histoires qu'on comprenne quelque chose :  J'aurai montré que malgré la chance que j'ai, je parviens quand même à être un minimum parano sur mon poids, à être une VRAIE fille, dans le plus pur cliché, alors que j'avais réussi à échapper à cette parano depuis des années ; mais que voulez-vous, il faut bien un jour pour commencer.
(si vous réussissez à comprendre avec toutes ces parenthèses, c'est que soit : 1°) Vous êtes une vraie fille, suffisamment folle pour aller au bout d'un article sur le poids 2°) Vous êtes une vraie fille, mais pour un garçon c'est un peu embêtant)

En fait, se priver de temps en temps ne fait pas de mal, et on s'aperçoit bien souvent qu'en fait, tout ce que l'on mangeait auparavant, persuadé d'avoir encore faim, n'était que surplus, dû à une impression de frustration, de "pas-assez", de "j'en-veux-encore-même-si-j'ai-plus-faim-car-je-suis-persuadée-que-j'ai-encore-faim", de "je-suis-gourmande-j'en-veux-ENCORE-pour-mes-papilles". Donc, oui, je découvre que je peux manger moins, et m'en sentir d'autant mieux, disons, tout simplement, sans aller dans l'analyse psychologique, et m'en sentir moins lourde après un repas! Formidable, mmh?
Et, si je vais justement dans le sens de cette analyse psychologique, je m'en sens aussi mieux, car je m'aperçois que ce petit mollet qui se faisait un peu rond, reprend sa finesse initiale, et ça, ça fait du bien au moral. :) On s'en sent toute plus jolie dans la rue, toute contente d'avoir de (plutôt) jolies jambes (je répète, bon sang, je ne m'envoie pas de fleurs, je parle selon mon propre avis, mais étends cela à une généralité), au lieu de lourds attributs que l'on traîne derrière soi comme des boulets, se maudissant tout bas d'avroi engouffré ces quatorze tablettes de chocolat au nougat caramélisé avec des pépites de cacao et de noix de pécan, fourré à la praline et truffé au caco, le tout décoré d'entrelats de miel et de nutella au chocolat blanc. Mmmmm....

Cela dit, déguster, comme je le disais plus haut, un rocher au chocolat de chez Foucher, est uen activité somme toute très euphorisante, et très enthousiasmante gustativement parlant.

Ahem.

Tant pis pour mes jambes.